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[CRITIQUE] LaRoy – Se libérer d’un Fargo

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Par Louan Nivesse

Le cinéma indépendant est un terreau fertile pour l’originalité et la créativité. C’est dans ce vaste champ que Shane Atkinson a planté les graines de son premier long métrage, LaRoy. Ce film nous emmène dans la petite ville endormie de LaRoy, où la vie du protagoniste, Ray, interprété par John Magaro, est sur le point de prendre un virage inattendu.

HÉRITAGE

LaRoy ne peut échapper à la comparaison avec les films des frères Coen. Il s’agit clairement d’un hommage, voire d’une quasi-reproduction de leur esthétique et de leur sens de l’humour. Le film se déroule dans une petite ville isolée, où des quiproquos et des cadavres s’accumulent, tout comme dans les classiques coeniens comme Fargo ou No Country for Old Men. Cependant, ce choix n’est pas sans ses mérites. Atkinson réussit à capturer l’essence de ce style avec une certaine élégance, ce qui donne au film une atmosphère familière mais charmante.

La petite ville de LaRoy se transforme en un personnage à part entière dans le film. Sa simplicité, ses habitants et son ambiance typique d’une petite ville américaine créent un arrière-plan vivant qui soutient les personnages. Lorsque les protagonistes vacillent, c’est LaRoy qui les ramène à la réalité, leur offrant un ancrage dans un monde cohérent. Cette utilisation judicieuse de l’environnement montre la maîtrise d’Atkinson dans la création d’un univers captivant.

LaRoy brille grâce à son casting exceptionnel. Steve Zahn, dans le rôle de Skip, est le véritable atout du film. Son mélange de confiance et de vulnérabilité, associé à son sens comique aigu, en fait le héros inattendu de l’histoire. Zahn parvient à voler la vedette à Magaro, dont la performance en tant que Ray manque parfois de conviction. Cependant, le reste du casting, notamment Brad Leland et Dylan Baker, est également à la hauteur, ajoutant de la profondeur à l’ensemble de l’histoire.

UN PEU DE RAGE

LaRoy ne se limite pas à une simple comédie de quiproquos. Il explore des thèmes plus profonds, notamment la mortalité et les choix que nous faisons dans la vie. La présence du mystérieux tueur à gages, Harry, dès le début du film, crée une tension latente qui rappelle à chaque personnage que la mort est inévitable. Cette réflexion sur la mortalité donne au film une dimension philosophique inattendue qui suscite la réflexion.

Cependant, LaRoy souffre d’un défaut majeur : le manque d’originalité. Le film suit de près les traces des œuvres précédentes des frères Coen, sans apporter de contribution véritablement nouvelle au genre. Il emprunte des éléments familiers sans les pousser plus loin. Cette absence d’audace créative déçoit. Un autre défaut notable est son rythme inégal. Le film aurait pu bénéficier d’un montage plus serré, en éliminant quelques scènes redondantes ou des dialogues excessifs. Une réduction de 15 à 20 minutes aurait pu rendre l’expérience plus fluide et captivante.


LaRoy de Shane Atkinson est une œuvre prometteuse du cinéma indépendant qui mérite d’être saluée pour son casting exceptionnel, son atmosphère captivante et ses réflexions sur la mortalité. Cependant, il ne parvient pas à échapper à l’ombre des frères Coen et souffre d’un manque d’originalité, en plus d’un rythme inégal. Malgré ces défauts, le film marque une étape importante dans la carrière d’Atkinson, annonçant un réalisateur à surveiller de près dans l’avenir du cinéma indépendant. C’est est une preuve que même dans les emprunts, le cinéma peut toujours offrir des moments de brillance.

LaRoy de Shane Atkinson, 1h52, avec Steve Zahn, Jared Harris, John Magaro – Date de sortie inconnue.

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