Par le passé, le nom « Five Nights at Freddy’s » évoquait terreur et tension dans l’univers du jeu vidéo. Malheureusement, sous la direction d’Emma Tammi, cette appellation a subi une métamorphose regrettable pour devenir une calamité. Ce qui était jadis un jeu d’horreur indépendant, célébré pour son approche épurée de l’effroi, s’est transmué en une tentative décevante d’exprimer ces frissons à l’écran. Les défauts du film sont multiples, allant de son inexplicable focalisation sur des intrigues secondaires superflues à sa représentation erronée des animatroniques menaçantes qui ont façonné le succès du jeu.
Le jeu initial était un chef-d’œuvre d’angoisse oppressante. Les joueurs se trouvaient prisonniers d’une pizzeria abandonnée, armés d’une palette d’actions limitée, luttant désespérément pour survivre à la nuit – à la manière d’un The Guilty. C’était une simulation d’observation de son propre destin inéluctable, imprégnée d’un sentiment d’impuissance tangible. Cependant, lors de son passage à l’écran, le film délaisse cette caractéristique essentielle du jeu. Au lieu d’enserrer le public dans un univers cauchemardesque nocturne, il se perd en divagations inutiles et en un excès de drame diurne. La promesse d’un danger nocturne grandissant s’efface devant des séquences interminables dignes d’un feuilleton, on en sort déconcertés et désenchantés. Toujours en comparaison, les animatroniques étaient une source significative de terreur. Leur immobilité inquiétante, ponctuée par des mouvements soudains et perturbateurs, était une matière à cauchemars. Chez Blumhouse, la représentation de ces monstres mécaniques s’avère peu concluante. Conçus par le Jim Henson Creature Shop, ils sont visuellement impressionnants, mais ne parviennent pas à maintenir le même degré de terreur. Au lieu des mouvements calculés et menaçants du jeu, ils évoluent comme de simples créatures inoffensives, perdant leur aura menaçante. Pour aggraver les choses, le film tente d’humaniser ces animatroniques en leur attribuant une histoire d’origine, une décision qui les dépouille de leur mystère inquiétant et nous désensibilise à leur présence. On est toujours trauma par cette séquence musicale où les petits animaux dansent main dans la main avec nos protagonistes.
L’une des erreurs les plus flagrantes de ce Five Nights At Freddy’s réside dans son excès de focus sur les intrigues secondaires et le mélodrame des personnages. Au lieu de préserver la simplicité du jeu, le film s’embourbe lourdement dans les traumatismes personnels des protagonistes, transformant une expérience d’horreur tendue en un récit excessivement explicite et souvent fastidieux. Le personnage de Mike, gardien de sécurité hanté par son passé, se trouve accablé par une histoire faussement complexe et mélodramatique. Le long-métrage s’efforce davantage de fournir des réponses à des questions que le public n’a jamais posées, plutôt que de générer de véritables frissons. Car, soyons clairs, à aucun moment on ne peut avoir peur devant. Ce nouveau produit horrifique s’égare dans les méandres de sa propre mythologie. Cette option narrative complexifie davantage l’intrigue. Son insistance à élaborer des explications détaillées, y compris de multiples flashbacks, perturbe la cadence et instille le sentiment d’un cours magistral d’histoire qui asphyxie plutôt qu’il n’offre une authentique expérience angoissante. Les spectateurs sont accablés par un surplus d’informations redondantes, déviant ainsi du potentiel de terreur et de suspense qui aurait pu être exploité si les scénaristes avaient une connaissance profonde du jeu d’origine.
Five Nights At Freddy’s semble manquer de foi envers la capacité de son public à s’immerger dans le matériel sans une profusion d’explications. Il inonde continuellement le spectateur d’expositions, sous-estimant notre capacité à appréhender les éléments de l’intrigue. Ce manque de confiance dans l’intelligence du public se manifeste par un film saturé d’explications et de sous-intrigues superflues, étouffant ainsi tout potentiel d’une authentique terreur. Il nous prend tellement pour des ignorants qu’il saborde inutilement sa révélation finale, en faisant preuve, selon certains, d’un hommage mal avisé, en incluant l’acteur du Sammy Rogers de Raja Gosnell. Pour les connaisseurs de Scream, cette décision devient évidente quant au rôle qu’il incarne dans cette itération. Alors que le jeu tire son pouvoir d’effroi de sa prémisse simple et efficace, consistant à être confiné dans une salle unique et à surveiller les déplacements des animatroniques via des caméras de sécurité, l’adaptation cinématographique échoue à saisir cette essence fondamentale. Elle se montre incapable de recréer la tension et le suspense qui ont propulsé le jeu vers la célébrité, préférant opter pour une approche générique et dépourvue d’inspiration en matière d’horreur. Les moments qui auraient pu être sinistrement exaltants se trouvent étouffés par la classification du film et un déficit de créativité, laissant place à un ensemble regrettable.
En définitive, cette récente création de Blumhouse se révèle être une œuvre éphémère dans le domaine de l’horreur. Elle pèche par son incapacité à insuffler une véritable angoisse et à préserver l’essence du jeu qui a captivé les joueurs pendant des années. Le legs le plus mémorable de ce film réside en un caméo positivement gênant, illustrant la déception générale qui émane de cette adaptation. Contrairement au jeu d’origine, qui brillait par sa simplicité et la peur de l’inconnu, le film devient une leçon sur les conséquences de négliger les éléments fondamentaux du matériau d’origine au profit d’une exposition excessive et d’un développement de personnages malavisé. Five Nights at Freddy’s c’est l’incarnation d’un concept prometteur dévié de sa trajectoire. Une suite de nuit supplémentaire serait indésirable, et nous prions pour qu’aucune franchise ne voie le jour. Nous en avons eu notre dose.
Five Nights At Freddy’s d’Emma Tammi, 1h50, avec Piper Rubio, Josh Hutcherson, Elizabeth Lail – Au cinéma le 8 novembre 2023.