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[CRITIQUE] Seul face à l’abeille – Atkinson contre son destin

Cela faisait un moment que nous n’avions pas vu Rowan Atkinson sur les écrans, et on souhaite corriger cela dans cette critique de la série comique Seul face à l’abeille, dont le principe est très simple : un homme contre une abeille, à plusieurs reprises, avec des résultats désastreux (pour l’homme). Un concept éternel, presque une version live-action de certains des plus célèbres courts-métrages de Donald Duck (avec lesquels Atkinson partage l’utilisation massive d’expressions faciales et, dans des cas spécifiques comme celui-ci, peu ou pas de comédie parlée). Une idée qui, sur le papier, est parfaite pour le retour sur scène de l’un des grands de la comédie britannique, cette fois dans un cadre international grâce au streaming.

Seul face à l’abeille commence avec Trevor (Atkinson) au tribunal, accusé de divers délits liés à son intervention dans la maison d’un couple fortuné. Il objecte « Il y avait une abeille…« , et à partir de là commence le flash-back qui explique tout : Trevor travaille pour une agence de garde de maison, et se retrouve à devoir remplacer le collègue qui s’occupe habituellement de la résidence du couple. Les tâches sont simples : s’occuper du chien et veiller à ce que rien n’arrive aux objets de valeur (le propriétaire est un célèbre collectionneur d’art). Tout cela est très facile, sauf qu’une certaine abeille se manifeste, ne voulant tout simplement pas savoir comment disparaître ou mourir. À ce stade, la situation devient personnelle : Trevor doit anéantir cet insecte, même si le monde s’écroule. Et il y a un risque que cette dernière option se produise…

Comme nous l’avons dit au début, Rowan Atkinson est considéré comme l’un des plus importants comiques du paysage culturel britannique : son ami Stephen Fry en a fait l’éloge à plusieurs reprises, disant que la première fois qu’il l’a vu se produire sur une scène, il s’est effondré de rire, et il a le mérite considérable d’avoir créé deux des masques comiques les plus brillants et mémorables du siècle dernier, Edmund Blackadder et Mr Bean. Deux créations aux antipodes, puisque le premier est un concentré de vilenie verbale et de sarcasme (avec l’élocution très particulière d’Atkinson, souffrant d’un bégaiement qui l’amène à prononcer certaines lettres de manière très marquée), tandis que le second est entièrement basé sur des expressions faciales et un humour purement physique. Un rôle, ce dernier, que le comédien a progressivement abandonné en live-action (aujourd’hui, sauf exception, il se contente de lui prêter la voix pour la version animée), affirmant que l’attrait de Bean pour l’enfance ne fonctionne plus lorsque son interprète est clairement âgé.

Un problème qui se manifeste également ici, où le protagoniste n’est pas vraiment un clone de Bean mais joue avec les mêmes mécanismes, en plaçant les gags dans une touche burlesque. Un mécanisme qui, au cours des neuf épisodes (qui auraient facilement pu être réunis sous la forme d’un film de 90-100 minutes, étant donné qu’il s’agit d’une seule histoire et que chaque chapitre sont de courte durée) est affecté par l’usure, car le corps d’Atkinson n’est plus celui d’il y a trente ans mais la série semble l’ignorer, en essayant de reproduire des scénarios auxquels le physique de l’acteur ne peut plus être prêté avec la même force et détermination. Le fait que le gag le plus sympathique n’ait presque aucun rapport avec le sujet principal en dit long sur cette opération qui semble vouloir répéter que son créateur et protagoniste n’est pas prêt à jeter l’éponge. Mais il n’était pas nécessaire de le répéter, car Atkinson, même si ce n’est pas dans un contexte fictif, a démontré à plusieurs reprises au fil des années qu’il peut encore faire rire avec une seule syllabe, si nécessaire. Dommage qu’ici, une fois qu’on est arrivé au bout, la syllabe soit « bof ».

Arrivant à la fin de Seul face à l’abeille, il nous est pénible de constater à quel point la force comique de Rowan Atkinson s’est estompée, du moins sur le plan purement physique. L’idée est très sympathique. Rowan Atkinson se donne à fond mais ses prouesses physiques ne sont plus les mêmes, et le mécanisme comique de la série en souffre.

Note : 2 sur 5.

Seul face à l’abeille sur Netflix le 24 juin 2022