[CRITIQUE] La Proie d’une ombre – Frissons de deuil

Rebecca Hall incarne une veuve dans La Proie d’une ombre, un film à suspense réalisé par David Bruckner, présenté en compétition au 47e Festival du Cinéma Américain de Deauville. Dès le début, le film se distingue par son caractère atypique et, par conséquent, imprévisible. L’intrigue débute avec une confrontation entre une mère et l’enseignante, qui réclame justice pour la mauvaise note attribuée à son fils. Ce premier échange souligne l’importance des circonstances imprévues dans la vie personnelle de chacun, une thématique qui résonne tout au long du récit. La mère évoque brièvement les épreuves traversées par son fils, tandis que Beth (Rebecca Hall), l’enseignante, révèle sans détour le suicide de son mari, qui a choisi de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête.

Le long-métrage se révèle être avant tout une vitrine du talent éclectique de Rebecca Hall en tant qu’actrice. Elle est amenée à exprimer une large palette d’émotions tout au long du film, et elle relève brillamment ce défi en offrant une interprétation d’une résilience brute. Dès le début, le spectateur est témoin de la tension palpable qui émane de Beth, une tension que Hall communique avec subtilité, dévoilant ainsi les tourments intérieurs de cette veuve troublée. Au fil du récit, alors qu’elle est tourmentée par une présence insidieuse dans sa maison, les barrières émotionnelles de Beth s’effondrent progressivement. Hall incarne avec justesse la descente de Beth dans la folie, dépeignant cette transition avec une authenticité poignante, loin de tout manichéisme. L’actrice parvient à capturer avec brio les tourments intérieurs de Beth, confrontée à la douloureuse révélation des véritables motivations de son défunt mari après des années de tromperie. Malgré les choix discutables de son personnage, Hall parvient à mettre en lumière la profonde tristesse de Beth, soulignant que ses actions sont motivées par la brutalité de la trahison.

Le réalisateur David Bruckner soutient avec brio la performance de Hall, offrant une mise en scène immersive qui plonge le spectateur au cœur de l’instabilité psychologique de Beth. Grâce à une atmosphère soigneusement construite et des séquences oniriques visuellement saisissantes, Bruckner parvient à maintenir une tension palpable tout au long du film. Les scénaristes Ben Collins et Luke Piotrowski méritent également des éloges pour avoir créé un récit horrifique captivant, évitant habilement les clichés du genre. Malgré quelques faiblesses dans le dernier acte, La Proie d’une ombre offre une expérience cinématographique intense, portée par une performance magistrale de Rebecca Hall.

C’est un film d’horreur qui va au-delà des conventions du genre, offrant une exploration captivante des tourments psychologiques de son personnage principal. Grâce à la performance impressionnante de Rebecca Hall et à la direction habile de David Bruckner, le film parvient à terrifier et à susciter la réflexion, offrant une expérience cinématographique mémorable et immersive.

La Proie d’une ombre de David Bruckner, 1h48, avec Rebecca Hall, Sarah Goldberg, Vondie Curtis-Hall – Au cinéma le 15 septembre 2021

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