[CRITIQUE] L’immensità – Retour sur la quête d’identité

Les cinéastes utilisent souvent le cinéma pour raconter des histoires personnelles, parfois issues directement de leur propre enfance. Récemment, nous avons vu Alfonso Cuarón, Paolo Sorrentino, Kenneth Branagh – et prochainement Steven Spielberg – aborder de tels thèmes, et le réalisateur italien Emanuele Crialese suit le mouvement avec son nouveau film L’immensità.

Nous sommes à Rome dans les années 1970. La famille Borghetti vient de déménager dans un nouvel appartement, mais ce nouveau départ ne semble pas avoir ravivé l’amour qui existait autrefois entre Felice et Clara. L’attention des deux est portée sur leurs trois enfants : Felice est le plus autoritaire des deux, avec ses silences menaçants et son comportement intimidant ; Clara est aimante, chaleureuse et enjouée. Les enfants n’échappent pas aux tensions du mariage de leurs parents, surtout Adriana, l’aînée, qui doute de son identité sexuelle et cherche, ou mieux, exige d’être entendue dans son entrée tumultueuse dans l’adolescence. Elle échappe à sa tempête intérieure en trouvant du réconfort dans la relation avec sa mère et dans l’amitié amoureuse avec Anna, une jeune fille qui vit à proximité. L’équilibre fragile de la famille commence à s’effriter au cours de l’été.

© Angelo Turetta

Le projet de Crialese, qui consiste à évoquer sa propre enfance tout en soulignant les changements sociaux et urbains de la ville de Rome à un moment phare du siècle dernier, est certainement ambitieux et, compte tenu de sa sensibilité artistique, il valait la peine d’être tenté. A-t-il réussi ? En partie seulement. Bien qu’il y ait une certaine allure dans la mise en scène de Crialese, poétique et même légère par moments, L’immensità donne souvent l’impression d’avoir été peint à grands traits, avec un manque de concentration qui nuit à l’atmosphère générale du film. Pour une histoire aussi personnelle, il est aussi étonnamment vague et fade, il ne se démarque pas et on a l’impression que le réalisateur dépasse ses limites, imitant le style de Pedro Almodóvar sans le comprendre complètement.

L’écriture est son plus grand défaut : peu de personnages semblent tridimensionnels, et certains dialogues sont maladroits et franchement invraisemblables. L’un des aspects les plus intéressants du film est la performance de Luana Giuliani dans le rôle d’Adriana/Andrea, qui ne faiblit jamais dans un rôle très difficile et délicat : elle est le pendant parfait de Penélope Cruz, qui offre une performance solide, bien que légèrement décevante, dans le rôle de sa mère Clara. Leur relation est la partie la plus intéressante du film, il est juste dommage que le monde qui les entoure ne soit pas assez convaincant.

Note : 3 sur 5.

L’immensità d’Emanuele Crialese, 1h37, avec Penélope Cruz, Vincenzo Amato, Luana Giuliani – Au cinéma le 11 janvier 2023.

0
0

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *