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[CRITIQUE] Tyler Rake 2 – Love and Tudum

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Par Louan Nivesse

Après l’expérience désastreuse de Thor : Love and Thunder et les récents témoignages de l’acteur Chris Hemsworth soulignant la piètre qualité de ce dernier, les attentes sont élevées quant à la capacité de Tyler Rake 2 à restaurer le charisme de ce cher Chris. Cependant, malgré les promesses grandioses d’une suite qui s’annonçait époustouflante, le film de Sam Hargrave laisse un goût amer, un excès de virilité explosif qui se révèle bien loin d’être appréciable.

BOOM BOOM DANS LES OREILLES

Tyler Rake 2 se présente comme une suite qui se veut surpasser son prédécesseur. Il offre une débauche d’action, dépassant même le premier volet déjà riche en séquences d’action. Le film a captivé les spectateurs avec ses combats rapprochés intenses et son action brute et efficace. De plus, le personnage attachant du jeune garçon à sauver ajoutait une profondeur émotionnelle au récit. Cependant, cette suite mise énormément sur l’excès : davantage d’explosions, un surplus de CGI (peut-être même trop) et une présence accrue d’hélicoptères. Plus de sauce ne rend pas nécessairement un burger meilleur. Malheureusement, le résultat est indigeste, répétitif et prévisible.

Le personnage de Tyler Rake, interprété par Chris Hemsworth, perd de son réalisme et de son mystère. Dans le premier film, il se faisait discret, ce qui le rendait d’autant plus captivant. Mais ici, il parle trop, cabotine et en plus, on se désintéresse franchement de la petite famille qu’il tente de sauver. Tyler Rake devient presque invincible, ce qui rend le film ridicule. Même si Hemsworth est sympathique, le personnage perd en crédibilité. La violence, qui était palpable sans pour autant être glorifiée dans le premier volet, devient cartoonesque et banalisée dans cette suite. On a l’impression que la recette qui avait fait le succès du premier film a été oubliée.

Dans la lignée de John Wick, où Chad Stahelski, lui aussi ancien cascadeur, savait retranscrire l’action avec impact, la saga Tyler Rake tente de suivre cette formule. Malheureusement, elle échoue en privilégiant l’excès à la virtuosité. Le film devient ainsi une production exagérée, sortie tout droit du catalogue Millenium Films.

© Jason Boland/Netflix
AXE SUR LE SECONDAIRE

Tyler Rake 2, se présentant comme une déclinaison à la manière de Jason Bourne des aventures du mercenaire intrépide à la chevelure indomptable, peine à égaler l’intensité de son prédécesseur. Son action, plus générique et invraisemblable en comparaison, ne parvient pas à susciter l’originalité. Toutefois, le personnage de Tyler Rake, plus stoïque et solitaire que jamais, s’impose comme l’héritier spirituel de figures emblématiques telles que John Matrix et John Rambo.

Chris Hemsworth excelle une fois de plus dans son rôle, apportant charisme et présence à l’écran. Cependant, mon attention s’est davantage portée sur les acteurs secondaires, notamment Golshifteh Farahani dans le rôle de Nik. Elle gagne en importance dans ce deuxième volet et livre une performance remarquable. Son interprétation apporte un équilibre intéressant à l’ensemble du casting.

© Jason Boland/Netflix
PLAN SUR LA SEQUENCE

Le film débute de manière saisissante avec un plan-séquence (faux) d’une durée d’environ vingt minutes, rappelant directement l’impact viscéral de The Raid 2. Cette séquence, marquée par une action exacerbée, constitue un sommet où Sam Hargrave donne libre cours à sa fureur et à sa passion généreuse. On y observe Chris Hemsworth être rudoyé de toutes les manières imaginables, tandis que les mouvements chorégraphiques brutaux de la scène s’enchaînent sans répit. Cette séquence met en lumière le dévouement de l’acteur, ainsi que son plaisir à évoluer devant une caméra qui sublime ses mouvements et s’accroche à son torse.

Comme un élastique tendu jusqu’à son point de rupture, Tyler Rake 2 trace un parcours constamment renouvelé. Les limites physiques du personnage sont une fois de plus repoussées. L’équipe créative n’oublie jamais les enjeux spatiaux, notamment lorsqu’elle introduit de manière stratégique une escouade d’adversaires à bord d’un train. L’équipe se laisse aller à des idées audacieuses, incluant des hélicoptères et des mitrailleuses. Cependant, malgré la prouesse technique de cette séquence, elle ne parvient pas à sauver le film de sa descente dans la surenchère et l’exagération.

© Jason Boland/Netflix

Tyler Rake 2, semble même embrasser la ringardise de son récit, du moins jusqu’à sa conclusion décevante et sans éclat, une énième ouverture vers une suite qui ne suscitera guère d’enthousiasme. Cependant, cette approche pourrait être considérée comme la part obligatoire de modernité cynique dans ce blockbuster tout droit sorti des années 80. Si cette régression nostalgique était déjà au cœur de The Gray Man, Sam Hargrave semble ici trouver un plaisir évident, libéré et généreux dans sa réalisation cinématographique.

Malheureusement, ce plaisir ne suffit pas à compenser le manque de virilité et de qualité narrative de Tyler Rake 2. Le film s’enfonce dans l’excès et la banalité, laissant les spectateurs déçus et désireux de retrouver l’éclat du premier volet.

Tyler Rake 2 de Sam Hargrave, 2h02, avec Golshifteh Farahani, Chris Hemsworth, Adam Bessa – Sur Netflix le 16 juin 2023.

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