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[RETOUR SUR..] Burning (2018) – L’Avventura Coréenne

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Par Vincent Pelisse

Après son Lion d’Argent à Venise pour Oasis et un Prix du Scénario à Cannes pour Poetry en 2010, le metteur en scène Sud-Coréen Lee Chang-Dong revient dans la sélection Cannoise en 2018 avec Burning, son dernier long-métrage en date, dans lequel on retrouve Steven Yeun (The Walking Dead, Minari).

Adapté d’une nouvelle d’Haruki Murakami, le film raconte l’histoire de Jong-Soo, un jeune coursier, qui croise la route de son ancienne voisine Hae-Mi, et succombera à ses charmes. Cependant, à son retour d’un voyage à l’étranger la jeune fille rentre accompagnée de Ben, un garçon riche et mystérieux. S’installe alors un triangle amoureux entre les jeunes gens, qui se trouvera perturbé par l’étrange disparition soudaine d’Hae-Mi. Jong-Soo décide de mener l’enquête…

Dans ce qu’il semble être de prime abord un Drame centré sur un triangle amoureux, le film glisse peu à peu vers un Thriller, sans que la tension se ressente frontalement. Non pas qu’elle soit inexistante, bien au contraire : ici, Lee Chang-Dong distille une tension subtile, comme un flottement omniprésent, mais jamais hautement intense.

©UniversCine

 L’ambiance du film contribue fortement au ressenti du spectateur. En effet, entre les sentiments de Jong-Soo pour Hae-Mi, la disparition mystérieuse de celle-ci, et la personnalité nonchalante et énigmatique de Ben (brillamment interprété par Steven Yeun), quelque chose de véritablement troublant se fait ressentir.

Cette disparition renvoie évidemment à l’un des plus grandes œuvres de Michelangelo Antonioni, L’Avventura, ou encore au premier film d’Edward Yang, That Day on the Beach. Deux grands drames traversés par la disparition d’un être cher, qui affecte de manière singulière les protagonistes. Le cinéaste coréen se plaît à jouer avec cette ambivalence, notamment grâce au personnage incarné par Steven Yeun dont la passivité devient un véritable moteur d’inquiétude et d’angoisse pour Jong-soo. Le mystère du film joue tellement sur la perception que l’on a des apparences ou des souvenirs, qu’on en vient parfois à se demander si le point de vue de Jong-Soo ne prend pas le dessus sur la réalité.

Le long-métrage ausculte également une dualité de classes sociales en Corée du Sud, représentée par Jong-Soo et Ben. Deux jeunes hommes que tout oppose, l’un vivant en milieu rural et agricole, l’autre dans un immeuble résidentiel classieux et roulant en Porsche. Cependant, ce n’est jamais très appuyé, afin de se concentrer sur l’atmosphère planante du film. 

©UniversCine

Un sentiment appuyé par une séquence poétique et d’une grâce infinie, durant laquelle on observe Hae-Mi danser, en mimant diverses choses : la dégustation d’une mandarine, ou encore l’envol d’un oiseau. Grâce à une sublime photographie permettant un jeu d’ombres avec le ciel sous un soleil couchant, l’illusion fonctionne à merveille et l’on se laisse emporter, émerveillé par ces images. Assurément une des plus belles scènes de l’année 2018.

Laissez-vous tenter, par ce thriller romantique, aussi mystérieux qu’envoûtant, dans le sillage de l’amour obsessionnel de Jong-Soo pour Hae-Mi. Si le film est reparti (malheureusement) bredouille du Festival de Cannes 2018, nul doute qu’il aurait pu glaner un prix de mise en scène, d’interprétation, ou une récompense encore plus prestigieuse.. Une vraie pépite totalement atmosphérique, qui confirme encore une fois que le Cinéma Sud-Coréen est un des plus passionnants à suivre depuis les années 2000.

Burning disponible à l’achat et à la location sur viva.videofutur.fr

©UniversCine

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