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[CRITIQUE] 65 : La terre d’avant – Vélociraté

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Par Enzo Durand

65 : La terre d’avant est l’un de ces longs-métrages que l’on attendait le plus pour cette nouvelle semaine de sorties en salles. Il faut dire qu’il a plusieurs atouts pour titiller notre curiosité. Tout d’abord à la réalisation on trouve le duo Scott Beck et Bryan Woods que vous connaissez déjà pour avoir écrit le scénario de Sans un Bruit. Intéressant donc pour réaliser ce film de monstres, surtout qu’a la production on retrouve Sam Raimi, une référence pour les œuvres traitant de créatures de toutes sortes. Mais ce qui nous intrigue le plus c’est bien évidemment son pitch digne d’une série B : Adam Driver incarnant un super soldat (il est d’ailleurs ex-marine dans la vie réelle) qui se voit transporter dans le passé. Il atterrit il y a 65 millions d’années, dans un environnement hostile entre raptors, T-rex et autres dinosaures affamés. L’idée est un peu idiote il faut l’avouer mais elle a ce côté alléchant tout simplement car les divertissement de série B ou nanardesque peuvent offrir tout une panoplie de moments inoubliables. Pourtant avec 65, on se retrouve devant un dilemme inédit : est-ce un divertissement honnête ou un raté de plus pour l’industrie américaine ? De nanar à navet il n’y a parfois qu’un pas. En l’occurrence celui d’une grosse patte de dino.

Adam Driver en train de voir les premières images de 65 / © 2023 CTMG, Inc. All Rights Reserved.

Evaporons vos doux rêves rapidement : 65 : La terre d’avant est à des années lumières de la réussite. Lorsqu’on possède un scénario digne d’une session de jeu entre un enfant et ses dinosaures en plastique il faut savoir lâcher prise et profiter de ce potentiel. Être une série B n’est pas une malédiction et c’est tout sauf un adjectif négatif pour qualifier un long-métrage. A l’origine, et durant tout l’Age d’Or hollywoodien une série B est donc une production peu couteuse, qui réutilise même les décors ou les équipes techniques d’autres films. L’objectif est donc de les diffuser en première partie d’un double programme, des séances diffusés largement à partir des années 20. Bien évidemment au fil des décennies le budget de ces œuvres évolue, en même temps que le budget moyen des productions américaines. Pourtant ces longs-métrages, souvent délaissés par la critique, restent toujours autant ingénieux en termes de mise en scène ou d’idées narratives. Les Séries B ont inspirés par leur audace ou leur originalité de nombreux cinéastes, le pitch de 65 qui laisse penser à ce genre de films est pourtant une fausse piste. Adam Driver s’égare ici dans les méandres du navet plutôt que du crétacé.

Malgré sa cinquantaine de millions de dollars de budget, 65 : La terre d’avant est laid. Les environnements sont quelconques et ne vous laisseront pas un souvenir indélébile tandis que les dinosaures, principale raison d’aller voir le film, sont ratés. Il y a trente ans, un jeune réalisateur du nom de Steven Spielberg faisait bien mieux avec son Jurassic Park que notre film du jour.  Ils ne sont jamais iconifiés ni rendus terrifiants, les raptors de 65 : La terre d’avant restent des abominations visuelles qui tentent vainement d’attaquer Adam Driver pendant 1h30. Même là ou l’on pourrait trouver un avantage au film, il ne dure que 90 minutes, on y trouve finalement un autre défaut : cette heure et demie semble terriblement vide et longue. Les scènes d’affrontements un tant soit peu intéressantes se comptent sur les doigts d’une main tandis qu’elles sont entrecoupées par des pseudos-séquences émotions entre Driver et son compagnon de route, la jeune Ariana Greenblatt. Les dialogues sont navrants entre les deux protagonistes et même l’ex- Kylo Ren ne semble pas savoir comment jouer son rôle (la faute est probablement partagée).

Si même les acteurs préfèrent regarder VelociPastor / © 2023 CTMG, Inc. All Rights Reserved.

65 : La terre d’avant, ressemble à une production Asylum mais coute pourtant plus de 50 millions de dollars. Alors derrière cette vanne peu travaillée on déniche un second problème : les grands studios peuvent t’ils faire des Série B ? L’industrie hollywoodienne tente sans cesse de corrompre la moindre parcelle de culture underground pour espérer capitaliser dessus, nous l’avions d’ailleurs vu dans un article sur les Midnight Movies qui furent tués avec l’arrivée des studios américains, immenses paquebots rempli d’argent et d’intentions douteuses. Ici avec les séries B c’est le même constat : 65 devrait osciller entre plaisir décomplexé et mise en scène ingénieuse pour un résultat soporifique et académique.

C’est quoi le cinéma dans 65 ? On cherche justement encore la réponse, car entre discussions monotones et action ennuyante il est difficile de trouver le moindre intérêt pour ce film de bestioles. L’avantage de la sortie de ce long-métrage en salles c’est qu’il peut mettre en lumières les différences entre un nanar amusant, du vrai plaisir en pellicule, et tout ses imitateurs fades, créés par des I.A (onpense récemment à Mayday ou Scream VI). Dans l’océan de films de dinosaures qui existe, pourquoi se tourner vers les abysses plutôt que vers Jurrasic Park, Carnosaur ou encore VelociPastor. Pour un film de dinosaures c’est un comble d’être à des millions d’années de la concurrence, 65 millions d’années précisément.

65 : La terre d’avant de Scott Beck et Bryan Woods, 1h33, avec Adam Driver, Ariana Greenblatt, Chloe Coleman – Au cinéma le 15 mars 2023

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