[CRITIQUE] Oslo – Un regard sur un conflit du monde

Il n’y a guère eu de moment plus opportun pour la sortie d’un film tel qu’Oslo, qui a eu l’honneur de sa première lors de la 47e édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Ce film scrute le conflit israélo-palestinien, un différend de longue date, à travers le prisme des accords de paix signés en 1993, avec l’appui d’un couple norvégien et de leur gouvernement.

Adapté de la pièce éponyme du dramaturge américain JT Rogers, sous la direction de Bartlett Sher, Oslo nous offre une interprétation dramatique des événements ayant mené à la signature de ces accords historiques entre les ennemis de toujours, Israël et la Palestine. Si l’histoire retient surtout la célèbre poignée de main entre Yasser Arafat, alors chef de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), et Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, en présence du président américain Bill Clinton, le film met en lumière les nuits et les jours agités qui ont rendu cet événement possible. Il s’agit d’un récit des coulisses de ces pourparlers officieux entre 1992 et 1993. Avec une profondeur, le film de HBO explore les complexités géopolitiques, s’efforçant de présenter les dirigeants de l’OLP et les diplomates israéliens participant à ces discussions secrètes de manière nuancée, évitant les caricatures, tout en questionnant la compréhension réelle du monde vis-à-vis de leur lutte pour la terre et de la légitimité de leur cause, ainsi que les complexités inhérentes à toute question d’occupation territoriale et de droits des peuples.

Le téléfilm, dans sa globalité, n’adopte pas une posture omnisciente et n’aspire pas à être un manuel explicatif du conflit. Ce n’est ni un documentaire, ni ne prétend l’être. Le film offre néanmoins un point de vue occidental sur la crise du Moyen-Orient, tout en se limitant à l’angle des deux Norvégiens qui ont facilité cet accord de paix, sans prendre parti ni se rapprocher d’une des deux parties. Andrew Scott, dans le rôle de Terje Rød-Larsen, directeur du groupe d’experts de la Fondation Fafo, et Ruth Wilson, incarnant son épouse, brillent dans leur interprétation. Ils se gardent de toute prise de position, n’interviennent pas dans les affaires qui ne les concernent pas, et ne rejoignent la table des négociations qu’au moment crucial du rapprochement final, permettant ainsi au film d’éviter toute partialité envers l’une ou l’autre des parties. Les autres acteurs, tels que Salim Daw, Jeff Wilbusch, Yair Hirschfeld et Igal Naor, sont également convaincants dans leurs rôles.

Le récit suit une progression linéaire, avec une narration sobre, incitant le spectateur à explorer l’histoire par lui-même pour en saisir toute la complexité au-delà du cadre du long-métrage. C’est un film qui met l’accent sur les émotions humaines et le drame plutôt que sur une leçon d’histoire.

Oslo de Bartlett Sher, 1h58, avec Ruth Wilson, Andrew Scott, Jeff Wilbusch – Sur OCS le 12 septembre 2021

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