46ᵉ FESTIVAL DE DEAUVILLE (2020)AUJOURD'HUI, LE CINÉMA

[CRITIQUE] Résistance – On veut du silence, on a beaucoup trop de bruit

Résistance est tellement frustrant qu’il fait des comparaisons avec la puanteur criminalisée de l’année dernière, Harriet. Le film de Jonathan Jakubowicz, bien qu’il ne soit pas aussi ridicule que le scénario et la cinématographie de qualité feuilleton de ce film, a fait bouger des parties de genre qui ne fonctionnent pas nécessairement comme elles le devraient. Il tente sans succès d’équilibrer les débuts du légendaire artiste mime Marcel Marceau en tant que jeune acteur et membre clé de la résistance française tentant de chasser la présence nazie en France. Cependant, quand dans le film, Marcel arrive à atteindre sa vitesse de croisière et son objectif principal, le film, malheureusement, s’est déjà enfermé.

Synopsis : Jesse Eisenberg joue Marcel Mangel, avant d’être Marcel Marceau, le fils d’un boucher, essayant d’être le prochain Charlie Chaplin pendant son temps libre et de rompre avec les affaires de son père. Il se retrouve pris dans un groupe de jeunes révolutionnaires; il est déterminé à affronter les nazis et son chef impitoyable, Klaus Barbie (Matthias Schweighöfer), un agent de la Gestapo chargé de nettoyer le pays de ses ennemis. Tout en combattant la présence allemande, Mangel, sa petite amie Emma (Clémence Poésy) et son cousin Georges (Géza Röhrig) commencent à aider à faire passer des orphelins juifs à travers la frontière française et en Suisse pour échapper à une mort certaine.

Mettre en lumière le mime Marceau 

Le film du réalisateur Jonathan Jakubowicz est un drame biographique victime de sa propre ambition et se transforme en film-formule pour sortir le scénario du film de sa situation difficile. Le film a des éléments qui fonctionnent, par exemple, les scènes d’ouverture et de clôture d’Ed Harris jouant le général George Patton présentant Marceau pour divertir ses troupes, qui ajoutent une importance certaine au récit et sont historiquement exactes. Au moment où le film se termine, son art apporte un sens plus profond et vient évidemment d’un endroit où il faut se taire publiquement et rester silencieux pour éviter les troupes nazies. Un double sens super-inventif qui permet au film de se terminer sur une bonne note. De plus, Jesse Eisenberg se donne a fond, une empathie se crée instantanément pour le personnage de Marcel Marceau. 

Trop de blabla pour pas assez de vrai-vrai

Cependant, le film ne fonctionne pas, lorsqu’il tente de créer plusieurs personnages composites pour créer une romance et un mélodrame alors que la vraie histoire était suffisante pour être intéressante. Le scénario aurait dû se concentrer davantage sur la préparation de Marceau avant et après sa performance. Si Eisenberg avait pu montrer une réflexion profonde sur le voyage et utiliser sa mémoire pour raconter l’histoire à travers des flashbacks, cela aurait apporté au film une meilleure structure, enlevé son récit décousu et passé moins de temps sur sa carrière d’acteur précédente. Résistance commence à créer une quantité décente de suspense lorsqu’elle planifie sa première attaque et lorsqu’elle tente de faufiler ses orphelins. Le vrai crédit devrait être donné à Eisenberg, qui est très bon ici, qu’il s’agisse de divertir ses enfants comme Roberto Benigni dans La Vie est Belle, de les conduire à travers des montagnes enneigées vers une vie meilleure, comme Julie Andrews dans La Mélodie du Bonheur, cela fait honneur à un artiste qui était un héros extraordinaire et qui a influencé son propre domaine par son héroïsme. 

Une des excellentes scènes du film, énorme séquence de tension.

Jesse Eisenberg, partout, tout le temps

En fin de compte, Résistance est un film qui tente d’honorer un homme avec une histoire “secondaire” que beaucoup de gens aujourd’hui ont oublié ou ignorent. Il n’avait pas besoin de créer un mélodrame pour vendre au spectateur le pouvoir de sa propre histoire ou de l’utiliser pour raconter une histoire sur trois personnes réelles (Marceau, Barbie, Loinger). Néanmoins, on vous recommande ce Résistance, ne serait-ce que pour savourer le tour de force d’Eisenberg qui honore l’héroïsme d’un homme, mais, finalement, esquive une chance de nous la raconter de la meilleure des manières, y compris comment les événements ont transformé l’art du mime.

Résistance disponible dans la catégorie « première » de MyCanal dès le 25/11.

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Written by
Louan Nivesse

Rédacteur chef.

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