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[CRITIQUE]  Indiana Jones et le Cadran de la Destinée – Ça fouette

15 ans après le (trop injustement) décrié 4ème opus, Indiana Jones reprend du service pour son baroud d’honneur, cette fois avec James Mangold (Walk the Line, Logan) à la réalisation au lieu de Steven Spielberg, et surtout sans George Lucas pour superviser le scénario. Vu l’âge d’Harrison Ford, on pouvait se demander si cette dernière aventure ne serait pas celle de trop, lui qui semblait déjà trop vieux dans les récents Star Wars. Pari réussi pour Disney et Lucasfilm ?

Et bien si le pari était de faire un meilleur film que le 4, on peut dire que oui, timidement. James Mangold s’assure de livrer un film correctement fabriqué, sans ratage fondamental dans l’écriture ou la mise en scène, globalement efficace, mais malheureusement il ne parvient jamais à transcender son sujet. Il rend une copie de bon élève, prouvant qu’il sait faire un film Indiana Jones, mais réussir à y mettre les mêmes ingrédients ne lui donne pas forcément la même saveur.

© 2022 Lucasfilm Ltd. & TM. All Rights Reserved.

Pouvait-on décemment attendre des idées aussi brillantes que celles de Spielberg ? Non, mais Mangold a prouvé par le passé qu’il pouvait s’emparer d’une franchise et lui apporter quelque chose d’unique. Alors qu’ici, le film semble parfois, voire souvent, désincarné, insipide. La faute notamment aux visuels du film. Le tournage en pellicule faisait partie du charme de la saga, conférant un cachet old school aux aventures d’Indy, se déroulant dans les années 30 (et 50 dans le 4).

Pour ce cinquième opus figurant en 1969, le cinéaste a opté pour un tournage en caméra numérique, ce qui avait de quoi inquiéter dans la continuité des précédents, mais le résultat s’avère pire que prévu :  en plus d’une laideur parfois ahurissante (les effets spéciaux ne sont pas aboutis), l’image semble affreusement lisse, sans relief, ce qui donne également un aspect poupée de cire à Harrison Ford, rajeuni numériquement au début du film.

© 2022 Lucasfilm Ltd. & TM. All Rights Reserved.

Concernant les scènes d’action, elles sont correctement filmées et relativement lisibles mais aucune véritable idée de mise en scène, de chorégraphie ou autre ne sort du lot pour en rendre au moins une mémorable. La course-poursuite en tuk-tuk rappelle le train wagon dans le Temple Maudit, mais on est loin du dynamisme et de la folie qui rendait cette séquence digne de montagnes russes… Seule une idée de changement de décor (pour ne pas trop en dévoiler) rend le climax plutôt fun comparé au reste, mais le concept n’est pas poussé bien loin.

Des adieux timides, en demi-teinte donc pour Indiana Jones, qui quitte l’écran de cinéma dans un film malheureusement trop peu inspiré, laid et fade, malgré une base d’écriture et de réalisation correcte, mais qui ne parvient jamais à livrer un spectacle réellement saisissant. On en attendait plus de James Mangold.

Indiana Jones et le Cadran de la Destinée de James Mangold, 2h34, avec Harrison Ford, Phoebe Waller-Bridge, Mads Mikkelsen – Au cinéma le 28 juin 2023