[CRITIQUE] The Pale Blue Eye – Un mystère farfelu

Hostiles avait impressionné à sa sortie, offrant à Christian Bale un rôle de prestige sur une histoire universelle. Scott Cooper signe ses retrouvailles avec The Pale Blue Eye, sur un récit d’enquête atmosphérique, mais malheureusement bien moins convaincant. En 1830, Augustus Landor (Christian Bale) enquête sur une série de meurtres dans une académie militaire, et c’est alors qu’il fait la rencontre d’Edgar Allan Poe (Harry Melling), pour élucider son mystère. Premier point positif, il n’y a pas de doute que le cinéaste américain ait conservé toute sa maîtrise de la mise en scène, donnant ici beaucoup d’envergure aux espaces extérieurs, créant véritablement une atmosphère anxiogène par la photographie, et les cadres mis en place. Cela est d’autant plus convaincant que le film est accompagné d’une belle bande originale signée Howard Shore, toujours à l’affut des sonorités les plus spécifiques. Les acteurs incarnent très bien leurs personnages, et la complicité entre le protagoniste et le jeune écrivain est particulièrement savoureuse, à la fois attachante et troublante dans ses rapports même. Cependant, on peut regretter l’aspect répétitif des confrontations de l’enquêteur sur les membres de l’académie, alourdissant quelque peu le film par moments. Il en reste que cela est prenant dans la globalité du long-métrage, aidé par des dialogues convaincants.

© SCOTT GARFIELD/NETFLIX © 2022

La plus grande déception de The Pale Blue Eye restera sa conclusion, à la fois expéditive et amenée maladroitement. Si elle donne l’occasion à Bale d’exprimer tout son talent, elle est peu crédible au regard de tout ce qui avait été amené au préalable sur le développement du personnage. En réalité, cela donne l’impression de voir une facilité scénaristique, alors même que l’on avait assisté à un pré-climax quelques minutes précédentes, plutôt impressionnant d’efficacité. Pas mauvais certes, mais franchement pas très lucide. On peut regretter également que le film ne s’intéresse qu’aux rapports fonctionnels des personnages, dans leurs interactions pures, là où Scott Cooper aurait pu induire dès le départ les troubles psychologiques de ses personnages. Mais cela est à la fois un défaut et une qualité, puisque le seul point de repère de Landor reste Poe, permettant de retranscrire le vertige d’une situation où les devinettes se font autant savoir que les meurtres.

The Pale Blue Eye n’est pas un film remarquable, et il sera sans doute très oublié du catalogue Netflix. Pourtant, il est plutôt sympathique dans l’ensemble malgré des facilités évidentes, des choix sonnants hasardeux, et quelques lourdeurs. On vous le conseillera surtout pour voir Christian Bale briller une nouvelle fois, grand acteur de la génération qu’il incarne.

Note : 3 sur 5.

The Pale Blue Eye de Scott Cooper, 2h10, avec Christian Bale, Harry Melling, Gillian Anderson – Sur Netflix le 6 janvier 2023

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