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[CRITIQUE] Umami – Cauchemar en cuisine

Dans le monde de la gastronomie cinématographique, certains plats peuvent être appétissants à première vue, mais se révéler totalement décevants une fois dégustés. C’est malheureusement le cas d’Umami2023, le dernier film de Slony Sow. Malgré un synopsis alléchant et quelques éléments positifs disséminés ici et là, cette comédie culinaire ne parvient pas à convaincre et laisse un goût amer dans la bouche du spectateur.

Umami2023met en scène Gabriel Carvin, un chef étoilé de renommée mondiale, dont la santé et la vie de famille se détériorent. Dans un acte de fuite désespérée, il décide de partir au Japon à la recherche d’un chef japonais qui l’avait vaincu lors d’un concours de cuisine il y a 40 ans. Ce voyage se veut une quête culturelle et culinaire, une opportunité pour Carvin de faire le point sur sa vie.

© Ingrid Mareski

Malheureusement, l’expérience de visionnage d’Umami2023 se révèle bien moins savoureuse que prévu. Tout d’abord, la lourde présence de Gérard Depardieu dans le rôle principal est difficile à ignorer. Malgré sa stature imposante, Depardieu n’a plus rien à prouver en termes de talent d’acteur. Pourtant, dans ce film, il se contente de jouer sa propre personne, donnant l’impression que le personnage de Carvin est un simple prolongement de sa propre personnalité. On ne peut s’empêcher de regretter la touchante performance qu’il avait livrée dans le film Maigret2022. De plus, les récentes accusations à l’encontre de Depardieu ajoutent une couche de malaise à cette prestation déjà décevante.

En ce qui concerne l’intrigue, l’idée de suivre un chef français au Japon aurait pu offrir des perspectives intéressantes. Malheureusement, le scénario d’Umami2023 se perd dans une série de clichés tant en France qu’au Japon. Les situations prévisibles s’enchaînent sans surprise, ne laissant aucune place à l’originalité ou à la subversion. Les personnages secondaires, interprétés par Bastien Bouillon et Rod Paradot, sont relégués au second plan et semblent presque inutiles, donnant l’impression d’être de simples silhouettes dans l’ombre du géant Depardieu.

En tentant de créer une atmosphère de mélancolie douce, le réalisateur Slony Sow échoue à captiver le public. Le message final du film, censé être émouvant, se révèle mièvre et tombe à plat, sans la moindre émotion sincère. De plus, l’empilage d’histoires familiales secondaires n’apporte rien de significatif à l’intrigue principale, donnant l’impression d’un scénario qui tente désespérément de remplir le vide avec des sous-intrigues sans intérêt.

© Ingrid Mareski

Enfin, la bande-annonce, qui passait en boucle au cinéma, a été une véritable épreuve en ce qui me concerne. Au lieu de susciter l’envie de voir le film, elle est devenue un élément agaçant qui amplifie la déception ressentie pendant la projection. L’esthétique fade et la réalisation sans relief donnent l’impression que ce film aurait été plus à sa place en tant que production d’une émission télévisée plutôt qu’en tant que long métrage diffusé au cinéma.

Umami2023 se révèle être une déception culinaire, manquant de piquant et de relief. Malgré quelques instants captivants au Japon, le film souffre d’un scénario fade, de performances médiocres et d’une réalisation sans inspiration. Les clichés et les personnages secondaires inutiles n’apportent rien de nouveau à l’histoire. Umami2023 laisse un arrière-goût amer, soulevant ainsi une question : quel sera l’avenir cinématographique de Gérard Depardieu, autrefois talentueux et désormais en perte de saveur artistique ?

Umami de Slony Sow, 1h31, avec Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Bastien Bouillon – Au cinéma le 17 mai 2023