[CRITIQUE] Catch the Fair One – Boxing Taken

La sœur de Kaylee s’est éclipsée depuis deux ans. Dans le silence nocturne, alors qu’elle s’apprêtait pour un tournoi de boxe, sa sœur s’est évanouie dans l’obscurité. Catch the Fair One commence sur l’aube d’un espoir, une lueur que Kaylee (Kali Reis, une championne de boxe de renom, coauteure du scénario) a longtemps désirée. Après avoir grevé la bourse d’un souteneur local, une photographie énigmatique d’une jeune fille, potentiellement sa sœur, lui parvient. C’est ainsi que débute le périple de Kaylee, une quête qui risque sa vie pour sauver sa sœur, éclairant son chemin de sinuosités sombres et violentes.

Josef Wladyka dirige son film avec une sobriété stylistique, imprégnant chaque image de teintes grises et de bleus froids, exploitant avec maîtrise le paysage enneigé. Catch the Fair One marque son deuxième long-métrage après le bien reçu Manos Sucias. Dans cette nouvelle œuvre, il façonne un thriller tendu et dépouillé, osant affronter une violence morbide et explorer des instants profondément troublants. L’habileté de Wladyka à étirer le temps donne naissance à des scènes remarquables, capturant le spectateur dans une tension presque insoutenable, rendant inéluctables ces moments tendus. Par moments, le film semble s’inscrire dans une formule narrative familière, suivant le parcours tracé par d’autres thrillers où un protagoniste abattu se lance dans une quête de justice pour secourir une jeune fille.

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Bien que Catch the Fair One ne renverse guère les attentes du genre, il demeure néanmoins captivant, voire choquant. La performance principale de Reis explique en grande partie le succès du film. Elle incarne un personnage déterminé et résolu, suscitant un authentique intérêt pour son sort, tout en transmettant efficacement les émotions enfouies sous sa carapace robuste. L’aspect notable d’un thriller mettant en scène une Amérindienne ne peut être ignoré. L’industrie cinématographique porte le lourd fardeau d’un passé marqué par le racisme et l’exclusion, particulièrement envers les artistes amérindiens. Bien que le film ne se pose pas explicitement en tant qu’œuvre de représentation, il offre une occasion qui n’est pas pleinement saisie. L’identité de Kaylee est à peine effleurée et ne constitue pas un élément central du récit, mais si des personnages blancs d’âge moyen comme Liam Neeson ou Bob Odenkirk peuvent tenir tête dans des thrillers tendus et dépouillés, pourquoi pas une femme amérindienne ?

Si la majeure partie du film s’engage dans une noirceur saisissante, intense et captivante, elle plonge également dans des abîmes d’une obscurité saisissante. Parfois, le film semble se complaire dans cette morosité, mais il suscite indéniablement une palette émotionnelle variée. La thématique sombre et le désespoir grandissant pourraient rebuter certains, mais la solidité des éléments présents contribue à l’impression de fatalisme qui s’en dégage. Avec son mélange habile de visuels glacés, une performance principale remarquable et une narration épurée, Catch the Fair One s’impose comme un thriller classique, surmontant les tropes narratifs familiers tout en embrassant sa propre mélancolie accablante.

Catch The Fair One de Josef Kubota Wladyka, 1h25, avec Kali Reis, Gerald Webb, Isabelle Chester – En VOD le 8 septembre 2021

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