[CRITIQUE] Vampire Humaniste cherche Suicidaire Consentant – Don du Sang

Sous ce titre long et amusant se cache le premier long-métrage d’Ariane Louis-Seize, réalisatrice québécoise, et sans aucun doute l’un des films les plus remarquables présentés au PIFFF 2023. Comme l’indique son titre, l’histoire suit Sasha, une vampire humaniste qui cherche un suicidaire consentant pour se nourrir sans violence. Elle croise la route de Paul, un adolescent malheureux, désireux de mettre fin à ses jours. Ensemble, ils parcourent la nuit pour que Paul accomplisse ses dernières volontés avant de succomber aux crocs de Sasha.

Si le monde entier est tombé sous le charme de Simple comme Sylvain, il se peut que Vampire Humaniste cherche Suicidaire Consentant suscite également un engouement similaire. Les cinéphiles familiers du cinéma québécois reconnaîtront de nombreux visages de l’industrie, tels que Steve Laplante ou Patrick Hivon dans des rôles mineurs. Les admirateurs de Falcon Lake retrouveront surtout Sara Montpetit dans son troisième rôle au cinéma, offrant une prestation remarquable.

© Wayna Pitch

Le film de Louis-Seize mêle avec brio le film de vampire et le teen movie / coming-of-age. La réalisatrice exploite ces deux aspects pour créer une comédie savoureuse, drôle du début à la fin. Soutenu par des acteurs brillants et des dialogues bien pensés, le film maintient un rythme constant, évitant tout temps mort et se renouvelant constamment. Obligé par sa nature de teen movie (ou peut-être de “teeth-movie“), l’histoire se concentre sur cette jeune vampire de 68 ans, forcée d’apprendre à vivre indépendamment de son foyer familial.

Le parallèle entre la vampire et l’humaine est évident. Bien souvent, le monstre est représenté de manière sensuelle voire sexuelle dans les livres et au cinéma. La quête de la première victime peut facilement être associée aux défis que rencontrent les adolescentes autour du lycée. Cette dimension confère à Vampire Humaniste cherche Suicidaire Consentant une double lecture, passionnante à explorer et renforçant l’émotion du récit. De plus, le film est habilement construit autour de références à de nombreuses œuvres vampiriques.

© Wayna Pitch

Ces références, loin d’être pesantes, sont pourtant essentielles à l’histoire. Elles introduisent un décalage comique bienvenu dans ce monde semblable au nôtre, tout en donnant crédibilité à la société des vampires. Les allusions aux œuvres précédentes laissent place à un film qui utilise les codes du genre sans tomber dans les clichés. La réalisatrice saisit avec brio les thèmes vampiresques, particulièrement ceux évoqués par Anne Rice, pour offrir sa propre interprétation du monstre emblématique.

Cette vampire timide au style à la Wednesday Addams est drôle et émouvante du début à la fin, tout comme la galerie de personnages secondaires qui suscite l’émotion chez le spectateur. Parvenant à être à la fois drôle et poignant, renouvelant le mythe du vampire dans le contexte adolescent, Vampire Humaniste cherche Suicidaire Consentant réussit sur tous les plans. Intelligent et habilement réalisé, c’est sans doute le film le plus touchant présenté au PIFFF 2023, et l’un des joyaux sortis en France en 2024.

Vampire humaniste cherche suicidaire consentant d’Ariane Louis-Seize, 1h30, avec Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard, Steve Laplante – Au cinéma le 20 mars 2024.

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