[CRITIQUE] Broadway – Pick ‘drags’ Pocket

Broadway, quel bel exemple d’un film audacieux et sobre qui ne demande pas d’attention, mais qui vous séduit définitivement dans son univers. Il se situe entre une comédie musicale noire et une pièce du genre réalisme social, avec de fortes doses de gentils gangsters et de fantaisie symbolique (principalement sur les épaules d’un singe enragé, piégé dans une cage).

Ce style hybride s’avère idéal pour encadrer l’histoire d’un groupe de pickpockets qui résident dans un théâtre abandonné, situé dans un centre de loisirs abandonné. Au sein de leur micro-communauté, les personnages développent un sentiment primordial de partage, d’attention et d’appartenance. Mais ils montrent surtout le visage charmant de ceux qui se trouvent sur un seuil constant. D’abord contre toute contrainte systématique, et ensuite contre soi-même et les autres. C’est aussi la raison pour laquelle ce film fonctionne assez bien comme un remède visuel pour ceux qui cherchent à se réfugier des spectacles populaires et traînants. Les personnages se déguisent avec d’extravagants restes de costumes de Broadway pour exécuter des danses de rue et attirer un public – qui devient leur objet de vol. Ces scènes vous connectent avec le dynamisme originel de la ville, mais vous donnent également un aperçu des liens forts que cette ville entretient avec les drags. Fait amusant, certaines des meilleures drag queens d’Athènes sont présentées.

© Neda Film/Blue Monday/Digital Cube

Cela dit, la beauté la plus captivante de Broadway réside dans l’idée d’un amour non sexué. Bien sûr, une performance déguisée est principalement liée au discours sur le genre. Pourtant, ce film pousse la discussion un peu plus loin que le contrôle et la transformation du corps. Nelly et Barbara/Jonas, les deux personnages principaux et les artistes de rue, développent une connexion corporelle et une relation amoureuse qui équilibre Barbara/Jonas sur le fait qu’il vend son corps à des hommes plus âgés. Et l’amène finalement à se libérer de son passé obscur de chasseur. Cela n’a rien à voir avec les préférences sexuelles. Mais cela défend le besoin fondamental de connexion et de perception de soi. En passant, Gabriel Yared, le compositeur franco-libanais, a magnifiquement habillé cette ambiance.

© Neda Film/Blue Monday/Digital Cube

Broadway est un bijou survivant qui a traversé la crise sanitaire et la crise grecque. Il peut sembler un peu rétrospectif, surtout pour ceux qui connaissent bien le sujet ou le cinéma grec contemporain, et il n’y a rien de mal à cela, mais la réussite du réalisateur réside dans son portrait réaliste d’une ville en transition, celui que l’on peut voir en passant dans le centre d’Athènes. Selon Christos Massalas, le réalisateur, il a utilisé “la ville et ses monuments modernes” pour enquêter sur “les vestiges d’une société de consommation, et comment en temps de crise ils sont réinventés.”

Note : 3.5 sur 5.

Broadway disponible à l’achat et à la location sur viva.videofutur.fr

Sortie le 1 juin 2022 au cinéma.

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