[RETOUR SUR] 30 Jours de Nuit – Pur-sang du néogothique

30 Days of Night, en version originale, est un film de vampires sorti en 2008. Le pitch est simple, et terriblement intéressant : l’histoire d’une ville du nord de l’Alaska qui chaque année tombe dans la nuit pendant une trentaine de jours. Les habitants désertent la région pendant quelques jours ce qui isole les restants. Bien évidemment un petit problème va se poser pour ceux qui sont restés sur place : une légion de vampires affamés, profitant de cette longue nuit pour se nourrir d’humains. Une idée de départ captivante qui donne immédiatement envie de plonger au cœur de ce chaos glacé. Avec 30 jours de nuit2007 le réalisateur David Slade (que vous connaissez peut être pour Twilight – Chapitre 3 : hésitation2010 et Black Mirror : Bandersnatch2018) adapte un comics du même nom, par Steve Niles et Ben Templesmith. Le vampire est une créature présente dans tous les médias possibles, de la musique à la peinture en passant par les bandes dessinées, le cinéma ou les jeux vidéo. Dans notre cas du jour l’adaptation d’un comics est particulièrement intéressante, car elle permet de mettre en lumière certaines différences et similarités entre les deux médiums.

Esthétiquement le film de Slade se rapproche du comics qu’il adapte. Bien évidemment le dessin abstrait, parfois flou, qui créer toute l’ambiance de l’œuvre originale laisse place à des plans précis et organisés. Pourtant ce léger changement à du bon puisqu’il permet de créer des scènes de tensions bien plus tangibles pour un écran de cinéma. Le réalisateur garde tout de même les couleurs de l’œuvre, froide au point même de parfois laisser penser à du noir et blanc. Cette esthétique permet donc de faire ressortir les quelques rares moment de lumière, ou de feu, qui sont primordiaux dans la narration de 30 jours de nuit2007.

Et c’est justement sur l’aspect narratif que l’adaptation est bien plus faible. Une fois que l’introduction, parfaite car elle explique rapidement les enjeux et le contexte, le scénario s’embourbe dans une routine ennuyante. Mais surtout la grande idée de l’œuvre, une nuit perpétuelle, ne se ressent pas à l’écran. On à l’impression que le long-métrage se déroule en quelques heures, alors qu’il est censé durer tout un mois. Ainsi tous les enjeux de survie sur du long terme, comme la nourriture ou les produits médicaux, disparaissent complétement pour ne laisser que la menace vampire. Il y a bien une tentative de faire ressentir le temps, avec deux ellipses grossières, mais qui ne fonctionne qu’en surface.

Alors finalement, comme vous le lisait dans nos lignes, on est mitigés avec ce 30 jours de nuit2007. Mais si on vous en parle, et si on vous le recommande, c’est car il est plus important qu’il en à l’air. Tout d’abord il est représentatif de tout un mouvement cinématographique : le néogothique. Le mythe de vampire va être l’un des plus utilisés pour les néogothiques, notamment car il séduit toujours autant les foules de spectateurs. Ce mouvement cinématographique entend revitaliser des légendes essoufflées en leur donnant un style et un rythme plus moderne. Esthétiquement parlant cela signifie que les vampires ressemblent à des personnages de Matrix : bottes de cuir et manteaux longs. Ici dans 30 jours de nuit2007 le réalisateur utilise le numérique pour rapprocher les yeux des vampires et leur créer un côté bestial. On est ainsi face à une meute, se rapprochant donc d’une horde de zombies. Cette évolution d’une créature unique, à un groupe nombreux, fait partie des nouveautés du néo-gothique. L’un des exemples les plus parlants est également Blade1998, qui modernise les environnements de prédilections de nos suceurs de jugulaires.

Cette modernisation entraine une accélération du rythme, qui se ressent particulièrement dans 30 jours de nuit2007. Ce long-métrage commence en rendant hommage à l’un des maitres du genre, John Carpenter, avant de se tourner vers de nouvelles références. Toute la première partie du film utilise principalement des plans fixes, pour rendre hommage au maitre de l’horreur, tout en reconstituant des scènes de The Thing1982. Le scénario lui-même reprend des éléments d’Assaut1976, avec ce commissariat assiégé. Au fil des séquences le groupe est obligé de devenir plus mobile et plus violent pour survivre face à ces nouvelles créatures. Alors la mise en scène doit elle-aussi évoluer pour vivre avec son temps. La caméra devient donc principalement portée, à l’épaule, pour suivre de manière presque documentaire les péripéties des protagonistes.

En somme, 30 jours de nuit2007 est un exemple parfait du cinéma néogothique et nous permet d’observer comment le vampire réussit à survivre en s’adaptant aux temps modernes. Il puise dans les modes et les genres qui l’entourent pour se nourrir. C’est pourquoi le film Renfield2023 présente des vampires armés : ils évoluent constamment. Cependant, le public reste fidèle à nos anciens vampires romantiques et élégants, comme en témoignent les succès d’Entretien avec un Vampire1994 ou Only Lovers Left Alive2013. Dracula ne disparaîtra jamais, car il peut toujours se transformer en autre chose, que ce soit une chauve-souris ou un vampire avec un Spas-12 (bien que nous ne soyons pas convaincus par tous les aspects de Renfield2023).

30 jours de nuit de David Slade, 1h45, avec Josh Hartnett, Melissa George, Danny Huston – Sorti au cinéma le 9 janvier 2008

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