[CRITIQUE] Boys from County Hell – Désespérant Vampire

La représentation cinématographique des vampires trouve son origine en grande partie dans l’oeuvre de Dracula, figure la plus illustre de la fiction vampirique. Boys from County Hell s’inscrit dans un cadre que Bram Stoker aurait potentiellement puisé dans une légende locale lors de sa visite en milieu rural à Six Mile High, au cœur des années 1890. Par le truchement de son personnage emblématique, Stoker accéda à la renommée, incitant le petit village à exploiter cette visite mémorable de l’auteur, tandis que les autochtones et leur folklore demeuraient largement méconnus. C’est précisément ce genre de toile de fond qui offre un terreau fertile à une comédie d’horreur, lorsque de malhabiles jeunes résidents libèrent accidentellement la créature qui a inspiré Dracula.

Eugene Moffat (incarné par Jack Rowan) et ses comparses aiment à noyer leur ennui au pub local, baptisé du nom de l’écrivain d’horreur Bram Stoker. Ils divertissent les touristes friands de sensations fortes en exploitant le folklore local et en mettant en scène un ancien cairn au milieu d’un pâturage. Mais lorsque Eugene et son père désapprobateur (interprété par Nigel O’Neill) se voient confier la tâche de creuser aux alentours, Eugene renverse malencontreusement le cairn, réveillant ainsi l’inspiration méconnue et plus terrifiante de Dracula.

Réalisé et écrit par Chris Baugh, Boys from County Hell s’ouvre sur une scène taquine, annonciatrice d’une approche non conventionnelle de la mythologie vampirique. En ce qui concerne l’aspect horrifique de cette comédie, Baugh propose une interprétation rafraîchissante du monstre classique, respectant ses propres règles. Ici, nulle trace de romantisme dans les créatures sanguinaires. Si le volet comique est abordé, il peine quelque peu à convaincre. Une grande partie de cet aspect repose sur la représentation d’Eugene, jeune dépourvu d’ambition et peu enclin à assumer ses responsabilités. L’humour, censé émaner principalement du conflit entre un père bourru et un fils distant, est souvent présenté de manière trop directe. Le fait qu’une dynamique parallèle père/fils soit également explorée vient alourdir l’ensemble, conférant à cette comédie d’horreur une tonalité plus éloignée de la pure comédie. Pendant une grande partie du récit, Baugh adopte une approche minimaliste de son monstre, ce qui rend les rares apparitions de ce dernier à l’écran d’autant plus intrigantes et mystérieuses. Cependant, cela laisse surtout un sentiment de frustration, un désir de plus, non nécessairement dans le sens souhaité. Le troisième acte offre certes son lot d’effusions de sang et de chaos monstrueux, mais une part importante du récit est dévolue aux tourments d’Eugene sous l’emprise de la pression familiale et de ses répercussions sur ses amitiés. Si cela confère aux personnages une profondeur accrue, cela a pour effet de reléguer au second plan l’aspect comique et horrifique de la narration.

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Malgré tout, le long-métrage possède ses attraits. La mythologie vampirique offre un terrain où les règles classiques d’extermination ne s’appliquent pas, et cette créature se démarque nettement de ses prédécesseurs vampiriques. Ce tueur se révèle également d’une redoutable sauvagerie dans ses meurtres. Baugh fait montre d’une extrême retenue dans la mise en scène des frasques du vampire, évitant tout excès. Le film est réalisé avec soin, et les décors naturels ajoutent indéniablement à la qualité de la production. Toutefois, tel que le suggère le titre, l’histoire du vampire devient finalement secondaire face au récit d’un jeune en quête de repères, aux prises avec un père bourru et émotionnellement distant. Cette focalisation narrative engendre un rythme qui s’essouffle quelque peu au milieu du récit.

Boys from County Hell trouve davantage son succès en tant que tableau de la vie dans une petite communauté que comme une comédie d’horreur effervescente. Le film prend véritablement vie lorsque Baugh se concentre pleinement sur les éléments horrifiques. Bien qu’il ne touche peut-être pas toutes les cordes escomptées, il laisse néanmoins un goût de sang vampirique insatiable.

Boys From County Hell de Chris Baugh, 1h29, avec Jack Rowan, Nigel O’Neill, Louisa Harland – Prochainement

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