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[CRITIQUE] 355 – My name is not Bond, really not James Bond

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Par Enzo Durand

Il pleut énormément et j’ai beaucoup de route à faire pour aller au cinéma. Alors pour me motiver à affronter le mauvais temps nordiste, pour aller voir 355, j’ai décider de regarder un peu qui avait travaillé sur ce film. Pour me donner envie, pour faire monter la fameuse hype. Et ce ne fut pas ce qu’on peut appeler une grande réussite. A la réalisation on trouve Simon Kinberg, qui signe son deuxième long-métrage, le premier étant également une grosse production puisque c’était ni plus ni moins qu’un film de la saga X-Men. Plutôt rassurant quand on repense au fait que cette saga compte de nombreux excellents films. Mais notre ami Kinberg a réalisé le pire d’entre eux : Dark Phoenix. Un film tellement mal accueilli, qu’il a enterré toutes les suites possibles de la saga super-héroïque. Mais comme si un destructeur de film de super-héros ne suffisait pas, j’observe alors que le scénario est écrit par lui-même, et Theresa Rebeck. Son nom ne vous dit peut-être rien mais elle est derrière le scénario du film Catwoman (2004). Le casting en revanche est assez prometteur, avec des actrices dont j’apprécient le travail habituellement. En effet, le film raconte l’histoire d’une équipe d’espionnes qui vont devoir s’unir pour contrer une menace mondiale, la dite-équipe étant composée de Jessica Chastain, Lupita Nyong’o, Diane Kruger, Pénélope Cruz et Fan Bingbing. Plutôt cynique que cette dernière incarne un agent de son gouvernement lorsque l’on sait qu’en 2018, selon un quotidien en hong-kongais, elle a été détenue en secret dans une résidence surveillée dans l’est de la Chine, par son gouvernement. En effet ce dernier l’accusait de fraude fiscale, et lui réclamait un total de 883 millions de yuans, elle a également dû faire des excuses publiques sur ses réseaux sociaux. Tout ça pour dire que je ne me lance pas dans 355 avec un immense sourire, mais est ce que le film m’a donné tort ?

Toujours des rencontres étonnantes dans le métro parisien

L’idée « originale » du film provient de Jessica Chastain qui souhaitait produire un actionner féminin. Encore une fois ce n’est pas un élément rassurant lorsque l’on a vu Ava (2020) ou elle incarnait une tueuse a gages, dans un film fade et oubliable. De manière plus générale l’idée d’un actionner féminin n’est pas nouvelle, il y a de nombreux exemples au fil du temps, des bons comme de nombreux mauvais. Et cette idée d’associer des femmes pour un blockbuster d’action, si on regarde dans les films sortis récemment, elle est rarement bien accueillie par le public, en témoigne le S.O.S. Fantômes de 2016, les très récents Ocean’s 8 (2018) et le reboot des Charlie’s Angels (2019). Et parfois des exceptions arrivent comme l’excellent Atomic Blonde (faites en une franchise bon sang) qui avait su associer de précises chorégraphies d’actions à une très belle et simple photographie. Un actionner intéressant et lisible. Mais alors ou se situe 355 ? Je vais casser très rapidement le suspens : il ne sera pas une exception et c’est mauvais. Mais plutôt de simplement le casser essayons plutôt de comprendre ce qui ne fonctionne pas dedans.

Et c’est du principalement a deux éléments : tout d’abord l’écriture. Bon je ne m’attendais pas à un scénario aux ramifications complexes et passionnantes, mais j’espérais au moins être un peu surpris. 355 est un assemblage de clichés de films d’espionnages, des méchants vraiment très méchants et un seul objectif : courir après un MacGuffin. Un MacGuffin est généralement un objet, qui sert de prétexte au développement de l’intrigue. Pour vous donner des exemples plus parlants : la mallette de Pulp Fiction, le diamant de Snatch ou les pierres d’infinités du MCU sont des MacGuffin, car soit leur présence est uniquement un prétexte pour faire avancer l’histoire, soit leur utilité réelle va être minime comparée à leur présence dans la narration. Mais ça nous en parlerons plus en détails dans une prochaine chronique (je me permets de faire du teasing, vu la qualité du film dont on parle vous m’excuserez j’en suis certain). Bon je n’ai rien contre les MacGuffin quand ils permettent à un récit de s’enrichir, et ici ce n’est pas vraiment le cas. Les péripéties pour le récupérer ? De simples scènes d’actions ou de poursuites sans aucune originalité. Les développements de personnages ? Aucun, sauf un personnage relativement éloigné de ce monde d’assassinats et de complots qui se met alors à commettre un meurtre. Ça c’est du grand développement (non) ! Mais le point qui vient vraiment m’énerver ce sont les incohérences. Lorsque dans un film, avec un tel temps de préparation et un tel budget, on arrive à ce niveau d’incohérences c’est purement et simplement de la fainéantise et de l’irrespect. Et un film qui ne respecte pas son spectateur j’ai forcément du mal à l’apprécier. J’avais promis au paragraphe précédent de ne pas le casser, comme quoi de nos jours on ne peut plus avoir confiance en personne. Pour revenir aux incohérences du film, je ne vais pas vous laisser sur votre faim et en partager avec vous. Tout d’abord, un personnage du film va accompagner cette équipe d’agentes pour la simple et unique raison qu’elle peut ouvrir un téléphone avec son empreinte. Bon c’est bancal mais ça pourrait se tenir si on n’avait pas vu CINQ MINUTES auparavant qu’elle peut tout simplement rajouter une autre empreinte a ce téléphone ? Et puis ce n’est pas comme si cette équipe était composée d’une spécialiste en hacking et en technologies capable de pirater un grand nombre de systèmes de sécurité ? C’est juste de la fainéantise d’écriture et ça m’énerve à nouveau. Et puis je ne vous parle pas des nombreuses fois ou elles sortent leurs armes en pleine rue sans jamais inquiéter personne.

Avengers (2012)

Bon on a compris que l’écriture était aussi profonde qu’un pédiluve mais de nombreux excellents films d’actions sont également faiblement scénarisé. Alors est ce que 355 se rattrape sur ses scènes d’actions ? Vous vous en doutez, même ici il n’est pas surprenant et il se ramasse totalement. Déjà la grande majorité de ses scènes d’affrontements ont étaient vues et revues. Et en plus de cela, lorsque que certaines chorégraphies de combats semblent intéressantes, le film se met à alterner des plans durant trois secondes grand maximum. Ce n’est pas une blague je me suis amuser à compter, lors des scènes d’actions de 355 un plan dépasse rarement les deux secondes. Bon déjà ça rend l’action illisible et également le lieu d’action assez flou, ce qui est gênant dans des poursuites. Mais en plus de cela c’est fatiguant d’essayer de suivre la moindre scène lorsque notre regard ne peut s’attacher à aucun élément. Il y a une scène ou le personnage principale du film se compare à James Bond, alors grand maximum vous pouvez vous comparer à Quantum Of Solace mais n’allez pas plus loin, s’il vous plait. Et cette manière d’être toujours en mouvement, ça marchait dans les Jason Bourne peut-être, mais encore une fois ce n’est pas au niveau ici. A aucun moment on ressent l’intensité des coups ou la tension des enjeux. Le plus grand problème de 355, c’est de ne jamais réussir a nous impliquer dans son récit, de ne jamais nous faire ressentir le moindre début d’émotion.

Vous l’aurez compris je ne vous recommande pas d’aller voir 355, c’est mauvais et même pas assez jouissif dans ses scènes de combats pour nous amuser. C’est quoi le cinéma ? Le cinéma c’est assez incroyable comme expérience, une journée avant 355, j’ai découvert Matrix Ressurections qui est un film infiniment riche et travaillé. Le jour d’après, je me retrouve devant 355, dont le vide total est effrayant. J’ai essayé de me raccrocher a ce qui pouvait être sauver, notamment Sebastien Stan, ou un twist de milieu de film. Mais même lui finit par cabotiner, et ce twist on ne va pas se mentir : on l’a tous vu venir. Une dernière chose qui m’a énervé avant de conclure cette critique : le titre du film. Une référence a l’agent 355 durant la guerre d’indépendance américaine, une espionne qui aurait aidé le Culper Ring : un immense réseau d’espionnage dirigé par Benjamin Tallmadge et George Washington. Cette référence n’a aucun rapport avec le film, elle est juste lancée comme ça sans explications. La seule chose qu’on remarque c’est qu’on adorerait voir un film sur la vrai agent 355 et pas sur les pales copies de Kinberg.

Note : 1 sur 5.

355 au cinéma le 5 janvier 2022.

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