[CRITIQUE] L’Un des nôtres – Super Western

Pour nombre d’entre nous, la cellule familiale s’impose comme un pilier indéfectible de nos existences. Ainsi que l’exprima un illustre écrivain français, André Maurois, “Privé de famille, l’homme, esseulé, grelotte dans le monde”. Les liens familiaux initient souvent nos premières amitiés, nous assurant un soutien inébranlable tout au long de notre parcours terrestre, au gré des vicissitudes et des tourments. Famille, doux havre où chutes et élans trouvent écho, guide vers une quiétude et une prospérité tandis que nous arpentons nos sentiers individuels. En vérité, peu de choses égalent l’amour et la loyauté que prodigue la famille, thème ô combien poignant au cœur de l’œuvre de Thomas Bezucha, L’Un des nôtres.

L’œuvre de Bezucha se concentre avant tout sur la famille Blackledge, avec en son centre le patriarche George (Kevin Costner, honoré d’Oscars pour son rôle dans Danse avec les Loups et connu pour incarner Clark Kent dans Man of Steel) et la matriarche Margaret (Diane Lane, mère de Clark Kent dans l’univers cinématographique DC). Affligés par le tragique décès de leur fils James, suite à un accident équestre, George, shérif à la retraite, et Margaret, femme au foyer déterminée, veillent néanmoins sur leur belle-fille dévouée, Lorna, et leur petit-fils, Jimmy, dans leur ranch du Montana. Trois ans plus tard, la veuve Lorna décide de se remarier avec un homme local du nom de Donnie Weboy, emmenant Jimmy avec elle, au grand désarroi de Margaret. Ses appréhensions quant au caractère de ce nouveau conjoint se voient confirmées lorsqu’elle surprend Donnie agressant sa belle-fille et son petit-fils. Déterminée, Margaret part à leur rencontre, mais découvre que le couple a déménagé précipitamment dans la maison familiale de Donnie, au Dakota du Nord. Soutenue par George, elle entreprend alors de les retrouver, mais leur confrontation avec les Weboy, dirigés par la redoutable Blanche (Lesley Manville), déclenche un conflit chaotique pour la liberté de Lorna et Jimmy, menant à un dénouement explosif.

Copyright 2020 Focus Features, LLC. All Rights Reserved

Malgré une trame narrative en apparence linéaire, l’émotion se révèle intense dans L’Un des nôtres, grâce au talent de Bezucha, à la fois réalisateur et scénariste, qui évite les écueils du mélodrame pour offrir une histoire ancrée dans la réalité. Si le film atteint son paroxysme dans son dernier acte, les sentiments de regret et de remords sont traités avec subtilité, à travers des dialogues empreints de délicatesse. Cette lente montée en puissance permet une meilleure appréhension des douleurs et des personnalités de George et Margaret, renforçant ainsi notre empathie envers eux.

Kevin Costner et Diane Lane incarnent avec brio ce couple au cœur du récit. Tandis que George, stoïque, dissimule son chagrin, Margaret, plus expressive, démontre un dévouement sans faille envers son petit-fils. Leur complicité, palpable à l’écran, confère une profondeur émotionnelle à chaque échange. Lesley Manville, en Blanche Weboy, offre une performance magistrale, faisant de son personnage une figure à la fois terrifiante et complexe, dépassant le simple archétype.

La réalisation dynamique de Bezucha, magnifiée par la photographie précise de Guy Godfree, saisit la splendeur et la rudesse des paysages du Midwest. La partition de Michael Giacchino accompagne avec justesse les tourments et les élans des personnages, du début jusqu’à un dénouement tumultueux.

L’Un des nôtres est un récit traditionnel, mais subtilement rendu, offrant un divertissement adulte, porté par un trio d’acteurs remarquables. Bien que le film n’innove pas significativement dans le genre, son intrigue captivante et ses rebondissements sauront retenir votre attention. En somme, un thriller réfléchi, idéal pour une soirée cinéma mémorable.

L’Un des nôtres de Thomas Bezucha, 1h55, avec Kevin Costner, Diane Lane, Lesley Manville – Au cinéma le 16 juin 2021

0
0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *