
Les remakes, en particulier ceux de films étrangers récemment reconnus, sont toujours délicats. Comment s’élever au-dessus de l’original, s’il y en a un, et apporter quelque chose qui ne ressemble pas à une redite mais plutôt à une réimagination de la même histoire avec un regard neuf qui rend le remake digne d’être vu ? The Guilty d’Antoine Fuqua (qui avait besoin d’un coup de pouce après le désastreux Infinite) arrive tout juste trois ans après que Gustav Möller ait impressionné le public et la critique avec son premier film, qui a ensuite été sélectionné pour L’Oscar du meilleur film international pour le Danemark. Il est pratiquement impossible de rater une adaptation américaine, étant donné que le suspense vit ou meurt sur la base du principe unique et stimulant de garder les caméras sur le répartiteur troublé pendant la quasi-totalité des 90 minutes du film. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un remake à l’identique, le film conserve l’histoire originale tout en renforçant l’histoire du protagoniste, avec des résultats mitigés.
Ce qui distinguait le film original, c’est qu’il se concentrait sur une affaire singulière, pleine de suspense, filmée dans un seul lieu avec une excellente utilisation du montage sonore, du mixage et du découpage, ainsi qu’une performance principale remarquable pour offrir un véritable sens du suspense et des frissons à fleur de peau sans que le public ne voie rien d’autre à l’écran qu’un agent du service d’urgence. Le remake semble légèrement plus intéressé par la création de deux intrigues parallèles : l’histoire de l’agent de police Joe (un superbe Jake Gyllenhaal) du centre d’appel 911 et celle de l’affaire qu’il tente désespérément de résoudre. C’est à la fois un avantage et un inconvénient pour le film : d’une part, il offre une excellente vitrine pour les talents d’acteur de Gyllenhaal, le montrant dans sa position la plus vulnérable, celle d’un homme qui s’efforce de faire face à son passé tout en se lançant dans une course contre la montre pour sauver la vie de quelqu’un. C’est un grand tournant pour Gyllenhaal et il capture parfaitement la douleur de Joe qui tente de contrôler ses propres impulsions et qui est, peut-être trop, vraiment investi dans la sécurité d’Emily, la femme qui appelle le 911 et lui demande de l’aide.

D’un autre côté, en consacrant une grande partie de la durée du film à la lutte de Joe, le film s’éloigne de ce qui rendait l’original vraiment efficace : il perd de vue l’intrigue principale et le spectateur ne peut s’empêcher de ressentir cette déconnexion. Aussi crédible et parfaitement interprétée que soit la performance de Gyllenhaal, le film est le plus efficace lorsqu’il se concentre sur l’épreuve d’Emily, même si nous ne quittons (que très rarement car Fuqua est souvent vicieux) le lieu principal du centre d’expédition. En essayant d’être à la fois une étude de personnage et un thriller à suspense, le film perd quelque peu l’équilibre par endroits, mais reste globalement une expérience assez efficace. Mais alors que l’original faisait passer l’histoire du protagoniste au second plan pendant la majeure partie du film afin de maintenir l’engagement du public, le remake semble s’intéresser à son personnage principal au détriment de la construction du suspense.
Moins ciblé que l’original mais tout de même un thriller solide et efficace, The Guilty est l’histoire de deux personnes dans la tourmente avec des parallèles à établir entre elles. Grâce à une performance centrale forte et à un récit bien rythmé, il s’agit d’un cinéma à suspense accessible qui plaira sûrement au grand public, même s’il ne relève pas la barre et n’apporte rien de nouveau.
⭐⭐⭐
Note : 3 sur 5.The Guilty (2021) disponible sur Netflix le 1 octobre 2021.
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