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[CRITIQUE] Hospitalité – Parasite serait donc un plagiat ?

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Par Louan Nivesse

Le Japon est une société où les mœurs et le décorum sont tout. C’est bon pour la plupart. La politesse est le pétrole qui fait que la société fonctionne bien. Il a ses problèmes parce qu’il peut s’agir d’un beau vernis utilisé pour dissimuler un comportement malveillant ou pour agir comme un bully forçant les gens à agir de certaines façons. Dans un tel environnement, toutes sortes d’émotions négatives comme la paranoïa et la méfiance peuvent se répandre sous la surface des individus et des groupes sociaux. Hospitalité fait de cet environnement son terrain de jeu et pousse les choses à des sommets absurdes car elle critique la manière dont la société japonaise peut utiliser des étrangers comme boucs émissaires pour les problèmes au sein de la communauté.

Situé dans le quartier contemporain de la classe ouvrière de Tokyo, Hospitalité commence par une mise en scène prometteuse et intrigante avant de tomber en pièces au cours de la dernière demi-heure. M. Kobayashi (Kenji Yamauchi) est un homme tranquille et doux qui dirige une imprimerie à partir de chez lui. Il vit avec sa sœur divorcée, sa jeune épouse Nitsuki (Kiki Sugino) et sa fille d’un précédent mariage. Il y a un début d’intrigue et de tension avec les relations à la maison, la sœur de Kobayashi est subtilement froide envers sa femme Nitsuko et il y a aussi une certaine distance et l’étrangeté étouffée entre mari et femme. Et puis il y a la perruche de compagnie disparue.

À cela s’ajoute un sentiment continu de menace de l’extérieur. Les voisins se déplacent régulièrement pour discuter de leur groupe de surveillance de quartier, un groupe de personnes ignorantes et occupées, qui parle avec angoisse des « étrangers » et des « sans-abri » qui apportent des problèmes. Puis le mystérieux vagabond Kagawa (Kanji Furutachi) arrive et se fraye un chemin dans un travail, et une chambre, chez les Kobayashis. Jusqu’à présent, le script de Fukada est simple et intéressant. Nous ne pouvons avoir une emprise sur aucun des personnages et leurs motivations. La maison des Kobayashi devient une prison, avec pour la plupart des coups de feu moyens à longs qui semblent souligner les limites de l’espace apporté par cet intrus. Kagawa annonce alors nonchalamment que sa femme brésilienne, qui parle à peine japonais, va rester avec eux : elle dit à l’homme qui vient livrer l’encre de Kobayashi qu’elle est bosniaque. Puis il y a l’homme mystérieux que Nitsuki voit de son balcon et se précipite pour rencontrer…

Il est difficile de justifier la déception provoquée par le film sans aussi gâcher l’intrigue et à quel point il se désintègre rapidement et, semble-t-il, de façon illogique. La tension a été si bien construite par Fukada, et est mieux mis en évidence dans une scène atroce peu de temps après l’apparition de la femme brésilienne / bosniaque de Kagawa. Alors que ces deux-là font bruyamment l’amour dans une pièce au-dessus, Kobayashi et Nitsuko se trouvent maladroitement dans des lits séparés, mais contigus. Kobayashi parle brièvement et guindant de son précédent mariage avant de faire un mouvement maladroit et inopportun sur Nitsuko. La scène se déroule intelligemment alors que les haletants et les grognements des escaliers évoquent l’appréciation mal articulée de Kobayashi du rôle de Nitsuko dans la famille. C’est une manipulation intelligente du son et de l’espace.

Hospitalité place le code social japonais sous un microscope et suggère que si de petits moments de connexion entre japonais et occidentaux sont possibles, les relations ne peuvent fonctionner sur le long terme. En fin de compte, les Occidentaux sont destructeurs plutôt qu’utiles, attirants mais ils restent absurdes. La famille a grandi pour aimer les Occidentaux, même pour valoriser leur volatilité, mais Kobayashi et Natsuko ne manquent pas leurs invités. Hospitalité présente le choc des cultures d’un point de vue sournois et bizarre, et laisse tomber ses fils narratifs à un point qui suggère que tout le monde est le plus heureux dans ses propres bulles sécurisées.

Hospitalité de Koji Fukada, 1h36, avec Kenji Yamauchi, Kanji Furutachi, Kiki Sugino – Sorti en 2011

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