“Bela Lugosi’s dead….” C’est ce que chante Peter Murphy au début de Les Prédateurs et, dans le cas de ce film, il s’agit autant d’un défi que d’un hommage. Bela Lugosi et Dracula sont morts, annonce le film, et le film de vampires à l’ancienne aussi. Voici un nouveau regard sur une ancienne figure de proue…. Bien sûr, aujourd’hui, Les Prédateurs ne semble pas nouveau. Depuis sa sortie, il y a eu un nombre incalculable de films dans lesquels les vampires étaient des aristocrates décadents et chics, traînant dans des boîtes de nuit sombres et regardant le monde avec des yeux frappés d’ennui. Aujourd’hui, la décadence stylée de Les Prédateurs peut sembler presque désuète. Tout comme le remake de La Féline de Paul Schrader, Les Prédateurs est un film des années 80, à tel point que l’on s’attend à ce que quelqu’un nous offre une ligne de coke pendant que l’on regarde le film. De plus, comme La Féline, c’est un hommage tellement glorieux à l’excès qu’il est impossible de ne pas être attentif au film une fois qu’il a commencé. C’est hypnotique dans sa démesure.
Dans Les Prédateurs, nos vampires sont Miriam Blaylock (Catherine Deneuve) et son amant, John (David Bowie). Miriam est un vampire depuis au moins l’époque des anciens Égyptiens. Plutôt que de planter ses crocs dans le cou de ses victimes, Miriam utilise un pendentif Ankh pour leur trancher la gorge. John a été violoncelliste dans la France du XVIIIe siècle. Aujourd’hui, ils vivent dans une luxueuse maison de New York, où ils enseignent la musique classique et assassinent occasionnellement tous ceux qu’ils parviennent à convaincre de venir les voir. Lors de leur première rencontre, Miriam a promis à John qu’il aurait la vie éternelle, mais elle ne lui a pas promis la jeunesse éternelle. Malheureusement, il faut 200 ans à John pour s’en rendre compte. Lorsqu’il commence à vieillir rapidement, il demande de l’aide au Dr Sarah Roberts (Susan Sarandon), experte en vieillissement. Bien que le Dr Roberts soit d’abord dédaigneuse de ses affirmations, elle est choquée de voir John vieillir de plusieurs années en l’espace d’une heure seulement. Lorsque John, en colère et désespéré, tue l’étudiante en musique (Beth Ehlers) que Miriam espérait transformer en son prochain amant, Miriam est obligée de chercher ailleurs. Lorsque Sarah apparaît, à la recherche de l’homme qui a vieilli de plusieurs années en une heure, Miriam pense que sa quête est peut-être terminée.
Comme on peut s’y attendre d’un film réalisé par Tony Scott, Les Prédateurs est un film extrêmement élégant, à tel point que l’histoire du film est souvent secondaire par rapport à la façon dont Scott choisit de la raconter. Les décors sont si raffinés et chaque scène est éclairée et filmée avec une telle précision que, par moments, le film ressemble un peu à une publicité. Il est facile d’imaginer Britney Spears chantant “Work Bitch” en arrière-plan de certaines scènes. Tout au long du film, New York brille comme un pays des merveilles teinté de néon, tandis que John et Miriam regardent froidement le monde comme des aristocrates français du XVIIIe siècle qui ne se doutent pas qu’ils ont un futur rendez-vous avec la guillotine. Par moments, le film devient presque ridicule dans sa célébration de la grandeur et du style. On pourrait imaginer Jean Rollin racontant la même histoire tout aussi efficacement en dépensant beaucoup moins d’argent.
Et pourtant, c’est cette même acceptation du ridicule excessif qui fait de Les Prédateurs un film mémorable. Le film est un hommage à l’excès, avec une fin qui échoue précisément parce qu’elle tente de rejeter ce qu’elle a passé l’heure et demi à célébrer. Les Prédateurs n’est pas une œuvre complète, mais elle est hypnotiquement stylée et bien interprétée par un casting qui fait de son mieux pour suivre le rythme de la caméra de Tony Scott. Un petit OFNI à découvrir, pour les fans du genre (ou de la cocaïne).
Les Prédateurs de Tony Scott, 1h40, avec Catherine Deneuve, David Bowie, Susan Sarandon – Sorti au cinéma le 13 juillet 1983
