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[CRITIQUE] Treize Vies – La sécurité humanitaire

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Par William Carlier

Le dernier morceau de cinéma que propose Ron Howard, réalisateur connu autant pour ses succès (Apollo 13, Rush, Un homme d’exception) que ses échecs cuisants, est un film touchant qui s’inscrit dans la continuité de ce que le cinéaste sait le mieux faire : mettre en scène un dialogue possible entre deux cultures différentes, nécessaire pour la survie de l’humanité. L’histoire est tirée de faits réels, puisqu’elle retranscrit avec minutie comme pouvait déjà le faire le documentaire thaïlandais The Rescue, l’opération de sauvetage de treize jeunes footballeurs dans la grotte de Tham Luang en Thaïlande. Il sera mobilisé plongeurs britanniques et thaïlandais pour réussir l’impossible, et ramener en vie ces garçons.

Première chose qu’il est importante de souligner, le réalisateur ne cesse de mettre en exergue ce qu’importe les treize vies à la fois pour le peuple thaïlandais, les plongeurs britanniques et le responsable national. Prenant le temps de filmer la nature et l’élément minéral d’extérieur, Ron Howard introduit progressivement la culture thaïlandaise dans son film, qui prend tout son sens alors que le sauvetage devient de plus en plus difficile. Il n’hésite pas alors à confronter plans larges aux plus près des corps, retranscrivant magnifiquement bien les sourires et regards inquiets d’un peuple décidément obstiné et prêt à tout pour sauver les siens. En même temps, Treize Vies se focalise sur la perspective, attendue certes, des plongeurs britanniques, sous pression des médias et du peuple, n’ayant pas droit à l’erreur. Jusqu’à l’anesthésie des jeunes garçons sous l’eau considérée pour illégale, ils prennent des risques considérables mais mesurés à la gravité de la situation.

The Rescue (La Grotte), de Jimmy Chin (III) et Elizabeth Chai Vasarhelyi

Colin Farrell et Viggo Mortensen réussissent leur duo attachant, incarnant deux personnages aux caractères opposés et pourtant complémentaires. Ce qui ne semble être pour eux qu’une affaire de détails revête un caractère spectaculaire pour le peuple thaïlandais, bien retranscrit dans le film. Quant aux scènes sous l’eau, Ron Howard met de la distance avec les plongeurs pour retracer le parcours de chaque partie du circuit établit sur un plan avec des coordonnées précises. Ainsi, nous voyons les parties du trajet au fur et à mesure du film, sous plusieurs ellipses. C’est un procédé qui est intéressant, puisque le spectateur ne sait véritablement jamais à quoi nous attendre lorsque les personnages y sont confrontés. La tension est amenée scène après scène, bien appuyée par le travail sur le son qui est à souligner.

Mais là où le film surprend véritablement, c’est dans l’aspect presque documentaire que l’on pouvait déjà retrouver dans The Rescue, à filmer plus que tout la solidarité entre hommes et cultures. La musique est peu utilisée, mais toujours aux justes moments lorsque l’émotion submerge les personnages. Plutôt que de mettre en scène le drame terrible de l’après-sauvetage, soit les plongeurs thaïlandais mourant d’une infection contractée pendant le sauvetage, le réalisateur américain préfère le clôturer sur le soulagement du pays. Et en même temps, le retour à la vie normale, un peu trop rangée des plongeurs britanniques laisse à désirer. Peuvent-ils apporter autant de choses à leurs fils chez eux ? Une belle fin qui ne joue pas dans le pathos.

Treize Vies est une réussite que l’on attendait plus dans ce registre pour Ron Howard, qui confirme un retour évident du réalisateur. Tout n’est pas complètement abouti si l’on en vient à repenser quelques points de l’intrigue, légèrement prévisibles. Mais peut-on vraiment lui reprocher de conserver la trame narrative classique, lorsque celle-ci fut elle-même réelle ? Le plus important c’est la manière de raconter la chose, et sur ce point le cinéaste filme l’opération pour ce qu’elle était : un moment de soutien rendant honneur au courage de tous, croyants de la communauté internationale.

Note : 4 sur 5.

Treize Vies sur Amazon Prime Video le 5 août 2022.

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