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[RETOUR SUR..] Game of Thrones (Saison 4) – Le basculement de l’échiquier

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Par Arno Pigeault

Préambule

Cet article contient de nombreux spoilers. Dès lors, il est vivement conseillé d’avoir regardé la série pour apprécier au mieux la lecture. 

Tout le long de cet été, il s’agira de revenir à la manière d’une rétrospective sur chaque saison de la série aux mille merveilles, Game of Thrones. L’idée ici n’est pas totalement d’aborder la série d’un oeil critique mais également de se l’approprier comme une sorte de lettre d’amour faite par un fan, cela en revenant sur les points forts de la série en passant par les intrigues et ce que la série propose de mieux. Bonne lecture.


Nous voilà au pied de la quatrième saison de Game of Thrones, et pour la première fois au cours de la série, l’ordre des choses vont commencer à basculer. Les trois premières saisons tendaient à suivre un chemin assez linéaire et nocif pour les personnages dont nous nous sommes pris d’affection, et soudainement cette saison va remettre les cartes sur table. Cette quatrième saison est dense dans ce qu’elle entreprend de plus important et la première chose importante qui va se produire et qui va basculer la balance du bon côté, arrive dès le deuxième épisode. Nous avions connu un mariage il y a peu dans l’histoire de la série et qui avait connu un destin hautement tragique sous la mélodie des Pluies de Castamere, ce deuxième épisode connaît également un mariage, celui du sadique Joeffrey Baratheon et de la manipulatrice Margaery Tyrell. Comme les noces pourpres, tout un cadre est posé dans l’épisode qui y consacre un gros morceau, comme les noces pourpres le thème des Lannister, les Pluies de Castamere, est joué et sonne comme une vengeance méritée, et comme les noces pourpres mais dans une très moindre mesure, une personnage n’en ressortira pas vivant. C’est enfin là, le glas de la justice sonne enfin, nous assistons avec un certain plaisir cruel, qui est une façon de lui rendre hommage, l’empoisonnement farouche de Joeffrey. Dans la stupeur et la panique générale, les cloches sonnent, tout Port-Réal est en alerte, Sansa Stark est escortée pour fuir la capitale et dans les derniers instants de son agonie, le roi bâtard désigne, sous les yeux de Cersei, Tyrion comme coupable de son meurtre. La série met au point ici l’élément déclencheur de son intrigue la plus conséquente et un des plus appréciés de la série. Apprécié car en dépit de son geste, Joeffrey condamne injustement Tyrion qui devra alors surmonter tout un procès, et de fait, ce sera l’occasion pour nous d’assister à un grand moment de libération. En effet, il y a une intense scène de procès quatre épisodes après le mariage, et il s’agit de la déclaration de Tyrion qui est tout simplement jouissive car elle se dote d’une plus grande dimension puisque bien qu’il soit accusé pour régicide, c’est le procès de sa vie auquel il se démène. Tyrion Lannister est sans équivoque, ses mots résonnent à travers nous car il permet de se libérer de tout le poids éprouvant de la cruauté que la série nous faisait subir et qui était parfaitement personnifié à travers le personnage de Joeffrey. Pas si étonnant que ce moment de Game of Thrones soit tant apprécié.

Le procès de Tyrion ne se contente pas simplement de ce discours, il guide toute l’intrigue dans cette quatrième saison et promet encore des surprises, qu’elles soient bonnes ou, forcément, mauvaises. En effet, ce glas de la justice peut aussi faire sonner le glas de l’injustice. En se servant de cette intrigue, la série en profite également pour introduire une nouvelle famille importante, une famille qui régit un des sept royaumes de Westeros, il s’agit de la maison Martell qui s’établit dans les terres du sud dans la vaste région de Dorne. Cette introduction se fait plus précisément par le biais du personnage d’Oberyn Martell, frère du prince de Dorne. Venu en tant qu’invité du mariage du Lion et de la Rose, et désigné en tant que juge pour le procès de régicide, Oberyn tient une place importante dans cette intrigue, et fera office d’être le réceptacle de cette injustice. À l’issue du discours jubilatoire de Tyrion Lannister, celui-ci exige une ordalie par combat et Oberyn qui a des rancoeurs personnelles totalement légitimes, se dévoue pour être son champion. C’est là que nous arrivons dans le huitième épisode où la Vipère et la Montagne s’affrontent et où ce dernier est le champion de Cersei plus enragée que jamais par le meurtre de son fils, et croit Tyrion responsable. Mais ce sont bien les rancoeurs et le sentiment exacerbé de la vengeance qui aura eu raison d’Oberyn Martell. Tenant dans le creux de sa main le pouvoir de vie et de mort sur Gregor Clegane dit « La Montagne », et forçant les aveux des crimes passés que la Montagne a commis, celui-ci fait finalement ses aveux en écrabouillant d’une force surhumaine et d’une façon ahurissante la tête d’Oberyn. La série nous fait une énième leçon, celle qui promulgue que même dans le glas de la justice, son contraire pointe toujours le bout de son nez. Game of Thrones n’a de cesse de nous accorder du répit, et se montre toujours aussi surprenant dans la façon de faire mourir ses personnages. C’est le cas de le dire puisque dans le dernier épisode la saison, nous voilà confrontés dans le vent de la justice une fois de plus. Ce dernier épisode continue l’idée dans laquelle Tyrion a insufflé le combat de sa propre vie lors du procès qui va bientôt s’achever et qui va forcément donner une issue défavorable à Tyrion. Ne pouvant laisser faire cela, Jaime, avec l’aide de Varys, fait évader Tyrion de sa prison pour qu’il prenne ensuite la fuite de Port-Réal. Mais également ne pouvant laisser sa fierté de côté, il décide de faire un détour dans les appartements privés de son père, main du roi et juge en chef du procès. Père et fils se retrouvent ainsi, discutant de la place de Tyrion en tant que fils, et dans la famille. Mais le rejet de Tywin pour son fils est la raison de sa mort, tué par des traits d’arbalète, l’arme favorite du roi défunt. De fait, ceci donne ainsi un symbole plein de sens à toute l’intrigue depuis le début de la saison et qui nous aura tant pris en émoi de différentes manières, et finalement cela se conclut de manière théâtrale, sur le trône.

Un autre point est à aborder dans cette quatrième saison et cela se distingue au travers des filles Stark, Sansa et Arya qui évoluent, chacun avec une manière propre, dans leurs quêtes d’émancipation. Souvent depuis le début de la série, subsiste un parallèle dans les intrigues des filles Stark, mais ce parallèle est particulièrement intéressant qui, encore avec l’image caractéristique de la quatrième saison de la balance penchant enfin du bon côté, est marqué par la fuite de Sansa, se libérant ainsi des griffes de Joeffrey. Comme énoncé précédemment, l’aînée des enfants Stark a fui la capitale sous les manigances de Littlefinger. Aussi surpris qu’elle qu’il soit le commanditaire de cette exfiltration, c’est encore plus surprenant d’apprendre qu’il a également commandité l’empoisonnement de Joeffrey. De fait, nous voilà plongé dans l’émancipation de Sansa qui est enfin abordée dans la série mais sans pitié soit-elle, cette émancipation n’est que de façade. Elle fuit le lieu de tout ses malheurs, mais dans l’euphorie de son goût retrouvé de liberté, elle n’est pas consciente qu’elle est maintenant dans des nouvelles griffes, celles de Littlefinger, calculatrices et immergées dans l’ombre. Par la suite, son escapade au Val, le domaine de feu Jon Arryn et de sa veuve qui est la tante de Sansa, ne sera pas non plus une partie de plaisir, tout comme ce qui l’attend chez les Bolton auxquels elle va être bientôt confrontée. Croyant son émancipation réelle, elle refuse la protection de Brienne de Torth qui était mandatée par la regrettée Catelyn qui l’avait chargée de retrouver ses filles et aidée par Jaime Lannister en guise de juste retour des choses. Mais sous l’aile de Littlefinger, son émancipation réelle est donc retardée, alors que du coté d’Arya, elle sera actée. Son temps non négligeable passé avec Sandor Clegane dit « Le Limier » a fait d’Arya quelqu’un de dur face à tout ce qui l’entoure, elle a pu entrapercevoir au bout de son aiguille qu’à un filet du goût de la vengeance. Ils forment ensemble un duo aussi inattendu qu’appréciable, et quand ils croisent la route de Brienne, son émancipation devient alors une nécessité. Sandor et Brienne livrant une bagarre mémorable, agressive mais inutile car ils se battent tous deux pour protéger Arya, celle-ci décide plutôt de se protéger elle-même. Son embarcation pour la cité libre de Braavos auquel elle a un lien intérieur depuis la première saison, est la transposition de cet acte d’émancipation.

Enfin, du retour du côté des intrigues du feu et de la glace, les situations évoluent à leurs justes rythmes. En premier lieu, nous avons Daenerys qui dès le début de la quatrième saison, conquit à nouveau une cité esclavagiste et pas n’importe laquelle puisqu’il s’agit de Meeren, le siège des cités esclavagistes qui résident dans la baie des Cerfs. Cette nouvelle conquête comme lors de la saison précédente, acte Daenerys Targaryen comme une conquérante mais à l’instar de ses précédentes prises, Meeren sera l’occasion pour Daenerys du Typhon de s’exercer à la gouvernance. Soudainement, les arènes politiques viennent à elle et pose de suite un conflit d’ordre social entre d’un côté les maîtres dépourvus de leurs commerces et de leurs biens d’esclaves, et ceux-ci désormais libres. La cohabitation forcera Daenerys à se comporter comme une reine, comme ce qu’elle revendique depuis qu’elle est en lieu de revendiquer quoi que ce soit. Mais il sera aisé de remarquer que dans son cas, il est plus facile de conquérir que de gouverner. En second lieu, Jon Snow éprouve du rôle malvenu de celui qui est tiraillé par deux clans qui s’entretuent. Lors de la précédente saison, toute son intégration chez les sauvageons lui a permis de s’ériger comme défenseur de ces populations. Quand il est de retour à Châteaunoir et qu’il revêt de nouveau l’habit noir, il commence à prendre le parti des deux côtés et se met à agir en conséquences. Malgré qu’il dispose pas encore d’une influence suffisante, il arrive à faire un compromis en organisant un raid pour sauver les filles des mutins qui se sont emparé du manoir de Craster, il n’arrive pas à éviter la bataille de Châteaunoir entre la Garde de Nuit et les sauvageons. De là, Game of Thrones livre encore avec plus d’intensité que la dernière fois, une bataille prenante sans limites. Mais au-delà de ça, on y voit l’âme de commandant et le courage de Jon qui n’hésite pas à se placer en chef de guerre chez les veilleurs au rempart, puis l’épisode d’après, son où il n’hésite pas également à aller parlementer avec son supposé opposant. En outre, Daenerys et Jon héritent d’intrigues prenant de plus en plus de place.

Cette quatrième saison remplit à merveille sa fonction d’être une parfaite transition vers la seconde moitié de la série, car en plus de changer l’échiquier mis en place depuis la première saison, elle densifie la série à un point jamais atteint. Cela se vérifie par exemple avec certaines forces d’écriture de quelques personnages, notamment avec le personnage de Theon qui s’est vu tellement remodelé à la guise de Ramsay que lorsqu’une mission de sauvetage de Yara Grejoy, sa soeur, se produit, Theon voue directement son allégeance à son geôlier, tellement il est effrayé des représailles qu’il pourrait subir. Dans un autre cas, il y a également de la force de modération et de conseils avisés de Ser Davos que Stannis Baratheon s’approprient dans sa quête du trône à l’agonie car il est accompagné de Mélisandre qui emploie une politique beaucoup plus extrême. La première moitié de Game of Thrones s’achève dans le truchement de sentiments que nous avons à l’égard de la série avec toujours de la peur et de l’implication, et pour la première fois, un espoir qui peut être réellement envisagé. 

Games Of Thrones en intégralité sur OCS

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