46ᵉ FESTIVAL DE DEAUVILLE (2020)LES EXCLUSIVITÉS DU STREAMING

[CRITIQUE] Uncle Frank – Ode à la tolérance, la grosse pépite de Prime Vidéo !

Lauréat du prix du Public au festival de Deauville 2020, Uncle Frank s’est avéré être le feel-good de la compétition, le film qui a rassemblé tout le monde. Dans une société où tout le monde se déchire face à la différence, l’art permet à des créateurs de s’exprimer, d’envoyer des messages de paix et de tolérance afin de provoquer un déclic, un changement. Nous avons récemment évoqué le cas de Miss réalisé par Ruben Alves, qui lui aussi peut envoyer ce genre de message en traitant de la non-binarité au sein d’une cérémonie populaire. C’est ce Thanksgiving que sort Uncle Frank réalisé par Alan Ball. Autobiographie romancée de son réalisateur, le long-métrage réussira certainement à vous émouvoir.

Synopsis : En 1973, Beth, encore adolescente, quitte sa campagne natale pour aller étudier à l’Université de New York où enseigne son oncle Frank, un professeur de littérature réputé. Elle découvre rapidement qu’il est homosexuel et qu’il partage sa vie depuis longtemps avec son compagnon Wally ; une relation qu’il a toujours gardé secrète. Mais le jour où Mac, le patriarche grincheux de la famille, décède subitement, Frank est contraint de retourner auprès des siens, accompagné de Beth et Wally, afin d’assister aux funérailles. Durant le trajet, il doit confronter les fantômes de son passé et regarder sa famille en face une fois arrivé sur place. 

Jugement, émancipation et secret : reflet d’une époque encore actuelle 

A travers le personnage de Beth Bledsoe, joué par la souriante Sophia Lillis, nous allons progressivement découvrir les secrets de son cher oncle (Paul Bettany). Ce dernier brille dans ce qui pourrait être sa meilleure performance à ce jour. Lorsque nous arriverons à la saison des Oscars, c’est certain que la cérémonie va l’oublier, mais rien que son interprétation est un argument de vente pour voir ce long-métrage. Il rythme le récit intelligemment en propulsant chaque interaction avec d’autres acteurs au rang d’exemple. Alan Ball, showrunner de Six Fit Under et True Blood mais aussi scénariste du fabuleux American Beauty de Sam Mendes, arrive à envoyer une belle part de vérité dans son écriture. L’identification aux trois personnages est presque instantanée tant l’écriture et l’interprétation parviennent à être sincères. On nous décrit un quotidien encore actuel, un quotidien que la communauté LGBTQ+ vit encore sous l’oppression d’un jugement privé et/ou public, et ce, malgré de nombreuses œuvres, manifestations ou lois prônant la tolérance au sein du monde. Uncle Frank peut être un nouveau vecteur à cela, une œuvre qui peut éveiller, chez certaines personnes de cette communauté, l’envie d’assumer leur différence au sein du cercle familial, du monde.

Trip semi-lumineux, semi-pluvieux 

Éclairage orangé évocateur du feel-good Sundance, Uncle Frank suit les traces du Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris, et il ne s’en cache pas. Rythmé grâce à la bonne humeur de Sophia Lillis et de l’hilarant Peter MacDissi, le long-métrage ne cesse d’osciller entre le rire et les larmes, le bonheur et le déchirement, la prospérité et l’adversité, le tout avec une authenticité rare dans le genre. Cependant, on peut lui reprocher le côté peut-être trop expéditif du troisième acte. Après un petit quart d’heure, dont une sublime et larmoyante discussion avec la mère, le long-métrage se terminera presque instantanément sans forcément développer davantage. C’est regrettable. Ce troisième acte aurait surement mérité une dizaine de minutes en plus afin d’éviter cette frustration de chez le spectateur.

« Du cinéma à la casa« 

Uncle Frank, malgré quelques défauts de mise en scène, notamment le montage souvent trop brusque des scènes de flashbacks, inspire l’envie, expire la tolérance. Œuvre profondément juste grâce à une écriture sincère, Alan Ball réussit à fournir un film multi émotionnel, beau à travers un véritable édifice de cinéma. La situation est triste, mais le film arrive tout de même à être… « gay ».

https://youtu.be/QsNgR-dguhQ

Uncle Frank est disponible sur Prime Vidéo.

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Louan Nivesse

Rédacteur chef.

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