[PIFFF 2022] Florilège 1: Shin Ultraman, Detective Vs. Sleuths, Missing, Electric Dragon 80.000 V

Du 6 au 12 décembre, la 11ème édition du Paris International Fantastic Film Festival s’est tenue comme d’habitude au Max Linder Panorama, une des plus belles salles parisiennes. Un événement toujours très attendu des amateurs de films de genre et autres curiosités ! Voici un compte-rendu des films que j’ai pu voir tout au long du festival :


Shin Ultraman, Shinji Higuchi

Pensé comme une nouvelle adaptation de la série culte Ultraman, Shinji Higuchi, grand superviseur des effets spéciaux met en scène tout seul ce film cette fois, Hideaki Anno s’étant restreint à l’écriture et au montage, après leur co-réalisation sur Shin Godzilla. Le ton sombre et résolument dramatique de ce dernier ne se reflète pas dans cette nouvelle production, se voulant plus fun et cynique. Adoptant une structure épisodique avec les apparitions successives de kaijus et autres aliens, Shin Ultraman en profite pour insérer un propos politique intéressant sur l’incapacité du Japon à s’imposer comme un état puissant, dépendant des forces d’armement des USA, ou d’alliances avec des extra-terrestres.

Parmi le casting humain on retrouve la pétillante Masami Nagasawa, mais aussi Hidetoshi Nishijima, vu dans le brillant Drive my Car, et récemment dans un autre Tokusatsu, Kamen Rider Black Sun. Ces protagonistes, faisant partie d’une unité spéciale de lutte anti-kaiju, sont constamment menés en bateau et rendus impuissants face aux diverses menaces. Higuchi se plaît à les enfermer dans des espaces étroits dans le cadre, comme entre des meubles de bureau. Le montage dynamique mais précis d’Anno met en valeur le tempo des dialogues, mais aussi celui des scènes d’action, profondément réjouissantes. Si le ton employé et certains designs pourront décontenancer le public non initié au Tokusatsu, c’est pourtant un réel bonheur de voir une œuvre du genre proposant ce spectacle et cette richesse thématique. Dommage qu’une sortie sur grand écran en France ne soit pas prévue à ce jour.

Shin Ultraman – date de sortie inconnue en France.

Detective Vs. Sleuths, Wai Ka-Fai

Plus d’une décennie passée sans réaliser de films, l’illustre collaborateur de Johnnie To à la Milkyway Image revient aux côtés de Lau Ching-wan, acteur emblématique pour ce polar tortueux, qui semble faire écho à des œuvres très appréciées de ces 30 dernières années. Le scénario est assez foutraque, finissant par perdre le spectateur dans sa deuxième moitié avec toutes ces révélations et rebondissements, mais une telle énergie est déployée dans la mise en scène, notamment dans l’action, que le film se suit avec beaucoup de plaisir, et on peut dire que Lau Ching-wan y met du coeur à l’ouvrage (peut-être trop) en incarnant un ancien flic en proie à des hallucinations, rappelant son rôle dans Mad Detective. Malgré ses défauts, le film reste très divertissant, et cela fait plaisir de voir un bon polar sortir de Hong-Kong ces dernières années vu l’état de l’industrie depuis la rétrocession à la Chine.

Detective Vs. Sleuths – date de sortie inconnue en France.

Missing, Shinzô Katayama

Shinzô Katayama, assistant réalisateur de Bong Joon-ho sur Mother signe un film mystérieux, sur une adolescente qui recherche son père, disparu après avoir aperçu un tueur en série en cavale. Autant dire que le cinéaste Japonais est moins talentueux pour les thrillers que son ami Coréen. Si le film est intéressant par les thématiques traitées, et offre quelques bonnes scènes, sa structure non chronologique tente de créer artificiellement du suspense, déjà très maigre en soi. Un long-métrage attrayant, mais pas assez abouti.

Missing – date de sortie inconnue en France.

Electric Dragon 80.000 V, Gakuryû Ishii

Voilà une bien belle curiosité que cet Electric Dragon, un moyen métrage réalisé par Gakuryu Ishii, un des précurseurs du mouvement cyberpunk au Japon, avec Shinya Tsukamoto et son Tetsuo. Difficile d’appréhender grand chose d’un point de vue narratif, mais c’est une véritable expérience sensorielle. Le film est quasiment mutique mais offre une place de choix au son et surtout à la musique. La mise en scène d’Ishii est également à saluer, une proposition esthétique forte, à travers ce sublime noir et blanc, et ces cadrages étonnants.

Electric Dragon 80.000 V – Prochainement en blu-ray chez Spectrum Films


En résumé, une édition avec une bien belle programmation, surtout venant d’Asie puisque ces productions ne seront probablement pas visibles au cinéma en France par la suite.  Un grand merci aux organisateurs, à Mad Movies, et au service presse pour la bonne tenue du festival.

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