[CRITIQUE] Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire – Terre et Tête Creuses

Il y a trois ans, Godzilla vs Kong s’est vu privé d’une sortie dans les salles françaises, alors que leur réouverture post-pandémie était imminente. Bien que la qualité artistique du film semblât discutable, il aurait été préférable de voir ces deux monstres se battre sur grand écran, ce qui aurait bénéficié au box-office hexagonal. La suite, intitulée Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire (remarquez le subtil remplacement du “versus”, indiquant la fin de leur affrontement), arrive cette fois-ci au cinéma chez nous, mais ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle, ni pour vos yeux ni pour vos neurones.

Pour commencer sur une note plutôt positive, on sent que le réalisateur aime filmer Kong, et cette aventure sans dialogues en terre creuse évoque un imaginaire sorti des œuvres d’Arthur Conan Doyle, ce qui est appréciable. Du côté des humains, on retrouve Rebecca Hall et Brian Tyree Henry, toujours assez sympathiques, mais rejoints par un Dan Stevens qui atteint des sommets de cool avec sa belle chemise hawaïenne, son accent britannique et ses clins d’œil ravageurs.

En revanche, concernant Godzilla… qu’il ait un temps d’écran limité, pourquoi pas, mais ici, il se retrouve cantonné à être un invité de luxe dans un film Kong, alors que son nom figure en premier sur l’affiche. Son rôle est semblable à celui d’un bon chien de garde qui fait la sieste la plupart du temps, puis se réveille quand il sent un intrus sur son territoire. Les deux premiers films du “monsterverse” qui lui étaient consacrés avaient, malgré de nombreux défauts, réussi à le représenter comme une divinité. Une mythologie que ce film ne prend plus la peine de respecter, tout comme son design, puisque l’on troque le Godzilla lourd, massif et lent pour un grand lézard tonique capable de sprints et d’acrobaties simiesques après plusieurs mois à la salle de muscu.

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En parlant de respect pour les Kaijus japonais, l’un des plus célèbres fait une apparition surprise dans le récit, mais ce retour est absolument affligeant. Un design numérique bancal et une mythologie, pourtant réinvestie avec plus ou moins d’habileté dans King of the Monsters, qui passe complètement à la trappe ici, au profit d’un rôle fonction ridicule, vidant la créature de toute sa substance poétique. Quant aux nouveaux monstres, censés être les antagonistes, on a rarement fait pire, même au sein du monsterverse, puisqu’ils sont de pâles copies sans charisme des deux stars du film.

Sans surprise, le scénario ne parvient jamais à créer un récit cohérent, avec des enjeux dramatiques ou un quelconque propos intéressant. La mise en scène d’Adam Wingard est toujours aussi peu impactante en termes de gigantisme, notion pourtant centrale dans un film de kaijus, mais il parvient à faire encore moins bien que le précédent volet, notamment sur les scènes d’action. Par exemple, le duel entre Godzilla et Kong dans un Hong Kong aux immeubles stabilotés aux néons à outrance, bien que le combat ne soit pas mémorable, le cinéaste offrait tout de même une certaine lisibilité grâce à un découpage et des mouvements de caméra fluides et aérés. Ici, c’est tout le contraire : des choix de valeurs de plans discutables, un découpage peu judicieux et des effets spéciaux numériques moins aboutis.

Godzilla x Kong échoue lamentablement dans sa promesse de plaisir régressif, ne parvenant jamais à être pleinement divertissant et n’offrant pas le quart de la folie pulp de certains films de l’ère Showa dont il semble s’inspirer. Adam Wingard ferait mieux de faire un vrai film sur le gorille géant et de laisser Godzilla et ses copains de la Toho en paix.

Godzilla x Kong : le Nouvel Empire, 1h55, avec Rebecca Hall, Dan Stevens, Brian Tyree Henry – Au cinéma le 03 avril 2024

3/10
Note de l'équipe
  • Vincent Pelisse
    2/10 "C'est nul !"
  • JACK
    3/10 Simple comme nul
    Avec ses raccourcis aussi gros que les monstres qu'il met (pauvrement) en scène, Godzilla x Kong continue de travestir ses kaijūs en super-héros, ici complètement débarrassés de leur poids physique et symbolique. Reste un passage dépaysant et inspiré chez les primates.
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