Ali Abbasi revient quelques années après The Border et Les Nuits de Maashad avec un film américain intitulé The Apprentice, qui explore les débuts de Donald Trump, notamment à travers la figure de son avocat Roy, interprété par Jeremy Strong, et la construction de la fameuse Trump Tower.
Dès les premières minutes, il devient évident qu’Ali Abbasi n’a plus grand-chose à nous offrir. La première partie du film, consacrée à illustrer la transformation de Trump en ce qu’il est aujourd’hui, s’étire indéfiniment et occupe une bonne moitié du film. Les scènes de soirées, filmées en pellicule avec un effet VHS, rappellent l’ambiance poisseuse de Les Nuits de Maashad, mais ces choix stylistiques finissent par devenir répétitifs et lassants. Le montage en multiples caméras façon telenovela, bien qu’utile pour certaines séquences médiatiques, devient rapidement barbant, surtout dans des discussions privées où l’on souhaiterait une mise en scène plus posée. L’ironie de l’écriture se transforme en un interminable “rise and rise and rise” sans fall, transformant ce qui devrait être une caricature acide de Trump en une mise en valeur maladroite du personnage politique. Le film manque de profondeur narrative, et la lenteur de l’exposition laisse le spectateur sur sa faim, rendant l’ensemble décevant. Abbasi semble peiner à retrouver la magie et l’originalité de ses œuvres précédentes, et malgré ses ambitions, ne parvient pas à captiver pleinement. Les scènes s’enchaînent sans véritable tension, et l’intérêt décroît au fil des minutes. L’exploration des débuts de Trump manque de mordant et de pertinence, alors qu’une dynamique “Dr. Frankenstein et sa création” aurait pu offrir une perspective plus intrigante.
Toutefois, on peut accorder à Ali Abbasi la remarquable performance de Sébastian Stan. Par ses mimiques, sa manière de parler, notamment avec sa bouche en cul-de-poule et ses répétitions verbales, il capture l’essence de Donald Trump avec une maîtrise impressionnante. Stan transcende le personnage de Trump, tout comme Jeremy Strong incarne Roy Cohn. Lorsque ce dernier parle de sa maladie à la télévision, malgré son affaiblissement, on ressent presque de la sympathie pour lui. Pourtant, il n’est guère meilleur que Trump, le “monstre” qu’il a aidé à créer, bien qu’il ait cru en leur amitié. Heureusement, il peut compter sur son casting pour élever ce film. Hormis le plan final, où l’on voit à travers les yeux de Trump ce que représente sa ville de New York, le drapeau américain, l’hélicoptère, et ce que le monde deviendra après sa prise de pouvoir, le reste du film demeure assez futile. Il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, et on retiendra peu de ce film, à part ce côté “Frankenstein” plutôt bien trouvé et original, ainsi que quelques moments marquants où les interactions entre Roy et Donald ressortent vraiment touchantes, voire malsaines. Au final, mieux vaut refaire sa mèche que de se plonger dans ce film.
The Apprentice de Ali Abbasi, 2h00, avec Jeremy Strong, Iona Rose MacKay, Sebastian Stan – Prochainement au cinéma