S01E05 – Réflexe Pavlovien
Il est vrai que l’épisode Réflexe Pavlovien semble comporter un nombre un peu plus élevé de scènes « sexy » que d’habitude dans Industry. Parfois, cela peut sembler être une norme pour une série HBO, considérée comme faisant partie du jeu pour stimuler le bouche-à-oreille, encourager les visionnages répétés et, soyons honnêtes, générer du trafic sur le Web. Personnellement, j’espère que les personnages surchargés de travail à Pierpoint continueront à entretenir des relations intimes dans diverses configurations, même de manière explicite, mais j’apprécie également lorsque ces éléments servent à enrichir les personnages et à développer les intrigues.
Dans cet épisode, cela semble être le cas, car un exposé accablant rédigé par un ancien employé de Pierpoint jette une lumière sévère sur la toxicité de l’environnement de travail au sein de l’entreprise. Chacun, des diplômés aux cadres supérieurs, doit jongler avec cette réalité accablante. La pression sur ces individus est énorme, et le besoin d’évacuer cette pression se fait ressentir à travers ces interactions intimes.
Prenons l’exemple de Harper. La semaine précédente, elle avait déjà une tâche ardue, et dans Réflexe Pavlovien, Eric lui confie une nouvelle mission apparemment impossible : convaincre le client le plus lucratif de l’entreprise, Felim, de rester avec Pierpoint. Cela s’annonce difficile, car Felim refuse de rencontrer quiconque de l’équipe et a interdit à son personnel de prendre les appels de Pierpoint. Harper tente d’adopter une approche subtile en se moquant de l’obsession de Felim pour le lait, puis utilise ses compétences en médias sociaux pour localiser son assistant, Luke, dans un bar local. Elle organise une réunion au cours de laquelle elle doit nommer Daria comme interlocutrice, car Felim ne consentira à rencontrer que ses cadres. Vous saisissez la tension ? C’est vraiment stressant. L’arrivée de l’ex-petit ami d’Harper, Todd, semble être un moyen pratique de se distraire du travail. Bien que leur conversation ne soit peut-être pas des plus enthousiasmantes, à un moment donné, il n’y a plus grand-chose à dire.
Cependant, le problème avec ce genre d’évasion personnelle, c’est qu’il y a toujours un lendemain. Harper semble être affectée par une sorte de condition qui la pousse à mentir instinctivement, même lorsque la vérité aurait été préférable. Ainsi, lorsque Daria est informée de la réunion imminente, elle tente de l’annuler, mais finit par dire à Felim qu’elle ne viendra pas. Cette situation met Harper et Daria dans une position délicate lorsqu’elles retournent au bureau, où elles sont confrontées à des critiques sur la manière douteuse dont Harper gère les affaires, aux pressions d’Eric pour qu’elle améliore son leadership, et à l’annonce imminente d’un exposé qui pourrait remodeler fondamentalement la culture de travail chez Pierpoint. Après que la poussière soit retombée, Harper aura-t-elle fait le bon choix d’allégeance ?
Dans cet épisode de Réflexe Pavlovien, le récit se déroule en l’absence d’Eric, et son retour ne fait qu’ajouter une nouvelle complexité à la situation déjà délicate de Harper. Irrité, non seulement par le fait que Gus prenne constamment des appels téléphoniques – son activité principale dans cet épisode -, mais également par le constat que Harper n’a pas réussi à ramener Felim à Pierpoint, Eric se trouve exacerbé davantage lorsqu’il découvre que c’est l’intervention de Daria qui a incité Felim à partir en premier lieu. Cette réalisation ne fait qu’attiser son irritation. Dans un face-à-face tendu avec Harper, Eric la réprimande sévèrement, ses mots cinglants parviennent même à faire couler quelques larmes de ses yeux. Bien qu’il adopte une attitude dure envers elle, Eric met en lumière une vérité incontournable : Harper a un rapport problématique avec la vérité. La journée de Harper prend une tournure encore plus sombre lorsqu’elle rentre chez elle et découvre que Todd a dérobé un gilet dans un bar. Une dispute éclate entre eux, et la situation s’envenime rapidement. Pendant ce temps, Yasmin, également de retour chez elle, se retrouve dans une altercation avec Todd dans la rue, vêtue uniquement de sous-vêtements, une scène qui choque les passants. Yasmin demeure un personnage intrigant, mais son conflit persistant avec Kenny soulève des interrogations sur sa nature profonde.
Cependant, l’épisode tente de racheter quelque peu le personnage de Kenny en le présentant sous un jour pathétique et ridicule, surtout lorsqu’il se trouve confronté à la perspective de séduire des clients. C’est finalement Yasmin qui parvient à organiser une rencontre avec un ami potentiellement intéressé par Pierpoint. Les excuses de Kenny pour son comportement odieux envers Yasmin manquent de conviction, et il ne fait qu’aggraver la situation en se montrant grossier envers elle. Son ressentiment envers Yasmin transparaît clairement, mais cela ne saurait justifier son comportement, notamment lorsqu’il la harcèle avec des danses rémunérées. Quant aux intrigues secondaires, notamment celle de Yasmin et de son petit ami Seb, elles insufflent un dynamisme certain à l’épisode, bien que la direction de l’histoire de Seb puisse paraître quelque peu floue et confuse. La série semble explorer de nouvelles facettes des personnages, et bien que certaines de ces sous-intrigues puissent sembler déroutantes, elles contribuent à la richesse de l’intrigue globale de la série.
Réflexe Pavlovien magnifie Yasmin et nous désillusionne quant à Harper, marquant peut-être une volonté délibérée ou une chute drastique d’inspiration, cela reste indéterminé. Néanmoins, Industry continue de nous surprendre, particulièrement lorsqu’il contredit nos opinions sur ses personnages. Après cinq épisodes, il est difficile de ne pas être repoussé par l’univers du trading, même s’il est imprégné de luxure, de drogues et d’argent. Un tour de force.
S01E06 – Casse-Noisette
Sous le titre évocateur de Casse-Noisette, l’épisode 6 d’Industry revêt une atmosphère résolument « Noël ». La série, fidèle à son tempérament, se déploie avec fougue, excentricité et une tension intense dès sa scène d’ouverture, suggérant d’emblée qu’Eric lui-même pourrait être sur la sellette après avoir confiné Harper dans une pièce pour la réprimander en privé. Pourtant, nous sommes rapidement replongés 72 heures en arrière pour comprendre les circonstances qui ont mené à cet événement, débutant par le geste de générosité d’Eric qui octroie à Harper une prime de 50 000$.
Souvenez-vous, lors de la précédente rencontre avec Eric, il avait déclaré à Harper qu’elle ne valait rien, rendant ses actions actuelles d’autant plus énigmatiques. De même, l’inviter à être son bras droit lors de la fête de Noël de Pierpoint représente un virage surprenant, un destin duquel Daria la protège, au grand dam d’Eric. Bien que le comportement d’Eric envers Harper soit évidemment répréhensible, elle semble peut-être trop préoccupée par Yasmin et Robert pour le remarquer. Ce dernier laisse discrètement à Harper un modeste cadeau de Noël qu’elle fourre dans son bureau, supposant logiquement (et correctement) qu’il contient quelque chose de plus approprié à ouvrir en privé. Harper est témoin de ces échanges. Certains des moments les plus mémorables des séries sont construits autour de la réunion de tous les protagonistes en un même lieu, les obligeant à interagir, souvent sous l’influence d’alcool ou autre. HBO a magistralement utilisé cette approche à plusieurs reprises avec Succession, et Casse-Noisette en est un bel exemple. La fête de Noël est une catastrophe annoncée, plusieurs catastrophes même, et elles se produisent toutes effectivement. Les signes avant-coureurs sont perceptibles dès le début : Greg est toujours amer après avoir été publiquement humilié par Eric et arrêté après une nuit de fête ; Robert se retrouve engagé par Harper pour s’occuper de Greg, mais doit jongler entre les besoins de son client de fête Usam et ceux de sa libido, qui s’enflamme à chaque présence de Yasmin ; d’ailleurs, Yasmin elle-même est prise de court par l’arrivée de Maxim, qu’elle pensait ne pas voir. C’est un véritable cauchemar qui se profile.
Harper évolue en marge. Elle erre dans la salle de négociation déserte, révélant à Yasmin le présent ironique de Robert, une photo encadrée de lui portant sa culotte sur le visage. À son arrivée à la fête, elle se retrouve dans une situation incroyablement maladroite avec Eric et Candace, dirigeante influente chez Google et épouse d’Eric. Plus tard, elle partage une bouteille de vin avec Daria, dénonçant le comportement inapproprié d’Eric. Yasmin demeure un personnage éclatant, et Casse-Noisette met sa force à l’épreuve. Maxim hésite à poursuivre ses affaires avec Pierpoint en raison du comportement de Kenny lors de leur soirée ensemble, à quoi Yasmin réplique avec panache : « Oh, f*ck off, ally ». Brillant. Elle admoneste ensuite Kenny et conduit Robert dans une liaison à la fois calme et profondément étrange. C’est assurément une soirée mémorable.
Mais pour certains, plus que pour d’autres. La désillusion grandissante de Gus envers la compagnie atteint son paroxysme lorsqu’il se rend compte qu’il a été exploité pour des opportunités de relations publiques, assis à côté de Hari. Il se déchaîne alors sur Théo, présent avec sa petite amie Alice, mais cette dernière les surprend dans une proximité dérangeante, révélant ainsi au grand jour ce qui se tramait. Elle avait probablement des soupçons, étant donné le manque de subtilité de Theo. Et puis il y a Robert. Malgré ses efforts vaillants, il ne peut empêcher Greg de sombrer dans une ivresse dangereuse à la demande d’Usam, et il laisse également Kaspar, le seul client de Clement, prendre sa retraite, mettant ainsi en péril son propre emploi ainsi que celui de Robert. Ajoutez à cela la débâcle de Yasmin et Robert lors de cette soirée déconcertante, avant que Greg ne fracasse à plusieurs reprises une vitre jusqu’à se fendre la tête et s’effondrer devant tout le monde – pour lequel Harper blâme Robert.
Il semble que l’admonestation soit un domaine où excelle Harper. Cependant, même elle est aveuglée par la détermination de Sara et Daria à se débarrasser d’Eric, utilisant l’incident de l’enfermement de Harper dans un bureau comme prétexte. Elle peut être la meilleure élève, mais elle est manipulée comme un pion par des joueurs plus puissants. La seule question qui subsiste est : qui sortira vainqueur de ce jeu ? Le meilleur épisode de la série (pour l’instant), c’est certain.
S01E07 – Activité d’avant-crise
Intitulé de manière appropriée Activité d’avant-crise, le dernier épisode avant le Jour de la Réduction des Effectifs, tant redouté, résume parfaitement la situation. Avec la menace imminente de perdre leur emploi, les jeunes diplômés sont prêts à tout pour sécuriser leur place à Pierpoint. Pourtant, aucun d’entre eux n’a tiré les leçons de Casse-Noisette, et une autre fête, cette fois organisée par Yasmin et son petit ami Seb endormi et mal en point, met à l’épreuve plusieurs relations juste avant le moment critique.
Eric est parti, du moins temporairement remplacé par Daria, qui commence immédiatement à apporter des changements qui irritent Clement. Ses craintes de licenciement sont décrites comme une sorte de castration symbolique, lui-même et Eric étant les victimes d’une montée en puissance d’un matriarcat éveillé, ou quelque chose de similaire. Il est vrai que la situation demeure quelque peu floue. Néanmoins, Clément n’a pas tout à fait tort. L’environnement à Pierpoint est excessivement politique, centré sur l’optique et les apparences, ce qui repousse Gus. Le fait que Sara et Daria sachent toutes deux que Harper a reçu une prime deux fois supérieure à celle de tous les autres est un excellent exemple : lui demander de garder le silence ne fait que perpétuer un climat de secret et de tromperie. Et bien sûr, Harper ne se contente pas de garder ce secret pour elle.
Dans Activité d’avant-crise, il semble que personne ne soit capable de tenir ses engagements. Yasmin et Seb organisent une soirée élégante à laquelle tous les employés de Pierpoint sont conviés, mais cela tourne rapidement à l’excuse pour une Yasmin très éméchée pour humilier Seb devant tout le monde et exciter Robert. En parlant de ce dernier, il tente de rester sobre pour prouver à Harper qu’il n’est pas dépendant, mais cette résolution ne dure que cinq minutes environ. En snifflant des lignes de coke à travers un billet de 50 £, il frôle plusieurs limites. Sa prochaine mauvaise décision est de monter au lit avec Harper. Alors qu’ils commencent à s’y adonner, ils sont rapidement interrompus par une Yasmin plutôt choquée, qui suggère néanmoins un plan à trois. Robert y voit une opportunité de Noël, mais se rend vite compte que cela n’ira pas plus loin lorsque Harper, constatant qu’il n’a d’yeux que pour Yasmin, lui présente ses excuses. Une ambiance refroidie s’installe.
Bien sûr, la gueule de bois du lendemain est particulièrement rude, surtout pour Harper, dont la conversation sur son bonus a été découverte. Daria lui annonce qu’elle devra rembourser les 25 000 $ maintenant, ce qui semble peu logique étant donné que si tout le monde savait qu’elle avait reçu cet argent supplémentaire, pourquoi croiraient-ils qu’elle l’avait rendu ? Mais peu importe. Se sentant quelque peu trahie, Harper se tourne à nouveau vers Nicole pour obtenir de l’aide et devient un peu trop entreprenante, ce qui déplait à Nicole, mettant Pierpoint en alerte et irritant profondément Daria. Pour ajouter à la décadence générale de la culture d’entreprise chez Pierpoint, la supérieure de Yasmin, Hilary, l’approche en privé et lui fait part des comportements inquiétants de Kenny pendant leur soirée. Hilary lui propose-t-elle son soutien pour faire face à ce traumatisme évident ? Hahaha. Non. Elle lui suggère plutôt subtilement de garder le silence au risque de perdre son emploi.
Un épisode riche en rebondissements et en aventures, bien qu’extrêmement épuisant à suivre sur la durée. Industry n’est définitivement pas une série propice au binge-watching, tant ses épisodes sont complexes à assimiler. Cependant, cela demeure un produit de grande qualité et d’une intelligence indéniable.
S01E08 – Décision finale
Le réalisateur Ed Lilly parvient à maintenir une tension croissante, alors que chacun aspire à la victoire et redoute la défaite. Dans cet épisode final, l’écriture tendue de Mickey Down et Konrad Kay renforce le suspense autour de l’identité de celui qui décrochera le gros lot. Surtout à la veille du RIF, Harper se tourne vers Daria pour se porter garante, lui rappelant qu’elle est la seule diplômée véritablement taillée pour les affaires, tandis que les autres ne sont que des « assistants de bureau glorifiés ». Face à Sara, Gus aborde la culture d’entreprise de la banque, pointant du doigt la disparition de Hari et l’incapacité de l’entreprise à assumer ses responsabilités à cet égard. De même, Yasmin et Robert sollicitent leurs supérieurs respectifs pour qu’ils les soutiennent dans la bonne direction.
Pendant ce temps, Bill Alder, le directeur mondial de Pierpoint, souhaite que Harper retire ses accusations contre Eric, afin que ce dernier et sa clientèle puissent réintégrer la banque. Sara, de son côté, croit qu’avec le soutien de Daria, elle peut donner une nouvelle orientation à Pierpoint en rompant avec une culture où les scandales et les inconduites sont régulièrement ignorés au profit du profit. Qui soutiendra Harper dans cette lutte, et cette démarche est-elle un moyen pour elle de garantir un poste permanent ?
Myha’la Herrold livre une performance émouvante dans le rôle de Harper Stern, captivant le spectateur par son interprétation saisissante. Ken Leung incarne Eric Tao avec une présence marquante, jouant un rôle crucial dans le renforcement de la confiance de Harper. Marisa Abela en Yasmin Kara-Hanani et Harry Lawtey en Robert Spearing offrent des performances charmantes, bien que leurs personnages semblent devoir se découvrir davantage. Depuis le début, David Jonsson incarne Gus Sackey avec une politesse saisissante, toujours prêt à tout pour son travail.
Les autres membres de la distribution, tels que Freya Mavor en Daria Greenock, Conor MacNeill en Kenny Kilblane et Priyanga Burford en Sara Dhadwal, apportent des rôles percutants à l’écran.
Dans l’ensemble, la première saison d’Industry dose habilement le drame, créant des moments de tension sans alourdir le récit. Chaque personnage est dépeint de manière authentique et nuancée, avec ses imperfections qui les rendent humains. Bien que certains événements puissent sembler sous-développés, les acteurs réussissent à transmettre efficacement l’essence de leurs personnages, ajoutant ainsi à la profondeur de la série. Industry s’avère être un cru exceptionnel de l’année 2020.
Industry de Konrad Kay et Mickey Down, 4 x 60 minutes, avec Marisa Abela, Myha’la Herrold, David Jonsson Fray – Disponible sur OCS