[CRITIQUE] Raging Fire – L’héritage du cinéma hongkongais

Le dernier film de Benny Chan, qui est décédé d’une tumeur peu après avoir terminé le tournage de ce film, est un grand film qui se penche sur la plus glorieuse tradition du cinéma hongkongais des années 80 et 90, en l’adaptant aux exigences actuelles. Un flic incorruptible. Un autre, son ancien protégé, devenu criminel. Raging Fire c’est l’histoire de deux anciens amis devenus des ennemis jurés. Une histoire de vengeance, plutôt que de vol, ou d’action. Une histoire qui soulève toutes ces questions sentimentales, psychologiques et philosophiques sur le sens de la loi et de la morale, de l’éthique et de l’amitié, qui ont été à la base de ce qui fut l’âge d’or du cinéma d’action de Hong Kong.

Donnie Yen casse la baraque.

Pour le réaliser, Benny Chan, l’un des meilleurs élèves de cette génération de réalisateurs, qui est décédé prématurément l’année dernière, peu après avoir terminé le tournage de ce film, qui est dédié à sa mémoire. Chan se penche sur ce passé glorieux et le remet en scène, en le modernisant et en le corrigeant à notre époque. À l’action mouvementée menée par des pistolets, des mitrailleuses et d’autres armes tactiques ayant la précision d’un Michael Mann (Heat est explicitement mentionné dans au moins deux scènes, ainsi que dans de nombreuses répliques) sont associées des chorégraphies d’action téméraires et des combats d’arts martiaux, des poursuites en voiture acrobatiques et pyrotechniques. La barre est placée de plus en plus haut, la vraisemblance est un faux problème, le spectacle et les émotions sont tout ce qui compte. Hong Kong nous l’a appris. Benny Chan le sait très bien.

Anges & Démons

D’un côté le visage propre et humble de la loi, le détective joué par Donnie Yen, un visage contrarié pour le sens du devoir, et aussi pour celui de la culpabilité. Car de l’autre côté, il y a le néo-gangster Nicholas Tse, impitoyable, prophétique, excessif, devenu un diable parce que c’est son vieux mentor qui l’a fait tomber quand il était encore un ange, victime d’un surmoi qui gagne aussi l’amitié. Autour, toutes les nuances de ce que signifie être un policier, être un ami, être un être humain. Entre les deux polarités de ces personnages, des étincelles permanentes : que ce soit celles qui naissent des armes à feu ou des combats à mains nues, ou celles produites par la tension des face-à-face où le passé pèse sur eux autant qu’un futur inévitable et sanglant. Comme dans ce cinéma dont Raging Fire est l’héritier et le prolongement, le sentiment n’est jamais quelque chose qui alourdit le récit, ou qui alourdit l’action, bien au contraire. Et bien qu’il soit l’enfant de ce court-circuit continu qui a commencé dans les années 80 et qui a amené Hollywood à prendre de Hong Kong et inversement, jusqu’à ce que les véritables échelles de miroir soient confondues, il a une telle habileté dans l’action qu’en Amérique on devrait l’étudier par cœur.

126 minutes, celles de Raging Fire, qui sont 126 minutes dans lesquelles la force, la précision, l’élégance, la spectacularité et même la coquetterie du cinéma hongkongais s’emparent sans échappatoire : qu’émergent, dans le contexte d’une ville comme toujours merveilleuse, plus les nuances sombres du noir ou celles claires et étincelantes de l’action pure.

Note : 4 sur 5.

Raging Fire en DVD et Blu-ray le 26 mai 2022.

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