LES GRAINES DU FIGUIER SAUVAGE
Les Graines du Figuier Sauvage de Mohammad Rasoulof explore avec intensité les tensions politiques et générationnelles au sein d'une famille iranienne, reflétant les conflits plus larges du pays. À travers le récit d'une mère déchirée entre son endoctrinement par le régime et l'esprit de rébellion de ses filles, le film met en lumière la nécessité de l'unité féminine et du changement pour le renouveau de l'Iran, tout en dénonçant les violences et les contradictions du système autoritaire.
Beetlejuice Beetlejuice
Sous ses airs de résurrection désespérée, ce retour d’un réalisateur en pleine crise existentielle parvient à surprendre. Fan-service à outrance, clins d’œil éhontés et chaos scénaristique : le tout est mené par un esprit facétieux qui, contre toute attente, n’a rien perdu de sa mordante créativité. Mais attention, entre fulgurances baroques et sous-intrigues oubliées, il faut accepter que tout ne tienne qu'à un fil... souvent débraillé.
Langue étrangère
Dans Langue étrangère, Claire Burger transcende la simple chronique adolescente pour offrir une réflexion profonde sur l'altérité et le dialogue interculturel, incarnée par la relation complexe entre Fanny et Lena. À travers une exploration subtile des incompréhensions et des non-dits, le film devient une métaphore du couple franco-allemand. Chaque échange, marqué par l'ambiguïté et le non-dit, symbolise à la fois la difficulté de traduire l'intangible et la quête incessante de compréhension mutuelle, tant sur le plan personnel que politique.
LE PROCES DU CHIEN
Le Procès du Chien, premier long-métrage de Laetitia Dosch, est une comédie politique audacieuse qui explore la justice et la relation entre humains et animaux à travers le procès d'un chien accusé d'avoir défiguré une victime. Porté par des performances notables et une réflexion sur les dynamiques de pouvoir et les rôles de genre, le film interroge sur l'éthique, la place des femmes dans la société, et les motivations humaines. Avec humour et intelligence, Dosch réussit à transformer un scénario improbable en une œuvre réfléchie et engagée.
Kill
Kill marque par sa durée plus courte que les standards du cinéma d’action indien, avec 105 minutes concentrées sur une intrigue résolument tournée vers l’action, sans les numéros musicaux habituels. Le film se distingue par ses scènes de combat brutales, chorégraphiées avec un réalisme frappant, rappelant les styles coréens et indonésiens. Cependant, malgré une mise en scène inventive et spectaculaire, certaines faiblesses se font sentir, notamment dans la représentation des personnages féminins et la finesse sociale.
MEGALOPOLIS
Après deux décennies de développement, Megalopolis de Francis Ford Coppola sort enfin, mais le résultat est déconcertant. Situé dans une Amérique fictive, le film explore des conflits politiques et sociaux à travers une esthétique excentrique et confuse. Malgré des ambitions élevées, l’absence de cohérence et un montage chaotique affaiblissent le film, rendant ce projet passionné mais mal exécuté de Coppola difficile à suivre.
L'HISTOIRE DE SOULEYMANE
Dans L'Histoire de Souleymane, Boris Lojkine met en lumière la précarité des livreurs sans papiers dans un monde où leur labeur est souvent ignoré, rappelant la nécessité de traiter ces travailleurs avec respect et dignité. À travers le parcours de Souleymane, le film révèle la brutalité d'un système capitaliste impitoyable qui exploite ces individus vulnérables.
MISÉRICORDE
Dans Miséricorde, Alain Guiraudie explore à nouveau les thèmes du désir et de la mort dans un cadre rural familier. En mêlant thriller paranoïaque et tension érotique, le film déconstruit les conventions cinématographiques pour révéler un monde où la routine est bouleversée par des pulsions contradictoires, créant un récit à la fois troublant et captivant.
ANGELO DANS LA FORÊT MYSTÉRIEUSE
Angelo dans la forêt mystérieuse de Vincent Paronnaud et Alexis Ducord est un film d’animation qui célèbre l’imagination et aborde des sujets contemporains avec sensibilité. Utilisant divers styles d'animation, le film suit Angelo, un enfant à l’imagination débordante, qui se perd dans une forêt peuplée de personnages singuliers. À travers ces rencontres, le film traite des thèmes tels que la transidentité, le réchauffement climatique, et le pouvoir politique, tout en restant accessible et divertissant pour les jeunes spectateurs.
MONSIEUR AZNAVOUR
Monsieur Aznavour est un biopic qui rate sa cible, enchaînant clichés et maladresses scénaristiques sans jamais saisir l'essence du grand artiste qu'il prétend honorer. Le film s'enlise dans une répétition monotone de scènes musicales sans âme, manquant cruellement de vision et d'émotion. Entre effets numériques maladroits et personnages secondaires négligés, cette œuvre aseptisée échoue à capturer l'authenticité d'Aznavour, laissant une impression de superficialité déconcertante.
LA NUIT SE TRAINE
Lors d’un entretien mené par Louan Nivesse, le réalisateur et l’acteur principal se confient sur leur désir d’ancrer cette “belle histoire” dans un climat politique tendu, marqué par la division et l’intolérance, tout en gardant leur passion pour le cinéma de divertissement et d’action.
BLINK TWICE
Dans Blink Twice, réalisé par Zoe Kravitz, l’île paradisiaque de Slater King (Channing Tatum) devient un terrain de jeu pour la manipulation et la domination masculine. Le film suit Frida (Naomi Ackie), une serveuse pauvre qui découvre que derrière le luxe et le charme de l'île se cache une réalité sombre. Slater et les autres hommes de l'île symbolisent une culture toxique de rédemption superficielle, cherchant à effacer leurs abus passés sans réelle introspection. Le film critique le pouvoir masculin et la façon dont la société pardonne et oublie trop facilement. Kravitz livre un thriller psychologique incisif, explorant les dynamiques de contrôle dans les relations hommes-femmes avec un mélange de satire mordante et de comédie de situation.
SEPTEMBRE SANS ATTENDRE
Septembre sans Attendre, le nouveau film de Jonas Trueba, explore la séparation d’un couple en répétant une même scène, où Ale et Alex annoncent leur fête de « démariage ». Cette approche met en lumière les nuances de leur relation et le pouvoir révélateur du cinéma, rendant hommage à des cinéastes comme Bergman tout en réinventant le genre de la comédie de remariage.
TATAMI
Tatami explore un espace clos, celui du tatami de judo, comme une métaphore puissante des contraintes imposées aux femmes en Iran. Ce film, réalisé par Zar Amir-Ebrahimi et Guy Nattiv, utilise une esthétique en noir et blanc pour accentuer la tension de chaque combat, transformant le sport en une allégorie de la lutte pour la liberté. À travers le parcours de Leila, une judoka qui résiste aux pressions du régime, le film illustre la réalité oppressante à laquelle sont confrontées les femmes iraniennes, tout en posant la question universelle de la quête de la liberté.
à son image
Dans À son image, Thierry De Peretti nous plonge à nouveau en Corse pour explorer la vie d'Antonia, une jeune photographe passionnée dont le destin tragique nous entraîne dans un long flashback révélant ses luttes personnelles et professionnelles. Le film, tout en restant discret dans sa mise en scène, utilise la voix-off pour enrichir la narration et nous confronter aux tensions idéologiques corses, mêlant idéal de journalisme et réalité brutale. La beauté mélancolique du récit est accentuée par un éclairage éclatant, soulignant la complexité et la tristesse de la quête de sens d'Antonia.
Le fait que Beetlejuice Beetlejuice voit le jour après une décennie de longs-métrages prosaïques – le dernier traversé par un minimum d’espièglerie remonte à 2012, date du remake Frankenweenie –
Langue étrangère de Claire Burger transcende les conventions du film d'apprentissage ou de la chronique adolescente pour devenir une métaphore subtile du couple franco-allemand. C'est une œuvre où malentendus et
Si l’on devait résumer Monsieur Aznavour en une phrase, ce serait probablement : "un biopic raté qui s’auto-saborde avec une ambition mal placée et une paresse scénaristique exaspérante." Non seulement
L'I.A. du mal tente de s'inscrire dans la longue tradition des œuvres où l'intelligence artificielle, créée pour nous faciliter la vie, se retourne contre ses créateurs. À l'image de HAL
Présenté lors de l'ouverture de l'Étrange Festival, Kill se distingue d'emblée par sa durée, nettement inférieure à la barre des deux heures. L'histoire commence avec un mariage arrangé entre Tulika
Regard vers le passé...
[RETOUR SUR..] The Crazy Family – Explosion du cocon familial
Le cinéma de Sogo Ishii est un habitué des festivals. En 2022, son œuvre Electric Dragon 80.000 V a été présentée au PIFFF, et cette année, deux de ses créations sont visibles au Forum des Images : son nouveau long-métrage
[RETOUR SUR..] L’Obsédé – Papillons encagés
William Wyler préférait les études de personnages aux simples péripéties. Ses protagonistes dissimulent souvent une tristesse enfouie, se protégeant socialement pour éviter de se retrouver dominés. L’Obsédé est l’adaptation du roman de John Fowles The Collector (Le Collectionneur), dont il
[RETOUR SUR..] The Crow (1994) – À la vie, à la mort !
The Crow s’apparente à un cauchemar gothique, une fresque sombre et éclatante de Détroit, évoquant les paysages urbains désolés de Batman ou Blade Runner. Dès les premières images, il devient évident que, malgré quelques failles possibles, celles-ci ne se trouveront
[RETOUR SUR..] Arizona Dream – Kusturica contre les États-Unis
Depuis les prémices du septième art, Hollywood a exercé une attraction irrésistible sur les réalisateurs du monde entier. Des figures emblématiques comme Sjöström et Lubitsch ont choisi d’y ancrer une partie de leur carrière, attirés par deux atouts majeurs. D’une
[RETOUR SUR..] Zabriskie Point – Liberté et mythologie américaine
Parmi les cinéastes italiens qui ont su imprégner de leur modernité l’Amérique des années 1970, au cœur du Nouvel Hollywood, Michelangelo Antonioni se distingue avec éclat.
Célèbre pour son triptyque explorant l’impossibilité de communiquer à travers L’Avventura, La Notte et L’Éclipse, ainsi que pour son film emblématique Blow-Up, Michelangelo Antonioni s’impose comme une figure majeure du cinéma. Dans Blow-Up, il met en scène le parcours d’un homme en rejet total d’une certaine réalité, interrogeant le regard et les certitudes du spectateur à partir d’une simple photographie étudiée par le personnage. Son influence sur le cinéma des années 70, tant américain qu’italien, est indéniable, inspirant des œuvres telles que Conversation secrète de Francis Ford Coppola, Profondo Rosso de Dario Argento et Blow Out de Brian De Palma. En 1970, Antonioni sort son premier film coproduit par les Américains, Zabriskie Point.
[RETOUR SUR..] I Am Not Your Negro – Le temps passé ne peut justifier l’inaction
Apprenez à aimer ce que l’extrême droite désigne comme votre ennemi. La véritable insécurité réside dans les politiques qui cherchent à diviser les hommes, à semer la peur avec des menaces éloignées de notre quotidien et à désigner des boucs émissaires sans fondement. Faites le bon choix. Comme vos grands-parents ont su le faire, comme vos oncles ont su le faire, comme vos parents ont su le faire, et comme beaucoup de gens s’apprêtent à le faire aujourd’hui : faisons barrage à l’extrême droite.
[RETOUR SUR..] Detroit – Dépendance à la violence
Detroit, 1967. Une ville du Michigan marquée par de profondes tensions raciales, exacerbées par la ségrégation et la guerre du Vietnam. Les émeutes se multiplient, reflétant la colère et le désespoir de la communauté afro-américaine. C’est dans ce contexte que
[RETOUR SUR..] Smooth Talk – Loup y-es tu ?
Le cinéma est un art impitoyable, tant pour ceux qui le font que pour ceux qui le regardent. C’est un domaine et une industrie en perpétuel mouvement, sources à la fois d’innovations et de frustrations artistiques et technologiques. Un(e) cinéphile
[RETOUR SUR..] Electric Dreams – iAmoureux
Le générique d’ouverture est un début animé et léger d’un film qui demeure avant tout fidèle à ces deux qualificatifs éponymes (La Belle et l’Ordinateur, en VF), bien qu’un troisième mérite également mention : la célérité. Mais abordons cette question
[RETOUR SUR..] Un Vampire à Brooklyn – Wes cramé
Il semble que les cinéastes aient égaré l’art de concevoir un film vampirique empreint de terreur. Le dernier à hanter les écrans fut probablement A Girl Walks Home Alone at Night, il y a de cela près de neuf ans.
...Direction le futur : les festivals.
[CQL’EN BREF] Anzu, chat-fantôme (Yoko Kuno & Nobuhiro Yamashita)
Avec Anzu, chat-fantôme, le duo Yoko Kuno et Nobuhiro Yamashita inscrit leur film dans un hommage au studio Ghibli, et notamment aux œuvres de Hayao Miyazaki. On y suit Karin, 11 ans, abandonnée par son père chez son grand-père, le
[CRITIQUE] Les Pistolets en plastique – Perdu comme Xavier
Découvrir la troupe des Chiens de Navarre, c’est s’immerger dans un théâtre politisé, empreint d’un humour noir et tranchant. Lorsque Oranges sanguines est sorti en salles, il a suscité un véritable engouement avec son humour acerbe et provocateur, d’une acidité
[CRITIQUE] La Plus Précieuse des Marchandises – Conte macabre sur l’horreur humaine
Michel Hazanavicius ne s’aventure pas pour la première fois dans les méandres du film de guerre dramatique. En effet, il avait déjà scénarisé Passé sous silence, un documentaire télévisé sur le Rwanda, et en tant que scénariste-réalisateur de son long
[CRITIQUE] L’Amour Ouf – Avoir du Cœur
Il y avait tous les arguments pour être confiants, ou alors anxieux, quant au nouveau projet de Gilles Lellouche, après Narco et Le Grand Bain : L’Amour Ouf. Entre un budget de 35 millions d’euros, un casting XXXL regroupant les
[CRITIQUE] Le Roman de Jim – Escalade d’émotions
Quand on pense aux frères Larrieu (Arnaud et Jean-Marie Larrieu), on se remémore souvent Tralala, une comédie musicale marquée par une douleur auditive incessante. Quelle surprise donc de découvrir leur dernier film, Le Roman de Jim, un objet de cinéma
[CQL’EN BREF] Motel Destino (Karim Aïnouz)
Avec Motel Destino, Karim Aïnouz fait son grand retour après Le Jeu de la Reine, en nous offrant un film ancré dans sa terre natale, le Brésil. On y suit Heraldo, traqué par une puissante famille mafieuse brésilienne à laquelle
[CQL’EN BREF] Animale (Emma Benestan)
Depuis quelques années, le désir d’un renouveau du septième art est palpable, notamment avec l’essor de films comme Grave de Julia Ducournau. Les propositions fantastiques, particulièrement dans le cinéma de genre français, envahissent nos écrans. C’est dans ce contexte que
[CRITIQUE] Parthenope – Le retour du Voyage
Le retour tant attendu de Paolo Sorrentino se fait enfin sentir, lui qui nous a récemment gratifiés de Silvio et les autres et La Main de Dieu pour Netflix. Sorrentino n’est pas seulement un conteur de fables et de périples;
[CRITIQUE] Marcello Mio – Jouer pour jouer
Chiara Mastroianni et Benjamin Biolay avaient déjà tourné ensemble dans Chambre 212, incarnant un couple fracturé par le temps. S’ils se retrouvent dans Marcello Mio, ce n’est plus la rupture sentimentale qui intéresse Christophe Honoré. L’actrice incarne une idée de
[CRITIQUE] Les Linceuls – Parler pour ne plus savoir quoi dire
Il y avait de quoi être curieux avec Les Linceuls de David Cronenberg, œuvre personnelle d’un auteur endeuillé depuis la mort de sa femme, à qui il destine ce long-métrage. Vincent Cassel, vêtu de noir, de lunettes de soleil et