[CRITIQUE] La Maleta – Quand le thriller perd la valise… et le spectateur !

La Maleta de Jorge Dorado prétend rivaliser avec les grands noms du cinéma espagnol, mais échoue de manière flagrante, laissant un goût amer, voire acide, dans la bouche du spectateur blasé et exigeant. Álvaro Morte incarne Mario, plongeant dans le monde sombre et labyrinthique des objets trouvés, mais malheureusement, ce film est lui-même un objet perdu qui ne mérite pas d’être retrouvé. La seule lueur d’espoir dans ce film médiocre réside dans sa dernière partie, où le film bascule dans l’atroce, tentant d’insuffler une réflexion politique sur une nouvelle forme d’exploitation du tiers-monde. Cependant, cette prétendue profondeur ne sert qu’à masquer les nombreux défauts du film. En réalité, elle ne fait que souligner davantage ses faiblesses.

Si La Maleta peut se targuer de proposer de belles images, celles-ci ne sont que des artifices visuels servant à dissimuler les lacunes de l’ensemble. Les décors sombres et labyrinthiques de l’entrepôt ainsi que les ambiances froides et lumineuses de l’hôtel de luxe confèrent une fausse impression de profondeur à un scénario déséquilibré. Les acteurs, malgré leurs efforts honorables, sont entravés par des personnages mal construits, mais même leur jeu ne peut sauver cette prétention cinématographique. Le réalisateur Jorge Dorado, dont l’expérience principale provient de la télévision, semble s’égarer dans les méandres de la grande toile cinématographique. Tandis que des talents tels qu’Almodovar, Amenabar, Sorogoyen et consorts gravissent les montagnes du succès, Dorado reste coincé dans les Pyrénées, incapable de franchir cette barrière symbolique. Et honnêtement, il ne mérite pas de le faire.

© capelight pictures OHG

Le scénario est un véritable désastre. Les ingrédients classiques du genre, tels que la femme fatale, le réseau de prostitution et l’ordure XL, sont malheureusement prémâchés et servis dans un récit invraisemblable. Les rebondissements manquent de crédibilité et s’enchaînent de manière incohérente, créant ainsi des frustrations chez les spectateurs en quête d’un minimum de logique. La Maleta ne fait que réchauffer les clichés éculés du genre sans jamais les transcender. Les personnages sont mal construits et dépourvus de profondeur, donnant l’impression d’être des marionnettes dans une pièce de théâtre amateur. Mario, bien qu’initialement attachant par son côté obscur, finit par agacer en s’immisçant dans des affaires qui ne le concernent pas réellement. Sans cette tendance, il n’y aurait tout simplement pas de film. Malheureusement, cette caractéristique ne suffit pas à rendre le personnage intéressant.

En fin de compte, La Maleta de Jorge Dorado est un film qui échoue lamentablement à tous les niveaux. Il se noie dans ses propres ambitions et laisse les spectateurs avec un sentiment d’énervement et de déception. Il serait préférable de laisser cette valise perdue au fond de la rivière plutôt que de la ressusciter sur grand écran.

La Maleta de Jorge Dorado, 1h48, avec Álvaro Morte, Verónica Echegui, María Eugenia Suárez – Au cinéma le 24 mai 2023

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