[CRITIQUE] The Power of Dog – Les couilles de Cumberbatch

Tout au long de sa carrière, Jane Campion a observé la féminité et les comportements féminins à travers sa lentille très personnelle. La sensibilité unique de Campion se tourne maintenant vers la masculinité avec The Power of Dog. Si cela peut paraître étrange pour certains, elle s’avère parfaitement adaptée à ce matériau. En adaptant le roman de Thomas Savage, Campion réussit à créer un drame complexe et émotionnel qui ne va jamais vraiment là où on l’attend. Porté par des images somptueuses et des performances impeccables, ce film est l’une des meilleurs exclusivité de la plateforme de l’année. De plus, il pourrait bien finir par être dans plusieurs top des meilleurs films de 2021. Croyez-en la rumeur, car ce film a tout pour plaire.

The Power of Dog est très contemplatif, mais jamais proche de l’ennui. Ce qui aurait pu être un un film à Oscar plat est au contraire tout à fait regardable et se construit jusqu’à quelque chose de stupéfiant. Même si vous savez où cela va vous mener, Campion est prête à vous couper l’herbe sous le pied. L’intense éleveur Phil Burbank (Benedict Cumberbatch) est un homme de son temps. Brutal et bourru, il est plein de charisme mais aussi de colère et de haine. Avec son frère George (Jesse Plemons), plus gentil et mieux habillé, ils dirigent une entreprise prospère. Ils sont proches, mais Phil taquine George à tout moment, et il est clair qu’il y a un stress entre eux. Un jour en ville, Phil tourne son tempérament à la cruauté vers la veuve Rose (Kirsten Dunst) et son fils Peter (Kodi Smit-McPhee). Les faisant pleurer tous les deux, il se moque du garçon, ce qui enthousiasme son équipe, mais conduit George à commencer à faire la cour à Rose. Peu de temps après, ils se marient. Bouleversé par ce changement, Phil commence à tourmenter Rose en fredonnant un air qu’elle est incapable de jouer au piano. Plus tard, Peter vient séjourner au ranch avant de retourner à l’école de médecine. Les jeux d’esprit de Phil ont poussé Rose à boire, mais à un moment inattendu, il se montre tendre envers le garçon. Bientôt, une amitié se noue. Phil en révèle davantage sur son passé et sur son affection pour l’homme qui lui a tout appris. Peter est ému, mais reste également méfiant quant aux motivations de Phil. Que se passe-t-il ici ? Vous verrez, bien sûr.

Cumberbatch contemple une fleur, on est subjugué.

Benedict Cumberbatch livre la performance de sa carrière. Le quatuor est excellent, avec Kirsten Dunst et Kodi Smit-McPhee qui brillent vraiment, mais Cumberbatch est à un tout autre niveau. Mélangeant charisme et cruauté, c’est un rôle unique en son genre qu’ilutilise à merveille. Même son changement brutal est géré avec brio par Cumberbatch. Smit-McPhee est une révélation, surtout dans certaines scènes ultérieures avec Cumberbatch, tandis que Dunst est déchirante. Jesse Plemons est excellent aussi, mais son personnage disparaît un peu. Parmi les seconds rôles, on trouve Keith Carradine, Frances Conroy, Thomasin McKenzie, etc. La scénariste et réalisatrice Jane Campion a vu quelque chose dans The Power of Dog et fait vraiment nuancer le matériau. Son scénario est habile et ne s’arrête jamais pour vous permettre de rattraper le temps perdu. Sa mise en scène est brillante. La photographie et la musique évoquent un sentiment spécifique qu’il faut voir et entendre pour comprendre. Certains vont le comparer à There Will Be Blood, et c’est un film très différent, mais c’est un bon point de départ pour comprendre l’ambiance. Les Oscars vont probablement se manifester pour ce film. Une nomination pour le meilleur film semble acquise, de même qu’une nomination pour le meilleur acteur pour Benedict Cumberbatch. Après cela, tout dépend de l’accueil que lui réserveront les spectateurs. Plus ils le feront, plus Kirsten Dunst aura de chances d’être nommée dans la catégorie Meilleure actrice ou Meilleur second rôle féminin (selon le classement des catégories) et Jane Campion dans les catégories Meilleur réalisateur et Meilleur scénario adapté.

Petit rappel de nos regards par la fenêtre durant le confinement.

The Power of Dog a du punch. Même au-delà de son potentiel de récompenses, c’est tout simplement du cinéma irrésistible. C’est du cinéma avec un grand C qui ne pourra pas être diffusé dans nos salles françaises à cause de l’exclusivité Netflix. Cette décision est regrettable à la fois pour le film mais aussi pour ses spectateurs, privés de l’ambiance sombre et contemplative de la salle de cinéma. Sur notre télévision, le long-métrage se savoure sans pour autant s’apprécier au maximum. L’ennui survient plus rapidement, ce qui n’est pas la faute du film car comme dit précédemment, celui-ci est bien rythmé. Ne vous laissez pas distraire par votre téléphone et ce qui vous entoure, découvrez quand vous en aurez vraiment l’envie et plongez vous dans cette belle aventure. La note peut sembler basse, mais c’est le format de diffusion qui en est la cause.

Note : 3.5 sur 5.

The Power of Dog sur Netflix le 01 décembre 2021.

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