[CRITIQUE] Adieu les cons – Attaque semi-frontale sous fond de comédie burlesque

Adieu les cons est un drame comique qui se transforme en un drame romantique inattendu. Avec ses notes automnales, ses dialogues habilement liés et ses blagues réussies, le scénariste et réalisateur Albert Dupontel crée un film émouvant qui aborde les thèmes de la vie, de la mort et de l’amour.

Le film suit Suze Trappet (Virginie Efira), une coiffeuse de 45 ans diagnostiquée d’une maladie auto-immune qui lui laisse peu de temps à vivre. Son désir (et maintenant mourant) est de rencontrer l’enfant qu’elle a abandonné pour adoption alors qu’elle n’avait que 15 ans. Alors qu’elle cherche des sentiers qui pourraient, espérons-le, mener à la documentation de son enfant perdu depuis longtemps au ministère de la Santé, elle tombe sur Jean-Baptiste Cuchas (Albert Dupontel), un imbécile d’âge moyen qui a récemment été rétrogradé en raison de son âge. Étant donné qu’il n’a pas de famille et qu’il a maintenant perdu sa seule raison de vivre, il tente de se suicider dans son bureau, ce qui tourne terriblement mal. Les deux personnages, Mme Trappet et M. Cuchas, ne sont pas assez importants dans leur univers respectif pour être traités avec respect ou même faire prononcer correctement leur nom. Le médecin de Suze Trappet l’appelle avec un certain nombre de variations incorrectes avant qu’elle ne le corrige. De même, le manager de Jean-Baptiste ne cesse de prononcer son nom de famille à tort tout au long du film. Cela accentue la tentative de suicide hors de caractère de Jean-Baptiste et l’enlèvement commis par Suze, offrant au public une ironie humoristique.

Cherchant désespérément à retrouver son enfant, Suze kidnappe Jean-Baptiste après avoir vu que sa tentative de suicide ratée pouvait facilement être mal comprise comme une tentative d’homicide. Ensemble, ces deux personnes sans famille travaillent pour aider à retrouver l’enfant perdu de Suze. La prémisse simple est remplie de conflits à la fois comiques et dramatiques qui voit le couple prendre en chemin M. Blin (Nicolas Marié), un archiviste aveugle fuyant la police. Le rôle de M. Blin est celui d’un personnage de Disney, son travail consiste à fournir un soulagement comique aux côtés des personnages principaux alors qu’ils avancent dans leur voyage pour atteindre leur objectif extérieur tout en brûlant les étapes pour leurs besoins immédiats. C’est cette utilisation de l’ironie comique qui maintient le film juste à la bonne température pour répondre aux besoins d’un public qui veut voir une comédie-drame pour le temps complet de 87 minutes. Pendant la majeure partie de la première moitié du film, les personnages ont l’impression de manquer de quelque chose. Pas le genre de manque qui vient avec un personnage imparfait qui doit apprendre quelque chose, mais un manque d’écriture bien équilibrée. Ils poursuivent constamment leur objectif externe sans mentionner ni faire allusion au conflit interne qu’ils devront surmonter pour atteindre leur objectif. Cette impeccabilité à la fois de Suze et de Jean-Baptiste rend leur parcours intéressant uniquement parce que nous voulons qu’ils atteignent leur objectif. Il n’y a pas de traits de caractère ou de défauts qui résonnent avec vous, ce qui rend quelque peu difficile de faire preuve d’empathie avec eux.

Ce n’est qu’à mi-chemin, là où Suze retrouve son fils Adrien (Bastien Ughetto), que l’on voit un changement interne en elle. Elle ne souhaite plus rencontrer son fils mais souhaite désormais aider celui-ci à exprimer son amour pour sa collègue Clara (Marilou Aussilloux). C’est ce cadeau d’adieu qu’elle souhaite offrir à son enfant, qui fait que Jean-Baptiste se voit dans Adrien. Les deux informaticiens sont tellement pris dans leur travail qu’ils manquent de confiance pour exprimer leur amour pour quelqu’un. Jean-Baptiste a vécu cela quand il était jeune, et maintenant Adrien le vit aussi. Ce n’est qu’ici que nous commençons à voir qui sont ces personnages au plus profond, ouvrant les portes de l’empathie à travers l’écran. Mais même avec cette révélation de personnage, il y a un manque de chimie entre Suze et Jean-Baptiste qui admettent de manière inattendue leur amour l’un pour l’autre d’une manière très Roméo et Juliette. Maintenant qu’ils se sont prononcés les mots «je t’aime», ils se sentent prêts à mourir, ensemble. C’est très mélodramatique et inadapté, ce qui laisse le public sans voix, d’une manière maladroite. Une décision assumée qui peut séduire ou complètement laisser de côté. 

Sûrement fortement influencé par le Brazil de Terry Gilliam (qui fait son troisième caméo dans la filmographie de Dupontel), Adieu les cons enveloppe ses critiques et l’incompétence perçue par Dupontel de la société française, de son gouvernement et de sa bureaucratie, à sa force de police violente, à la surveillance numérique, l’architecture anonyme et le système déshumanisant, sous le couvert d’une comédie burlesque. Tout comme son inspiration, Adieu les cons peut jeter le spectateur d’une extrémité du spectre émotionnel à l’autre avec peu d’avertissement. Cependant, il ne se donne pas toujours l’espace d’explorer en profondeur, et ses deux conclusions ne se sentent pas entièrement méritées en raison du manque de temps qu’il passe à développer les relations cruciales. Mais le rythme du film, son énergie, son inventivité et la myriade de sujets qu’il aborde font de ce film une préoccupation passagère. C’est aussi une préoccupation mise de côté par la sage décision de Dupontel, comme il l’a fait dans le passé, de s’entourer d’acteurs plus talentueux. La performance d’Efira apporte l’empathie difficile à maîtriser, l’équilibre délicat de la colère, de l’amour et du désir de faire une différence à son personnage.

Adieu Les Cons actuellement au cinéma.

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