La sortie de Balle Perdue le 26 juin 2020 a bouleversé les attentes de Netflix et les spectateurs, surpris par le succès critique et international du long-métrage. C’est étonnant car il s’agissait non seulement d’un projet plutôt ambitieux pour ce jeune cinéaste qu’est Guillaume Pierret – qui signait son premier film – mais c’était aussi un pur film d’action français. Un thriller policier mince, plein d’action, qui remplissait toutes les cases de ce que l’on attend de ce genre de films. Il y avait des poursuites en voiture, des fusillades et des combats à mains nues. Il mettait en scène des flics véreux, des dissimulations, des trahisons et des vengeances. Le tout était soutenu par une histoire qui a suffisamment d’énergie et de cran, mais qui n’avait pas l’étincelle narrative nécessaire pour se distinguer des autres.
Grâce à un Alban Lenoir charismatique et des scènes d’action dynamiques et inspirées, Balle Perdue a su convaincre une grande majorité de spectateurs, occasionnels ou cinéphiles, internationaux. La suite n’a pas eu le temps de se faire attendre, deux ans plus tard, elle est déjà là.
Dans cette suite presque directe – il y a, après une séquence introductive, un bond dans le temps d’une année – nous retrouvons Lino (Alban Lenoir) et Julia (Stéfi Celma), qui après la mort de Charras, ont pris la relève et forment la nouvelle équipe de choc de la brigade des stups. Bien déterminé à retrouver les assassins de son frère et de son mentor, Lino continue sa traque et ne laissera personne se mettre en travers de sa route. Un scénario encore plus simple que le premier, beaucoup plus focaliser sur son personnage principal que sur les protagonistes de soutien mais qui, pour ne pas perdre de la valeur, est bien évidemment rempli de surprises en particulier concernant son acolyte Julia, qui bénéficie ici d’une intrigue inattendue et bienvenue qu’on ne veut assurément pas vous gâcher.
Cependant, la simplicité du scénario sert l’essentiel : l’ambition de son réalisateur. Balle Perdue 2 n’est qu’un prétexte pour Guillaume Pierret d’exprimer son envie d’action et de renouveau dans le cinéma français. En y insufflant un dynamisme et des inspirations toujours plus poussés – entre l' »ever bigger » à l’américaine et la nervosité du cinéma asiatique (pensez à The Raid ou aux thrillers hongkongais -, la mise en scène n’a qu’un objectif, qu’il réussit très bien, nous immerger en plein milieu de ses combats et de ses courses-poursuites pour nous faire bondir de plaisir et d’extase. Son positionnement est toujours pensé pour provoquer l’effet consenti, pour toujours plus sublimer le charme inné de son acteur principal et surtout pour donner ce divertissement – qui, on ne va pas se le cacher, aurait mérité le grand écran.
Il y a tout de même quelque chose qui bloque lors de ces scènes, car même si la minutie des cadres, des cascades (toujours plus impressionnantes et fluides), du montage (parfaitement lisible) et de l’ambiance sonore se ressent, le soin accordé à la musique composée par Romain Trouillet est toujours contestable. La franchise Balle Perdue manque d’un thème marquant, qui revient sous différentes variations selon les ambiances. Ici, comme pour le précédent, les partitions semblent génériques ce qui, même si c’est léger, retire une pincée de spectaculaire aux actions.
C’est le seul vrai gros problème du film et de la franchise puisque Balle Perdue 2 est toujours servie par une distribution de haut niveau. Stéfi Celma est toujours plus impressionnante dans le rôle de Julia, elle prend en empathie le spectateur dès lors qu’elle apparaît dans le champ, même lorsque ses décisions ne sont pas celle que l’on attend. Dans des rôles plus mineurs, on y retrouve la toujours impeccable Pascale Arbillot, le charmant Diego Martín et le toujours sympathique Jérôme Niel. Néanmoins, celui qui transpire de charisme c’est bel et bien toujours l’engagé Alban Lenoir qui donne du corps à ses émotions et à ses cascades. C’est un héros que l’on peut comparer sans honte à un John McClane ou à un Martin Riggs, même si Lino est contraint de subir sa quête de vengeance et ses tortures.
L’ascension des personnages et la puissance des visuels de Guillaume Pierret au sein de sa franchise Balle Perdue sont exponentiels. Alors qu’un troisième opus est déjà en préparation pour (encore et toujours) Netflix, on peut espérer qu’après sa trilogie, le réalisateur restera en France et signera pour le grand écran tant ses ambitions et ses qualités de metteur en scène sont signe d’espoir pour le cinéma français, doivent être diffusées au cinéma, à l’international. Balle Perdue 2 c’est de la bombe.
⭐⭐⭐⭐
Note : 4 sur 5.Balle Perdue 2 sur Netflix le 10 novembre 2022.