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[CRITIQUE] Mars Express – Là bas dans les étoiles

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Par Louis Debaque

Le genre cyberpunk est actuellement en pleine expansion. Depuis la sortie du jeu éponyme de CD Projekt, de nombreux artistes, cinéastes et écrivains se réapproprient ce genre qui, bien que pas si nouveau, connaît un regain d’intérêt. La période dans laquelle nous vivons est-elle propice à critiquer notre société à travers ce genre ? Assurément. Mars Express nous plonge dans une dystopie futuriste où humains et robots doivent cohabiter, pas si proche du récent The Creator. Les robots et autres intelligences artificielles voient leur libre arbitre contrôlé par les humains afin de les protéger contre d’éventuelles attaques de robots susceptibles de leur nuire. Cependant, certains défenseurs des IA cherchent à retirer cette sécurité pour redonner la liberté aux robots et leur permettre de satisfaire leurs désirs. Nous suivons deux chasseurs de primes sous les ordres d’un grand dirigeant d’entreprise : Aline, une flic humaine et ancienne alcoolique, accompagnée de son collègue Carlos, un robot doté de la conscience d’un humain décédé en mission. Tous deux partent à la recherche d’une étudiante mystérieusement disparue sur Mars, déclenchant ainsi une enquête complexe qui dévoile de nombreux secrets sur les méga-corporations qui contrôlent ce monde.

Mars Express est indéniablement un excellent récit cyberpunk. Il aborde tous les éléments clés du genre : les méga-corporations obsédées par le profit, les IA en quête d’indépendance et de liberté, et le corps comme un objet de transaction. C’est là la grande force du film, un récit efficace imprégné de thèmes communs aux œuvres du même genre, offrant ainsi un regard critique sur notre société. L’histoire du film soulève des questions essentielles : la consommation, le sexe, la mémoire, la divinité, les dérives… Jusqu’où sommes-nous prêts à aller ? Sommes-nous prêts à sacrifier notre identité pour un confort de vie ? Pouvons-nous jouer à Dieu avec les IA ? Bien que ces thèmes soient familiers dans la science-fiction, ils sont abordés avec subtilité et un point de vue assez nouveau pour captiver le public.

Copyright Gebekah Films

L’immersion du spectateur est facilitée par ses personnages. La science-fiction contemporaine a compris que nous nous identifions mieux à des personnages imparfaits qu’à des personnages parfaits. Aline et Carlos sont deux protagonistes qui prennent de mauvaises décisions, travaillent pour les mauvaises personnes, et exploitent les codes abjects de leur société pour atteindre leurs objectifs. On s’attache à eux autant qu’on les déteste, car ils sont empreints d’émotions et de complexité. Leur écriture, bien qu’elle ne révolutionne pas le genre, est suffisamment profonde pour susciter une forte empathie envers ces personnages, renforcée par leur conception visuelle. Forts de leur expérience sur la magnifique série Last Man, le réalisateur Jérémie Périn et le co-scénariste Laurent Sarfati réalisent ici un travail d’une grande précision. L’animation du film est soignée et léchée, la direction des comédiens de doublage est excellente, ce qui ne peut que mettre en valeur les qualités d’écriture.

Mars Express est un excellent film d’anticipation. Il présente des qualités indéniables en termes d’animation, d’interprétation et d’écriture. Bien qu’il reste classique pour le genre, avec une intrigue bien ficelée, une enquête immersive et des personnages attachants, il offre un moment plus qu’agréable. Sera-t-il un incontournable de l’animation française ? Je ne le pense pas, mais il demeure une œuvre fascinante pour tous les amateurs de science-fiction.

Mars Express de Jérémie Périn, 1h25, avec Léa Drucker, Mathieu Amalric, Daniel Njo Lobé – Au cinéma le 22 novembre 2023.

7/10
Total Score
  • Louis Debaque
    7/10 Bien
  • Louan Nivesse
    7/10 Bien
  • Vincent Pelisse
    7/10 Bien
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