Vincent Pelisse

[CQL’EN BREF] Comme un lundi (Ryo Takebayashi)

Passer après de nombreux films de boucle temporelle, et notamment les rafraîchissantes itérations en plan séquence de Junta Yamaguchi ces dernières années (Beyond the Infinite Two Minutes, En Boucle), n’est pas chose aisée. C’est pourtant le défi du premier long-métrage de Ryo Takebayashi, qui ne nous emmène pas dans une boucle d’une journée, quelques heures ou quelques minutes, mais d’une semaine entière, dans le petit open space d’une agence de publicité. On suit alors le parcours de Yoshikawa, une jeune femme ambitieuse, qui se réveille lundi matin avachie sur son bureau (il est bien vu au Japon qu’un employé dorme sur son lieu de travail), et qui passera une semaine intense à jongler entre les tâches difficiles et les deadlines imposées, tout en postulant pour une plus grosse entreprise concurrente. Elle ressent un étrange sentiment de déjà-vu, mais la jeune employée semble tellement exténuée qu’elle n’y prête pas attention tout

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Enzo Durand

[CQL’EN BREF] Bushman (David Schickele)

Gabriel, jeune homme afro-américain, marche le long d’une route. Il est le « Bushman » du titre, l’homme des brousses, ayant fuit la guerre civile au Nigéria pour le soleil californien. Il marche, encore et encore, d’une situation à l’autre, sans que l’on ne sache jamais si celle-ci est scénarisée, improvisée, documentaire ou fictionnelle. Son voyage à travers les paysages états-uniens, souvent abandonnés, déserts ou détruits, révèlent le climat ambiant du pays. Les violences raciales de la fin des années 1960 embrassent les décors tandis que les assassinats politiques, notamment celui de Martin Luther King, renforcent le contexte anxiogène de la traversée du protagoniste. Une tension qui s’accentue jusqu’à la grande séquence du film : un moment où le rôle de Gabriel, et son interprète, Paul Eyam Nzie Okpokam, fusionnent le temps de quelques minutes. Le réalisateur, David Schickele, brise le quatrième mur et parle face caméra pour dénoncer le traitement injuste dont

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JACK

[CQL’EN BREF] Rebel Moon : Partie 2 – L’Entailleuse (Zack Snyder)

Plagiat, hommage, contrefaçon, référence… Entre ces mots, un flou qui arrange bien Rebel Moon. À la base, il s’agissait d’adapter Les Sept Samouraïs à la sauce Star Wars. Zack Snyder n’y est parvenu qu’à moitié, puisque sans l’aval de Lucasfilm officiellement. Ce n’est pas faute d’avoir fait du pied à ses dirigeants. Il n’est donc fait nulle mention d’un Empire galactique, de Jedi ou de sabres laser dans cette histoire de paysans rackettés par des vilains de l’espace, mais cette dernière réunit quand même un système totalitaire terrorisant l’univers, des super-guerriers venus de planètes (très) lointaines et des épées lumineuses. Le metteur en scène pensait visiblement pouvoir dompter ces accointances avec sa réalisation bourrine, dopée aux ralentis et autres effets de style, mais les spectres de Blade Runner, Conan le Barbare, Mad Max, Warhammer et La Guerre des étoiles, donc, sont tenaces. La chose est un petit peu moins embarrassante

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Vincent Pelisse

[CQL’EN BREF] Monkey Man (Dev Patel)

Le cinéma d’action américain est malheureusement monopolisé et sclérosé par la saga John Wick, et au vu des premières images, on pouvait légitimement se demander si Monkey Man allait être une énième copie. Dev Patel, qui signe ici sa première réalisation, embrasse totalement ces attentes. Dès le début il nous signifie qu’il souhaite s’en démarquer, à travers une courte scène chez un vendeur d’armes où l’on demande au protagoniste s’il souhaite acheter les mêmes flingues que ceux du célèbre tueur à gages incarné par Keanu Reeves. Il choisit plutôt un colt 45, plus classique et brut de décoffrage que ces pistolets modernes. La note d’intention de l’acteur-cinéaste est claire, et l’on est tout de suite embarqués dans la vengeance de Kid, un homme mystérieux traumatisé par la mort de sa mère quand il était petit, gagnant sa vie dans des combats clandestins où il porte un masque de gorille. Inspiré

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Louan Nivesse

[CQL’EN BREF] Le Salaire de la peur (Julien Leclerq)

Le roman de Georges Arnaud, Le Salaire de la peur, a été adapté au cinéma à deux reprises : d’abord par Henri-Georges Clouzot en 1953, puis par William Friedkin avec Sorcerer en 1977. Malgré ces précédents succès, l’espoir d’une réussite pour la dernière tentative de Julien Leclerq s’avérait mince, étant donné la sensation de déjà-vu qui l’entourait. Malheureusement, cette fois-ci, l’expérience s’avère être un naufrage. Leclerq transpose l’action du roman de l’Amérique latine vers un pays du Moyen-Orient en proie à des troubles politiques, créant ainsi un contexte qui aurait pu offrir une lueur d’originalité. Cependant, même cette tentative de renouveau échoue lamentablement. Fred (Franck Gastambide) et son frère Alex (Alban Lenoir), ce dernier étant un expert en démolition, se retrouvent mêlés à un coup d’État récent et envisagent de fuir le pays. Par un tour du destin, Alex se retrouve derrière les barreaux alors que c’était Fred qui avait

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Louan Nivesse

[CQL’EN BREF] Et plus si affinités (Olivier Ducray & Wilfried Méance)

Adaptation de Sentimental, un film espagnol réalisé par Cesc Gay, Et plus si affinités n’a pas grand-chose d’attrayant sur le papier. Cette comédie française au scénario de quiproquos basiques enferme des archétypes dans une pièce où les punchlines s’enchaînent pour tenter de faire rire le spectateur. Le couple formé par Isabelle Carré et Bernard Campan – qui se retrouvent après La Dégustation – incarne des cinquantenaires tristes dans leur relation, confrontés à leurs voisins du dessus, interprétés par le couple de jeunes adultes Julia Faure et Pablo Pauly, emplis d’amour et de liberté sexuelle. Ces deux générations et ces deux modes de vie vont se confronter le temps d’une soirée autour d’un gigot, remettant en question la routine et le mal-être des adultes plus âgés. Tout comme l’habitat où se déroule l’action, cette pièce de théâtre filmée semble confinée et étouffante. Dès les premières minutes, il est évident que la

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