[CRITIQUE] En eaux (très) troubles – Sous la flotte, le néant

Au cœur des mystérieux méandres océaniques, un objet visqueux avait surgi avec En eaux troubles, où Jason Statham, avec son crâne chauve et son harpon, se mesurait – ou plutôt se confrontait – au redoutable Mégalodon. Une déferlante de bêtises régressives qui, semble-t-il, a réussi à persuader les décideurs en costards-cravates de chez Warner Bros. de produire une suite. Jon Turteltaub, qui avait réussi par moments à établir un équilibre entre audace et féérie envoûtante, cède désormais sa place. Hélas, telle une ombre s’étendant implacablement, En eaux très troubles, sous la houlette de l’énigmatique Ben Wheatley, engloutit toute parcelle de plaisir dans les abysses de la déception.

L’ÉCOLOGIE SELON MACRON

Quelle désillusion de constater que les tourbillons tumultueux de ce second volet ont cédé la place à un naufrage narratif, où l’antagoniste central n’est plus le Mégalodon mais l’humain lui-même. Loin d’incarner une allégorie subtile, Wheatley tente maladroitement d’insuffler un discours écologique, dévoilant ainsi son désir de dénoncer l’avidité humaine. Cependant, l’ironie cruelle réside dans le fait que ces défenseurs de la nature, censés être les champions d’un avenir durable, se plongent sans scrupules dans un réservoir d’essence enflammé. Ironie ou incohérence, la frontière s’amenuise dans un scénario qui trahit ses propres fondements. La faune préhistorique se trouve reléguée au second plan, tandis que des humains caricaturaux prennent la scène. L’ambition narrative de cette suite, aussi futile qu’une vaguelette, se noie dans un marasme d’incohérences et de stéréotypes. En voulant souligner la fragilité de l’écosystème marin, le film perd de vue sa propre identité et sombre dans l’indécision.

En eaux très troubles s’éloigne des prémisses frétillantes du premier volet, noyant les Mégalodons dans l’insignifiance. Pire encore, un Mégalodon se profile comme un allié improbable, créant une ombre de déjà-vu avec l’étrange domestication des raptors dans Jurassic World ou encore l’amitié plus juste entre les tulkuns et les na’vis dans Avatar : La Voie de l’eau. Ces antagonistes humains, caricatures prévisibles et abruties de l’appât du gain, semblent avoir été arrachés à une sitcom médiocre. Wheatley, navigateur aveugle, échoue à explorer les eaux obscures de l’horreur, laissant les frissons se dissoudre en un simulacre d’intrigue.

© Warner Bros
LES DENTS DE LA MERDE

Ben Wheatley, ce timonier égaré, semble avoir perdu toute boussole créative, laissant le navire de l’histoire dériver sans direction ni objectif clair. La rencontre avec l’insignifiance devient inévitable lorsque le scénario nous entraîne dans une aventure dépourvue de cohérence et de sens.

La mise en scène, qui aurait pu être une bouée de sauvetage, se révèle être un mirage trompeur. Les rares moments de flair créatif, tels que la caméra plongeant dans la gueule béante d’un Mégalodon, sont noyés dans une médiocrité visuelle, similaire à celle d’Ant-Man et la Guêpe : Quantumania et The Flash. Les idées qui auraient pu susciter des frissons, comme un plongeur en apnée qui saigne du nez, s’avèrent être des bulles d’air insignifiantes. La magie du cinéma, capable de transporter les spectateurs dans des mondes captivants, se dissipe comme une brume matinale, laissant derrière elle une sensation de vide et de perplexité. L’aspect plus “pratique” de l’intrigue n’est pas moins énigmatique. Les protagonistes, avec une aisance presque miraculeuse, actionnent les leviers, boutons et interrupteurs d’une base sous-marine inconnue sans une once d’hésitation. Cette facilité dans un environnement hautement complexe évoque moins une aventure palpitante qu’un tour de passe-passe mal orchestré. La narration, jonchée de facilités narratives et de raccourcis improbables, atteint un niveau de prévisibilité qui frôle le ridicule.

© Warner Bros

Après de longues minutes, nous parvenons enfin à la lueur d’espoir de la bande-annonce : la dévastation spectaculaire de “Fun Island,” une séquence où les Mégalodons et autres créatures préhistoriques ravagent un paradis touristique. Pourtant, cette étincelle d’excitation s’avère être une lueur fugace. Même le charisme persistant de Jason Statham, armé d’explosifs fabriqués en un clin d’œil, ne peut pas sauver le film de la noyade imminente.

En eaux très troubles s’avère être une déception, voire même un véritable navet. Sous la houlette de Ben Wheatley, le film sombre dans la médiocrité et échoue à tenir les promesses qui lui étaient faites au départ. La trajectoire du réalisateur semble perdre en vigueur face à ce naufrage cinématographique. Les éclats glorieux du passé s’effacent progressivement, laissant une amertume tenace dans nos cœurs. Revenons à nos racines, remémorons-nous avec enthousiasme Kill List, High-Rise et Free Fire, et reléguons cet échec où Jason Tatane le requin au second plan.

En eaux très troubles de Ben Wheatley, 1h56, avec Jason Statham, Jing Wu, Cliff Curtis – Au cinéma le 2 août 2023

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Un commentaire

  1. Stéphane walkowiak Reply

    Hello Quand vous verrez un adolescent de nos jours au moins soulever un carton de carrelage sans ce casser quelques choses souffler ou dire non… laissé nous regarder un film de plus avec un requin préhistorique… la critre sans intérêt ne sert à rien personne n’est forcé à le regarder comme peut être porter le carton ! Cordialement Stephan.

  2. Vernon Hannan Reply

    C’est un film de divertissement en aucun cas il ne rappelle jurassic Park qui est une tentative de domestication qui échoue ni Avatar. Louan qui veut parler pour parler est a côté de la plaque et se lance dans j tendance a tout casser pour gonfler sin ego. Ce film rappelle ce les dents de la mer et Jason joue bien. On voit le succès du film parmi les jeunes et in sait notre appétit pour les gros monstres depuis Godzila et King Kong . Les medias n’ont jamais autant parlé du Megalodon. Le jeune journaliste pense que c’est de la merde peut être que tous les films de King Kong sont de la merde pour lui aussi.

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