[RECAP’] Sleep, Un Hiver à Yanji, Project Silence & Acide (Cannes 2023 – Jour 6)

Sixième journée au Festival avec les projections de Sleep, de Jason Yu (Semaine de la Critique), Un Hiver à Yanji d’Anthony Chen (Un Certain Regard), Project Silence de Kim Tae-gon (Hors-Compétition), et Acide de Just Philippot (Hors-Compétition).

Sleep, Jason Yu

Premier long-métrage de Jason Yu, ancien assistant de Bong Joon-ho, racontant l’histoire d’un homme dont les crises de somnambulisme deviendront extrêmement inquiétantes et dangereuses… On y retrouve Lee Sun-kyun, qui jouait le mari de la famille bourgeoise dans Parasite, et Jung Yu-mi, actrice principale du Sunhi d’Hong Sang-soo, et vue aussi dans Dernier Train pour Busan. Un film d’horreur mais avec des touches humoristiques rappelant le style de son mentor. Pour un premier long, c’est assez maîtrisé dans le découpage et la gestion de la tension. La première moitié du film est probablement la plus réussie et surprenante, car le film bascule ensuite dans des codes bien connus du cinéma d’horreur, ce qui le rend un peu plus convenu malheureusement. Il reste cependant assez divertissant avec quelques fulgurances assez savoureuses. Un cinéaste à suivre de près en tous cas !

Sleep de Jason Yu, avec Yu-mi Jeong, Sun-kyun Lee – Prochainement.

Un Hiver à Yanji, Anthony Chen

Anthony Chen, le réalisateur de Ilo Ilo, vient présenter son nouveau long-métrage en sélection Un Certain Regard, et autant que le film aurait peut-être mérité une place en compétition officielle. Il nous emmène quelques jours dans la ville enneigée de Yanji, aux côtés de trois jeunes adultes, trois âmes qui se cherchent une place dans le monde. On pense parfois à Jules et Jim, mais aussi aux Anges Déchus de Wong Kar-wai, ou aux Rebelles du Dieu Néon de Tsai Ming-liang, notamment grâce à cette atmosphère planante et mélancolique qu’arrive à poser le cinéaste. Il traite ses personnages avec une grande douceur, ce qui les rend très attachants. Mention spéciale à Zhou Dongyu, vue dans Better Days de Derek Tsang. Anthony Chen parvient à offrir quelques très belles séquences, à la fois émouvantes et poétiques, comme la scène avec l’ours, ou celle de l’étreinte à travers un rideau de douche. Un très joli film, qui laissera sans doute une forte impression aux spectateurs.

The Breaking Ice d’Anthony Chen, 1h37, avec Zhou Dongyu, Chuxiao Qu, Liu Haoran – Prochainement.

Project Silence, Tae-gon Kim

Présenté en Hors-Compétition, d’abord en séance de minuit, ce film de chiens tueurs semblait être la recréation parfaite venue de Corée du Sud. Seulement, le long-métrage s’enfonce dans un survival mou du genou, extrêmement avare en hémoglobine, et nous impose de suivre la tentative de survie d’un certain nombre de personnages tour à tour pénibles ou bêtes, à travers des péripéties parfois invraisemblables, faisant fi des lois de la physique. De plus, il tente d’apporter une backstory aux « monstres » du film, frisant le ridicule. Une série B censée être amusante, mais qui est surtout bruyante et trop peu stimulante.

Project Silence de Tae-gon Kim, 1h41, avec Sun-kyun Lee, Ji-hoon Ju, Hee-won Kim – Prochainement.

Acide, Just Philippot

En 2021 était sorti La Nuée, le très bon premier long-métrage de Just Philippot, entre film d’horreur et drame familial au fort propos social. Ici, le réalisateur revient vers un de ses précédents projets, à savoir son court-métrage Acide en 2018, qui était déjà assez remarquable et efficace. Pour le passage en format long, Sofian Khammes et Maud Wyler sont remplacés par Guillaume Canet et Laetitia Dosch, plus bankables sans doute. En revanche, ce ne sont pas les mêmes scénaristes que La Nuée, et cela se ressent dans le soin apporté à l’écriture des personnages. La première demi-heure pour les introduire patine un peu, notamment dans les dialogues (ce sera le cas aussi pendant presque tout le film), qui tentent de caractériser les personnages, leurs relations, mais on sent que tout cela est assez artificiel. De plus, l’adolescente est parfois assez insupportable, avec des réactions incompréhensibles dans une situation de survie extrême. Par contre, la situation avec les pluies acides est amenée efficacement, jouant sur l’angoisse climatique, ce qui rend ce phénomène très réaliste, en plus d’avoir des effets spéciaux de qualité.

Le film ne brille donc pas par son écriture mais Just Philippot, à l’instar de son travail dans La Nuée, sait proposer de redoutables moments de tension. La séquence du pont est d’ailleurs assez étouffante, rappelant La Guerre des Mondes de Spielberg dans la gestion de la foule. Comme dans son précédent film, il ose également montrer des scènes d’horreur très viscérales, des visions presque cauchemardesques, que les effets spéciaux et le maquillage rendent atrocement réalistes. Il parvient ainsi à élever les qualités visuelles de son court-métrage éponyme, en accentuant la tension, et l’ampleur de la catastrophe, en filmant un décor rural quasi-apocalyptique. Si l’écriture pèche un peu, c’est un film fantastique rondement mené que nous offre Just Philippot, dans lequel arrive à briller Guillaume Canet, ce qui n’était plus arrivé depuis son rôle dans Au Nom de la Terre.

Acide de Just Philippot, 1h30, avec Guillaume Canet, Laetitia Dosch, Patience Munchenbach – Au cinéma le 20 septembre 2023

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