[CRITIQUE] V/H/S/94 – On rembobine !

La franchise V/H/S a démarré fort avec son premier volet en 2012, proposant des courts métrages troublants en found-footage. Si les films d’anthologie V/H/S ont eu leur part de succès et de ratés, ils ont introduit une esthétique unique, brute et granuleuse, imprégnée d’un sentiment de nostalgie de visionnage sur magnétoscope. Le quatrième et dernier volet, V/H/S/94, tente de revigorer la série qui s’est affaiblie avec le décevant V/H/S Viral, offrant aux fans de la franchise un amalgame de récits allant du macabre à l’ennuyeux. V/H/S/94 est un film solide qui procure les frissons caractéristiques d’un film d’horreur réaliste, ancré dans la nostalgie des années 90, mais il est imparfait et inégal. V/H/S/94 offre au spectateur quatre segments, dont certains comportent des plans qui sont soit délicieusement excitants, soit profondément dérangeants, le tout étant maintenu par une histoire enveloppante réalisée par Jennifer Reeder (Knives & Skin). L’histoire, “Holy Hell“, qui suit une équipe du SWAT effectuant un raid antidrogue dans un complexe miteux rempli de cassettes VHS trouvées et de cadavres sans yeux se présentant comme des “spectateurs”, est peut-être la plus faible en termes de ton et d’exécution. Si l’esthétique grinçante de la vidéo analogique, associée à des plans flous de globes oculaires arrachés et à une dépravation choquante, joue en faveur des plans d’ouverture, il est plutôt difficile de mettre de côté les dialogues maladroits et la maladresse générale qui imprègne la scène.

Viva l’America !

Les quatre histoires qui suivent varient énormément en termes de contenu, d’esthétique et de ton, à commencer par “Storm Drain” de Chloe Okuno, qui se concentre sur la bande brute d’un reportage de la télévision locale. Ce court métrage, qui met en évidence la dépendance aux informations tabloïds de la fin des années 90, suit une journaliste de terrain (Anna Hopkins) et son caméraman qui tentent de reconstituer une histoire sur une étrange créature (ressemblant à un rat) qui a été aperçue dans les égouts de la ville. Si la plongée d’Okuno dans les cavernes de l’obscurité peut sembler trop longue, le segment finit par payer avec un gore bien exécuté et une conclusion presque satisfaisante. Ensuite, “The Empty Wake” de Simon Barrett est l’enregistrement par un funérarium d’une veillée funèbre au milieu d’un orage. Avec un nouveau croque-mort (Kyal Legend) dans l’équipe de nuit, pas une seule âme qui se présente à la veillée, les lumières qui s’éteignent et des bruits étranges provenant de l’intérieur du cercueil, Barrett concocte un récit de terreur assez solide et palpitant avec une fin effrayante. “The Subject“, du vétéran de V/H/S Timo Tjahjanto, plonge dans les récits de laboratoire d’horribles expériences humaines, menées par une sorte de savant fou qui souhaite créer un “néo-humain” en fusionnant le corps humain avec des améliorations mécaniques. En termes d’esthétique, la bande-son semble trop contemporaine, ce qui gâche un peu l’expérience, bien que les effets pratiques employés dans l’horreur corporelle se distinguent. Juste après ce court métrage à la première personne, digne d’un jeu vidéo, vient “Terror” de Ryan Prows, dans lequel un groupe de suprémacistes blancs se concentre sur une “super arme” ayant la capacité de “purifier” leur nation sur le plan racial – une prémisse pour le moins terrifiante. Si “Terror” est incroyablement prometteur, le dénouement n’est pas à la hauteur, ce qui fait que cet épisode n’a pas sa place dans l’ensemble du film.

La police tue ? La police est folle.

Lorsqu’on l’analyse et qu’on le considère comme une entité, V/H/S/94 est un parcours fracturé et inégal de gore, de terreur, de faux pas et d’éléments comiques involontaires. Bien que ce film soit un ajout louable à une franchise en perte de vitesse, V/H/S/94 s’adresse à un public extrêmement spécifique, avec des références de niche à une horreur des années 90 enchevêtrée dans des bandes vidéo statiques et la folie du found-footage. Ce que le film offre, c’est un amalgame tendu de styles de réalisation, avec différents éléments d’horreur qui se manifestent de manières effrayante et discrète, et le résultat suffit à divertir. Si le spectateur est attiré par les vignettes à petit budget, brutes et nostalgiques, tournées dans des environnements limités et contrôlés, V/H/S/94 est un film amusant et satisfaisant.

Note : 2 sur 5.

V/H/S/94 prochainement disponible en France.

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