[CRITIQUE] Jack Mimoun et les secrets de Val Verde – Une aventure qui manque d’essence

À l’annonce de ce projet de comédie d’aventure produit par Pathé et porté principalement par Malik Bentalha (réalisateur, scénariste et acteur) en janvier 2019, on pouvait avoir peur du résultat. Quelques années plus tard, nous avons eu les premières images et l’annonce d’un casting de soutien plutôt prestigieux avec des acteurs tels que Joséphine Japy, Jérôme Commandeur, François Damiens et Benoît Magimel qui vient de recevoir un César. C’est alors que nos craintes se sont estompées. La comédie est drôle, les images sont rassurantes et surtout, on ressent avec ces extraits, une sincérité et un amour du genre.

Deux ans après avoir survécu seul sur l’île hostile de Val Verde, Jack Mimoun (Malik Bentalha) est devenu une star de l’aventure. Le livre racontant son expérience est un best-seller et son émission de télévision bat des records d’audience. Il est alors approché par la mystérieuse Aurélie Diaz (Joséphine Japy) qui va ramener Jack Mimoun sur Val Verde pour l’entraîner à la recherche de la légendaire Épée du pirate La Buse. Accompagnés de Bruno Quézac (Jérôme Commandeur), l’ambitieux mais peu téméraire manager de Jack, et de Jean-Marc Bastos (François Damiens), un mercenaire aussi perturbé qu’imprévisible, nos aventuriers vont se lancer dans une incroyable chasse au trésor à travers la jungle de l’île aux mille dangers.

© Cody Mcfly

Il est évident que Malik Bentalha et son coréalisateur Ludovic Colbeau-Justin sont sincères dans leur démarche de faire un “Indiana Jones à la française”. Ils ont également eu la confiance du studio Pathé, qui leur a accordé un budget honnête de 14 millions d’euros. Néanmoins, Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est un petit échec. En effet, le plus gros problème de ce film d’aventure réside dans son scénario et l’écriture de ses personnages. Là où les dialogues sont succulents quand ils sont interprétés par un duo Commandeur/Damiens toujours parfait dans leur tempo comique, ils semblent plus forcés quand ils sont récités par un Benoît Magimel qui était plus juste dans Incroyable mais vrai et par un Malik Bentalha aussi mauvais et monotone qu’un Sonic.

L’écriture des personnages va au-delà des dialogues, ils ont tous un parcours parfaitement cohérent et donc extrêmement prévisible dès leurs présentations. Nous savons comment ils vont finir et ce qu’ils vont faire la scène suivante. Il suffit d’avoir vu des films d’aventures comme la saga Indiana Jones, Pirates des Caraïbes ou même des films comme À la poursuite du diamant vert ou le récent Uncharted pour savoir comment Jack Mimoun et les secrets de Val Verde va se dérouler et se conclure. C’est un immense problème, encore plus quand le retournement principal du récit est tout aussi galvaudé. Ce n’est qu’une succession de tropes du genre avec pour seule âme un duo Commandeur/Damiens qui sublime à eux deux chaque séquence.

© Cody Mcfly

La mise en scène globale du long-métrage est tout aussi barbante. La majorité des scènes tournées dans la jungle respire le tournage en studio alors qu’ils ont comme décor la jungle thaïlandaise – qu’ils nous montrent un nombre incalculable de fois dans des establishing shot à rallonge et trop récurrents. Cela est dû au fait qu’il n’y a aucune réflexion sur l’objectif à utiliser, sur la valeur du cadre, sur le positionnement de la caméra : seule la comédie et l’avancée du scénario sont importantes. Les seuls moments où la mise en scène est intéressante c’est dans les quelques moments où elle s’amuse à parodier (la présentation du personnage de Jack Mimoun) et dans son climax où le décor physique du temple ajoute un cachet naturel à l’aventure. Pour le reste du long-métrage, c’est tourné comme une comédie française en forêt avec des tigres trouvés en green screen shot sur Youtube.

Jack Mimoun et les secrets de Val Verde est laborieux sur trop de points pour séduire les spectateurs amateurs du genre, même si on ressent un amour certain pour l’aventure de la part de l’équipe. Une meilleure réalisation et un scénario plus dense auraient pu sublimer ce long-métrage qui manque malheureusement d’âme. Tournez-vous plutôt vers Terrible Jungle de Hugo Benamozig et David Caviglioli qui est non seulement une meilleure comédie mais aussi un meilleur film d’aventure. Pour ce qui est du film de Bentalha et Colbeau-Justin, allez-y seulement pour profiter du talentueux duo Commandeur/Damiens.

Note : 2 sur 5.

Jack Mimoun et les secrets de Val Verde au cinéma le 12 octobre 2022.

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