[RETOUR SUR..] Nicolas Cage, en 50 nuances (ou pas)

Nicolas Cage est l’un de nos acteurs préférés, bien que cela puisse soulever quelques sourcils étant donné la controverse autour de son talent. Pour certains, il est connu pour ses rôles dans des films de série B ou des nanars de toutes sortes (et nous ne pouvons pas les contredire). Pour d’autres, c’est un interprète talentueux qui a travaillé avec des réalisateurs tels que Schrader, les frères Coen, John Woo, Michael Bay, David Lynch, Martin Scorsese, De Palma, et même son oncle Francis Ford Coppola. La vérité se situe entre les deux : Nicolas Cage est l’un de ces acteurs ultimes avec une carrière éclectique et parfois même aléatoire. Son image, ses frasques publiques et ses déclarations à la presse ont fait de lui l’un des acteurs hollywoodiens les plus demandés récemment. C’est d’ailleurs pourquoi il incarne le personnage de Dracula dans le film Renfield2023, actuellement en salle. Le comte, connu pour ses morsures au cou, est l’un des personnages les plus emblématiques du cinéma. L’interprétation de Cage donne une saveur toute particulière et excentrique à ce personnage mythique. Pour célébrer la sortie de Renfield2023, nous vous proposons quelques rôles de Cage qui mettent en évidence toute l’étendue de son jeu.

Cage X Schrader – DOG EAT DOG

En 2014, Paul Schrader, le scénariste de renom derrière Taxi Driver1976, réalise La Sentinelle2015, un thriller dans lequel il confie le rôle principal à Cage. Ce dernier livre une performance modeste en tant qu’agent de la CIA sombrant dans la folie. Malgré cela, le réalisateur donne une nouvelle chance à l’acteur en 2016 avec Dog Eat Dog, un thriller où Nicolas Cage incarne un mafieux impliqué dans des intrigues criminelles. Le film fait sensation à Cannes grâce aux performances simultanées de Cage et Dafoe, ainsi qu’à celle de Schrader lui-même. Dans ce film, l’acteur démontre tout son talent dans des scènes de groupe où il parvient toujours à se démarquer. Surtout, il joue l’un de ses rôles de prédilection : celui d’un homme en déchéance due à sa propre avidité. La montée et la chute sont récurrentes dans le cinéma de Cage, peut-être en écho à sa propre carrière.

Dog Eat Dog de Paul Schrader, 1h32, avec Nicolas Cage, Willem Dafoe, Christopher Matthew Cook – Sorti au cinéma le 20 avril 2017

Cage X Andrew Niccol – LORD OF WAR

Andrew Niccol est sans doute l’un des réalisateurs américains les plus talentueux, connu pour des films tels que Bienvenue à Gattaca1997 et The Truman Show1998. Cependant, lorsqu’il essaie de réaliser Lord of War2005, une satire cynique sur le trafic d’armes, il rencontre des difficultés pour trouver un financement. C’est grâce à la contribution de Nicolas Cage que ce long-métrage voit le jour et se révèle particulièrement réussi. Cage incarne une fois de plus un personnage dans une montée et une chute, mais son interprétation ambiguë et ironique d’un trafiquant d’armes rend ce rôle unique. Avec ce film, Cage se positionne également comme un acteur engagé contre les hypocrisies de la politique américaine, une thématique qui reviendra régulièrement tout au long de sa carrière, y compris dans son récent et excellent film The Runner2016. Il est indéniablement un acteur aux multiples facettes.

Lord of War d’Andrew Niccol, 2h02, avec Nicolas Cage, Ethan Hawke, Jared Leto – Sorti au cinéma le 4 janvier 2006

Cage X Cohen – ARIZONA JUNIOR

On a tendance à catégoriser les acteurs dans certains types de films, comme s’ils étaient obligés de se cantonner à un genre particulier. Pourtant, Nicolas Cage a certainement exploré tous les genres, de la comédie aux films d’horreur, en passant même par l’animation avec le magnifique Spider-Man : New Generation2018. Ainsi, en 1987, lorsque les frères Coen souhaitent réaliser une comédie pour se démarquer de leur précédent polar, ils ont la brillante idée de faire appel à notre acteur préféré. Et c’est tout simplement une idée de génie : Cage transforme cette comédie noire en une merveille de gags visuels. Dans ce film, il incarne un criminel amoureux qui kidnappe un bébé pour rendre sa fiancée heureuse. Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu. Arizona Junior1986 nous permet de voir à quel point il parvient à voler toutes les scènes en jouant avec son corps et l’espace. Chacun de ses dialogues est sublimé par sa présence scénique, une facette que l’on a tendance à oublier chez lui.

Arizona Junior de Joel Coen et Ethan Coen, 1h34, avec Nicolas Cage, Holly Hunter, Trey Wilson – Sorti au cinéma le 27 mai 1987

Cage X Coppola – PEGGY SUE S’EST MARIÉE

Nicolas Cage a souhaité se démarquer de la renommée de sa famille, les Coppola, en traçant sa propre voie dans sa carrière. C’est ainsi qu’il a adopté le nom d’un de ses héros de bandes dessinées préférés, Luke Cage. Malgré cette belle légende, l’acteur a déjà joué à plusieurs reprises pour son oncle. Dans Rusty James1984Vet dans le fantastique Cotton Club1985, l’un des meilleurs films de Coppola, que nous vous recommandons vivement de voir. Mais son premier rôle principal sous la direction de Coppola senior a lieu en 1986 avec Peggy Sue s’est mariée. Cage incarne le mari de Kathleen Turner dans cette comédie dramatique, qui devient tendrement émouvante dans le troisième acte. Ce film offre à Cage une fois de plus l’occasion de se montrer dans un registre original, puisqu’il chante et danse. Bien que nous semblions répétitifs, cet acteur nous impressionne par la diversité de ses talents et de ses nombreuses facettes.

Peggy Sue s’est mariée de Francis Ford Coppola, 1h40, avec Kathleen Turner, Nicolas Cage, Barry Miller – Sorti au cinéma le 7 janvier 1987

Cage X Cosmatos – MANDY

Alors qu’il se trouvait parmi les meilleurs acteurs de sa génération, Nicolas Cage a connu un gros passage à vide pendant quelques années, enchaînant les direct to video d’une qualité plus que douteuse. Il aura fallu attendre 2018 et un projet un peu fou pour que sa carrière redémarre et que ses projets redeviennent enfin intéressants. Le pitch ? Un revenge movie bien salé sur fond de heavy metal et groupuscules mi-humain mi-bestiaux. On ne sait pas trop où on va mais on y va d’un pied ferme et déterminé.

Tout se passait plutôt bien dans la vie de Red Miller et Mandy Bloom, un couple installé dans le Pacific Northwest dans les années 80 jusqu’à ce que cette dernière se fasse sauvagement assassiner devant les yeux de son mari. Il n’a plus qu’une idée en tête : se venger. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il met les petits plats dans les grands en exterminant un à un les membres de cette secte à coup de bataille de tronçonneuses, de faucille fabriquée et améliorée des mains de Nicolas Cage himself et de coups de cutter dans la carotide. Oui, Mandy ne fait pas dans la dentelle, et finalement on en attend pas moins.

Si la première partie du film se penche sur le kidnapping de Mandy après que Jeremiah Sand et sa bande aient sauvagement attaqué le couple dans leur maison sur fond de musique digne des meilleures colonies hippies, c’est surtout la seconde partie qui est totalement savoureuse. Mandy regorge déjà de scènes mythiques entre le pétage de plomb dans la salle de bain, le combat insensé à base de tronçonneuse ou encore cette bagarre improbable sur fond de film porno diffusé à la télé. Cerise sur le gâteau, la forme est tout aussi sous LSD que le fond – la boucle est bouclée. Son esthétisme et ses couleurs saturées ont de quoi piquer la rétine mais ce n’est que pour mieux jouer avec les codes du genre.

Couillu jusqu’au fond du slip, Mandy est un putain de morceau de cinéma que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

Margaux Maekelberg

Mandy de Panos Cosmatos, 2h01, avec Nicolas Cage, Andrea Riseborough, Linus Roache – Sorti au cinéma le 6 février 2019

Cage X Stanley – COLOR OUT OF SPACE

Les étoiles continuent de s’aligner pour Nicolas Cage puisqu’un an après Mandy, le voilà de retour dans un nouveau projet intriguant, l’adaptation cinématographique d’une nouvelle de H.P Lovecraft. Un pari osé quand on sait à quel point il est risqué d’adapter du Lovecraft sans dénaturer l’œuvre originale.

La famille Gardner vit dans une petite bourgade rurale à proximité d’Arkham. Une nuit, une météorite s’écrase dans leur jardin, provoquant un étrange halo de lumière. Petit à petit, la couleur qu’elle dégage contamine l’eau, les plantes, les animaux, mais aussi la famille elle-même, en proie à un mal indicible qui va rendre ses membres complètement fous…

Il est marrant de voir que l’esthétique de ce film se rapproche énormément de Mandy dans ses couleurs saturées qui semblent sorties d’une autre dimension (SpectreVision qui a produit Color out of a space a également produit Mandy, comme quoi). Malgré son budget très mince (environ trois millions de dollars), on sent toutes les tripes de Richard Stanley dans ce projet avec de vraies fulgurances visuelles, une ambiance poisseuse et mystérieuse qui infuse chaque plan et surtout un Nicolas Cage totalement engagé. On sent malgré tout une première partie un peu fébrile, le réalisateur ne sait pas encore trop où poser ses pions mais une fois la menace présente, le film décolle et s’offre de magnifiques moments aussi étranges que dérangeants.Le film vient piquer à vif dans les convictions et la chair (au sens propre) de cette famille qu’on voit se décomposer sous nos yeux. La jolie famille lambda américaine n’est plus, il n’en reste que des ruines.

Tout comme Mandy, Color out of space est une proposition de cinéma comme il s’en fait peu. Débordant de générosité, c’est dans son trop plein que l’œuvre trouve toute sa splendeur en rendant hommage à Lovecraft de la plus belle des manières.

Margaux Maekelberg

Color Out Of Space de Richard Stanley, 1h53, avec Nicolas Cage, Q’Orianka Kilcher, Joely Richardson – Sorti sur Prime Vidéo le 6 septembre 2020

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