Le réalisateur Paul W. S. Anderson ainsi que l’actrice Milla Jovovich ont une histoire bien connue dans le domaine cinématographique des adaptations de jeux vidéo. Leur rencontre initiale remonte à l’an de grâce 2002, sur les plateaux de tournage de Resident Evil, œuvre d’action-horreur tirée de la célèbre franchise vidéoludique de Capcom. Depuis cette rencontre, ces deux âmes ont convergé en une collaboration, œuvrant conjointement sur cinq opus successifs. Bien que je m’abstiendrais avec prudence d’affubler ces films du qualificatif de « magistraux », ils s’érigent avec honnêteté, conscients de leur vocation à divertir un public spécifique. Leur récente incursion, Monster Hunter, s’inscrit dans la même lignée, exploitant une autre franchise populaire de Capcom, quoique dépourvue de l’aura captivante d’une œuvre telle que Resident Evil. Néanmoins, elle s’adresse à un auditoire similaire, dont l’appréciation dictera le destin de cette entreprise. Le récit souffre, cependant, d’un manque criant d’attrait pour les non-initiés et d’une profondeur narrative insuffisante. En effet, ce dernier blockbuster « boom boom gros monstres » se concentre davantage sur l’instauration d’une nouvelle franchise que sur le développement de personnages nuancés, capables de tisser une trame narrative envoûtante.
Jovovich endosse le rôle de la capitaine Natalie Artemis, une Ranger de l’armée américaine à la tête d’une unité de travail conjoint des Nations Unies. Son équipe est composée de visages intrigants mais d’âmes fades et oubliables, arborant des attitudes militaires viriles telles que Axe, Link, Dealer et Dash. Tout désir de s’attarder sur leur histoire est voué à l’échec. Le cinéaste ne se soucie guère de subtilités ou de profondeur. Les dialogues s’enlisent dans des plaisanteries lamentables, sans substance. Même le personnage d’Artemis, incarné par Jovovich, véritable étoile du film, se révèle aussi plat qu’une feuille de papier, étonnamment dépourvu de profondeur. Son caractère se résume à une dureté superficielle, à sa compétence au combat et à son adaptabilité. Rien de plus.
Le récit prend place dans un paysage désertique non identifié, où Artemis et son unité se lancent à la recherche de l’équipe Bravo, disparue lors de leur dernière patrouille. Au cours de leur quête, une tempête de sable dévoile un portail mystérieux, les transportant dans une dimension parallèle. Ils se retrouvent face à un désert infini, où une créature colossale guette les intrus. Dépourvus de la puissance de feu nécessaire, ils attirent la bête vers une île isolée, tout en tombant les uns après les autres. Pendant ce temps, sur l’île, Tony Jaa incarne un personnage nommé simplement le Chasseur. Observant Artemis et son équipe depuis les rochers, il intervient sporadiquement pour attaquer les monstres. La rencontre entre Artemis et le Chasseur se solde par un affrontement futile, retardant leur inévitable coopération pour vaincre la créature et trouver le chemin du retour. Une tour menaçante, en arrière-plan, promet de jouer un rôle crucial dans l’intrigue.
Au-delà du sarcasme et de l’ironie, Monster Hunter offre ce qu’il promet, bien que critiquer son manque de substance puisse sembler injuste. Il s’agit d’un divertissement grandiose, dénué d’intellectualisme, destiné à l’évasion. Anderson et son équipe ont conçu des décors impressionnants, visuellement captivants, tandis que le film regorge de clins d’œil aux fans, à travers les décors, les monstres, les armes. Ron Perlman, en particulier, se distingue avec une perruque d’une hilarité sans pareille. Néanmoins, il est difficile de passer outre l’absence de développement narratif et la fin abrupte, plus soucieuse de préparer une suite que de clore dignement ce volet. En somme, attendre et espérer pour une franchise à venir semble être la seule option.
Monster Hunter de Paul W.S. Anderson, 1h43, avec Milla Jovovich, Tony Jaa, T.I. – En VOD le 13 avril 2021