[CRITIQUE] L’Année du requin – En dents de sea

Deux ans après le réussi Teddy, c’est avec joie qu’on retrouve les frères Boukherma au cinéma pour un nouveau cocktail de genre et de comédie. Dans ce L’Année du requin, qu’ils ont écrits et réalisés ensemble, Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma reconnaissent l’influence des Dents de la mer de Steven Spielberg dans le scénario lui-même, calquant certains des premiers moments du classique de 1975. Adoptant un ton plus doux que celui de leur film précédent, Teddy, une comédie d’horreur sur le loup-garou, L’Année du requin génère néanmoins une véritable tension en rendant ses personnages principaux tout de suite attachants.

Le mérite en revient également à la performance de Marina Foïs, qui n’émet jamais de fausse note dans le rôle d’une personne motivée par le désir de faire ce qui est juste et qui devient carrément possédée lorsque quelque chose qu’elle décide de ne pas faire (pour toutes les bonnes raisons) revient la hanter et affecte sa position dans la collectivité. Les réalisateurs Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma l’entourent de personnages facilement reconnaissables. Après tout, ce ne sont pas des flics surentraînés des grandes villes, mais plutôt des gens du coin qui veulent servir la population, même si celle-ci n’a pas besoin de beaucoup de protection. Les petites subtilités du casting secondaire sont très agréables à découvrir. Les réalisateurs rappelant de nombreux acteurs de Teddy pour jouer des rôles plus ou moins similaires et tout aussi marquants. En plus de ces personnages citadins, nous avons le patron de Maya, Ruben, et deux de ses collègues beaucoup moins expérimentés mais loyaux, Blaise (Jean-Pascal Zadi) et Eugénie (Christine Gautier). Avec Thierry (Kad Merad), le mari de Maya, ils forment un joli groupe autour de Maya lorsqu’elle doit relever le défi de sa vie en combattant un requin qui n’a jamais été vu auparavant.

Le ton initial indique une approche plus comique, et le film dans son ensemble n’est pas exempt de moments plus légers. Au fur et à mesure que les choses avancent, cependant, il commence à se déplacer, presque imperceptiblement, vers un territoire plus dramatique, et devient beaucoup plus un thriller. Soutenu par une musique dynamique et pleine d’énergie d’Amaury Chabauty, des images soignées de David Cailley et des choix judicieux pour filmer le requin presque invisible dans l’obscurité. Dans son fond, L’Année du requin est beaucoup moins subtil et semble plus politique que Teddy. De la gestion de la crise du Covid-19 en France au réchauffement/dérèglement climatique auquel nous faisons face, Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma parlent de beaucoup de chose avec intelligence et malice. Néanmoins, le long-métrage ne dure qu’une petite heure et demi, et tous ses sujets ont du mal à s’enchainer, se compléter. En conséquence, L’Année du requin souffre d’un problème de rythme assez insupportable – surtout que le changement de ton n’arrange pas le film.

L’Année du requin de Ludovic Boukherma et Zoran Boukherma reste pertinent malgré son rythme en dents de scie. Nous retrouvons le style rural des cinéastes avec toujours énormément de plaisir et, bien que le film soit moins percutant que leurs précédents travaux, il est toujours plaisant de découvrir un film de genre français avisé et bossé dans nos salles.

Note : 3 sur 5.

L’Année du requin au cinéma le 3 août 2022.

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