Crazy Bear, c’est l’histoire vraie adaptée à l’écran d’un ours ayant avalé un paquet de poudre blanche au beau milieu d’une forêt du Kentucky dans les années 80. Si, dans la vraie vie, « Pablo Eskobear » est mort sur le coup, il se livre dans les salles obscures à une chasse à l’homme sanguinaire. Crazy Bear, c’est exactement ce à quoi vous vous attendez : de la drogue saupoudrée d’humour loufoque et de débilité.
Il ne faut pas s’attendre à voir autre chose que ce que le titre annonce en s’installant dans son siège de cinéma. Elizabeth Banks nous promet un ours violent sous cocaïne, et c’est exactement ce que nous voyons pendant près de 95 minutes. L’histoire n’investigue ni un sous-texte intéressant, ni une critique plus profonde… Non, il s’agit d’un pur divertissement. Ce n’est pas pour autant que le film est vide : malgré un début et une fin laissant à désirer, le milieu du film offre de bonnes tranches de rigolade. Se présentant comme un slasher revisité, Crazy Bear instaure un suspense ambiant lorsque l’ours traque les différents protagonistes. Plusieurs spectateur.rices se surprendront très certainement à frissonner à la fois de crispation et d’amusement devant diverses scènes de ce spectacle. Quoi qu’il en soit, le film propose quelques séquences qui feront rire, ou du moins sourire les plus amers d’entre vous.
Concernant les différents personnages, certaines critiques que l’on peut lire sur le net dénoncent leur pluralité excessive. Mais au contraire, les différents héros permettent de lancer le jeu du slasher. Qui survivra ? Qui ne survivra pas ? Ne mentons pas, ils sont tous extrêmement clichés, mais cette dimension stéréotypée est obligatoire : impossible de développer autant de personnages en si peu de temps. Mais plus encore, Banks l’assume et en joue dans son film. En effet, elle catégorise par exemple Sari en une maman cool et une infirmière, Eddie en looser sentimental, Dee Dee en jeune fille téméraire et trop intelligente pour son âge, et ainsi de suite. Ces personnages ultra-clichés alimentent la fonction première du film qui est vendu avant tout avec un humour arriéré voire restreint, tout en proposant un divertissement aux petits oignons. Cependant, il est indispensable d’éprouver un certain regret pour le personnage de Ray Liotta assez peu convaincant.
Quand bien même Crazy Bear est un agréable batifolage, il ne demeure pas à cent pourcent un divertissement pour toute la famille. Le film exploite et parodie les codes du slasher. Un ours en soif de tuer poursuit une série de promeneurs pour tenter de combler son manque provoqué par la cocaïne. Certaines scènes sont violentes et peuvent parfois décontenancer. Un poursuivant, des poursuivis, du suspens et de l’horreur… Mais rassurez-vous : cette dernière reste du début à la fin ponctuée d’humour complètement abracadabrant. Un ours humanisé, des personnages stupides, des situations absurdes et des fous rires… Au final, Crazy Bear utilise bien les codes du slasher, mais en les détournant afin de produire un effet rocambolesque, extravagant et excentrique. C’est là où la dimension ultra-clichée citée ci-haut est également importante : cela permet de ne pas s’identifier ou s’attacher de trop aux personnages dans le but de produire un effet comique sur leur potentielle mort.
Malgré quelques faiblesses narratives et de montage, Crazy Bear est un film qui ne ment pas à son public en proposant exactement ce qu’on attend de lui : un bon divertissement qui permet de souffler entre deux autres films plus sérieux. Voyons-le comme une bouffée d’air frais et de rigolade dans nos visionnages et n’attendons pas de lui plus que ce qu’il n’a l’air de proposer. Parfois, il est essentiel de regarder des films plus légers et de ne pas se prendre la tête à tout prix afin de décompresser de tout le stress de nos vies quotidiennes.
Crazy Bear d’Elizabeth Banks, 1h35, avec Keri Russell, O’Shea Jackson Jr., Christian Convery – Au cinéma le 15 mars 2023