[CRITIQUE] Ant-Man et la Guêpe : Quantumania – Le jour où Marvel s’arrêtera

Il n’est pas opportun de détailler un synopsis semblable aux dix derniers films d’un même studio, mais il est utile de se demander pourquoi ne pas aller voir Ant-Man et la Guêpe : Quantumania ? Peyton Reed a réalisé des comédies romantiques et les deux premiers épisodes de la franchise, privilégiant une approche tantôt réelle tantôt fantastique de ses récits. Ce film s’inscrit dans la continuité de suites telles celles de Thor : explorer un monde particulier ouvrant à une nouvelle culture, de nouveaux personnages. L’idée est bonne. Cependant, cela est prétexte à livrer un énième volet, jamais pensé et conçu comme une création propre.

Iron Man (2008), Avengers (2012) sont des films de la première phase du MCU (Marvel Cinematic Universe), qui continuait d’éclore. Pourtant, malgré l’éventualité que les origin story deviennent récurrentes et systématiques, chaque film conservait distinctement une identité. Il n’y a ici pas une scène qui n’a pas été déjà faite précédemment par le studio, et en mieux. Le plus affolant demeure le dégueulis visuel d’effets spéciaux ratés, mais également mal intégrés aux scènes d’action. Il pourrait y avoir un soupçon d’émotion, une construction de personnages en vue de resserrer les liens familiaux. Il n’en est rien. Le florilège d’écrans verts achève le tableau d’un produit bien fade et insipide, dénué de toute âme. Certes, le film se destine à un public familial, mais n’aurions nous pas perdu conscience de ce qui peut lui plaire ?

© The Walt Disney Company France

À trop répéter les mêmes blagues et cumuler les personnages secondaires en gimmicks, Peyton Reed ne développe rien, il ne s’essaye même pas à sortir du numérique pour poser un pied dans la réalité. L’humanité se définit par son rapport à l’autre, sa terre natale, et cherche à se comprendre. Pourtant, un super-héros ne se préoccupe que peu du sort des habitants de l’univers subatomique, si ce n’est qu’au moment de la conclusion du film. Cette boutade reflète plutôt bien la bêtise des productions en masse du studio, n’essayant pas du tout de donner de l’ampleur à des enjeux existants.

Le divertissement familial n’est jamais aussi efficace que lorsqu’il donne envie de s’intéresser à d’autres films, d’autant plus lorsqu’il s’inscrit au sein d’une saga de longue date. Si les dialogues sont particulièrement mal écrits, les rapprochements aux autres films de la saga cantonnés à la simple mention habituelle des Avengers sont également décevants. Outre cela, l’entièreté du long-métrage est cadrée et montée affreusement, à la manière d’un piètre téléfilm à petit budget. Dès lors, il n’y a pas d’excuse pour un tel objet cinématographique gagnant son pain sans tenter quoi que ce soit, aux personnages sous-exploités et antagonistes ridicules. Le design des costumes, armures, gadgets ne permet pas non plus de rendre l’ensemble plus crédible, s’inclinant devant ceux des Spy Kids de Robert Rodriguez. C’est dire si l’étendue de la catastrophe est raisonnable.  

Il ne faut définitivement pas soutenir cette superproduction, plutôt équivalente à la nullité du Thor : Love and Thunder sorti récemment. Pour conserver un peu de votre santé optique, on vous recommandera d’aller revoir Avatar : La Voie de l’eau.

C’est plus long, écrit, réalisé, cadré, touchant.

Oh c’est fort ça, du cinéma !?

Ant-Man et la Guêpe : Quantumania de Peyton Reed, 2h01, avec Paul Rudd, Evangeline Lilly, Michael Douglas – Au cinéma le 15 février 2023.

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