Pour Wes Craven.
Une des premières phrases de ce nouveau Scream est « C’est encore Wes qui t’appelle ? ». Mais cette fois le jeu a changé, plus de Wes Craven pour diriger ce nouveau volet de la saga horrifique. A la place du maitre de l’horreur on trouve un duo de réalisateur composé de Tyler Gilett et Matt Betinelli-Olpin. Et avant même la sortie du film j’avais trouvé cela très rassurant tant le duo sait parfaitement travailler ensemble sur le genre. Leurs segments sur V/H/S ou 666 Road étaient inventif et maitrisé tandis que leur très récent Wedding Nightmare est un des très grands films d’horreur de l’année 2019. Un superbe survival venant déconstruire (comme régulièrement dans le genre) la famille américaine. Leur arrivée sur ce projet d’un nouveau Scream, après le décès de Wes Craven qui avait pourtant initié le projet, m’a alors plu, tant les deux cinéastes sont des étoiles montantes de l’horreur américaine. Ma première inquiétude est apparue lorsque Kevin Williamson, le scénariste historique de la saga qui avait d’ailleurs écrit plusieurs jets pour ce nouvel épisode, s’est mis un poil en retrait du projet pour devenir producteur du film. Le nouveau scénario est alors réécrit par James Vanderbilt (Zodiac et The Amazing Spider-Man 1 et 2) et Guy Busick. Ce nouveau volet de Scream était donc un projet difficile à réaliser et qui a était muri pendant plusieurs années, mais est-ce un pari réussi ?

King is back
Scream divise. Ce nouveau volet est unanimement apprécié par les critiques américaines tandis qu’en France l’accueil a était bien plus froid. Un accueil qui selon moi n’est absolument pas mérité, je comptais passer Scream j’avais envie d’aborder un point important avec vous : les attentes que l’on a d’un film. C’est un facteur extrêmement important qui influe sur notre critique et notre perception de l’œuvre en question. Quelles étaient donc mes attentes sur Scream ?
Récemment, dans une scène de Matrix Ressurections, une équipe de développeurs se demandaient (de manière extrêmement méta) que représente les anciens films Matrix pour eux. Ils évoquent alors entre eux ce qu’est la trilogie originale pour les fans : des scènes d’actions impressionnantes, des réflexions philosophiques et de grandes métaphores sur la technologie et la transsexualité. Faisons donc la même chose avec Scream et demandons-nous qu’est-ce que Scream ? Scream c’est avant tout une saga qui a relancé la mode des slashers en jouant avec leurs codes originaux. Une saga ou les personnages connaissent les films du genre comme Halloween ou Vendredi 13 mais malgré tout ils ne peuvent échapper au massacre. Ce sont donc des films métas mais qui savent pourtant rester de bons slashers : les personnages ont beau connaitre les règles du jeu, ils continuent pourtant de perdre encore et encore. Si j’aime autant les Scream c’est parce qu’ils réussissent justement à nous mettre à la place des personnages. On cherche l’identité du tueur avec eux, on essaye de repérer d’où va venir la prochaine attaque et surtout où se cache l’assassin. La mise en scène et les effets sonores font du film un jeu macabre, ou l’on observe de manière paranoïaque les portes et les fenêtres près des personnages. On a beau savoir ce qui peut arriver Scream arrive à nous surprendre, à faire peur. En plus de cela Scream était différent des autres de séries de Slashers car elle se détachait du tueur mythique comme peuvent l’être Freddy, Michael ou Jason. Ici ceux qui restent de films en films ce sont les protagonistes et notamment la figure de Final Girl qu’incarne Sidney. Les figures de Final Girl, littéralement la dernière survivante, elles sont légion dans le cinéma de genre : Ripley dans Alien ou notamment Laurie Strode dans Halloween mais Sidney Prescott de Scream a toujours eu une force particulière. Elle lutte contre les tueurs et réussira même à en tuer plusieurs. Scream ce sont également des personnages qui évoluent au fil des films, avec qui l’attachement est naturel comme la journaliste Gale Weathers qui devient de plus en plus altruiste, tandis que son compagnon le shérif Dewey deviendra lui de plus en plus courageux. Scream c’est un mélange complexe et le reproduire n’est pas une chose facile, alors j’étais inquiet pour ce nouveau volet. Et pourtant j’en ressors conquis.

Un nouveau shérif en ville
Les voila donc mes attentes pour ce nouveau volet : un pur slasher jouant pourtant avec les codes du genre, et du teen-movie. Un whodunit ou l’on est sans cesse a la place des personnages, une pointe de méta et une dose de mes personnages préférés. Je n’attendais pas du film qu’il réinvente la saga, j’attendais seulement de lui qu’il la poursuive. Alors Scream tient-il ses promesses ? Tout d’abord en tant que Slasher il se tient extrêmement bien. Un bodycount élevé ou les meurtres s’enchainent, de façon parfois très graphique, notamment lors de cette scène ou un couteau traverse lentement la trachée d’un personnage. Scream revient à des meurtres brutaux et violent, qui s’enchainent de manière fatale sur les personnages. Piégé a l’intérieur du film avec eux on passe notre temps à observer si le tueur se cache derrière chaque porte de réfrigérateur, de garage ou de douche. « Tu connais les règles pourtant ! Prends le pouvoir » dis un personnage aux protagonistes du faux-film STAB. Pourtant ce message s’adresse également à deux autres niveaux de lectures : aux personnages du film Scream et aux spectateurs de ce dernier. On a beau essayer de se préparer a tout, on finit pourtant par se faire surprendre encore et encore. Ce nouveau volet de Scream est un slasher violent et généreux.

“Mais non je ne veux pas vos putains de calendriers !”
Sa dimension teen-movie est moins travaillé que dans les précédents films mais il réussit tout de même à présenter une galerie de personnages facilement identifiables, presque caricaturaux. Mais c’est justement ce qu’on attend d’un Scream : des archétypes de petit ami gentil, de grand sportif un peu idiot, une fan de film d’horreur, etc… Et le retour des anciens personnages est réussie, mais surtout logique. On est heureux de les revoir, ils ont appris de leurs erreurs et ont donc bien plus de chances de survivre à ce massacre. Pourtant ce nouveau volet de Scream n’est pas là pour être tendre avec notre nostalgie : il va les mettre en danger, et ne pas se contenter de les faire figurer ici et là. On pense au personnage de Dewey qui va avoir une de ses plus belles scènes dans cet opus (son thème principal étant toujours aussi plaisant à écouter). Scream n’est pas un film tendre et il en est conscient. D’ailleurs il l’est même un peu trop, son côté méta est cette fois-ci a la fois trop appuyé et pourtant pas assez approfondi. Il vient sans cesse nous expliquer les décisions des scénaristes et des réalisateurs alors qu’il n’en a pas besoin. Il sait être parfois juste, notamment lorsqu’il explique les différences entre les slashers classiques et des films d’ambiances récents comme « Hérédité », « It Follows » ou « Babadook ». Pourtant il est moins juste lorsqu’il tente de parler des attentes des fans, presque trop lourd et surtout trop explicite pour un film qui parle sans cesse d’avancer masquer.

13 reasons why I shouldn’t be here
Ce nouveau volet souffre de plusieurs défauts comme l’utilisation absolument ignoble d’un « revenant » en CGI qui n’est pas du tout crédible. Ou encore des incohérences comme le jour et la nuit qui s’interchangent entre deux scènes comme s’il n’y avait rien d’étrange ? Et on se demande comment de telles erreurs ont pu atterrir dans une salle de cinéma. Mais malgré tout je l’aime beaucoup ce volet. Voir des personnages attachants retourner là ou tout à commencer, pour essayer d’en finir. Assister à un véritable slasher ou les meurtres s’enchainent sans fin. Enquêter avec les personnages pour trouver ou se trouve l’assassin. Et surtout revoir Sidney et Ghostface après tant d’années. Scream version 2022 vaut le coup rien que pour ses répliques badass comme « Maintenant bienvenue dans le troisième acte » ou ce fameux « Bonsoir Sidney ». Pendant deux heures on est avec les personnages au sein même de Scream, à connaitre les règles du genre sans pouvoir stopper le massacre. Je suis heureux de t’avoir retrouvé Scream et j’espère te dire à bientôt pour un sixième volet.
⭐⭐⭐⭐
Note : 4 sur 5.P.S : Louan à adorer le film mais suite a un gage qu’il a perdu il va essayer de vous dire le contraire en dessous de cette critique. Ne l’écoutez pas et foncez voir ce superbe slasher en salles dés cette semaine. Trouverez vous Ghostface avant qu’il ne vous trouve ?
Avis de la rédaction
Louan N.
Un film comme Scream a ses atouts. Certains dialogues sont assez rapides pour amuser et susciter un petit rire ici et là. Les quelques rappels aux films précédents sont efficaces sans pour autant faire de la lèche. En ce qui concerne le nouveau casting, Brown trouve le ton sur lequel personne d’autre ne semble pouvoir mettre le doigt et Madison, quand on lui donne suffisamment de temps, a une énergie décalée qui annonce quelque chose de meilleur pour elle et pour le film. Mais critiquer quelque chose ne veut pas dire s’en désengager. Vouloir un film qui nous immerge dans la culture dans laquelle ces personnages (et nous-même) vivons, ce n’est pas rejeter une idée. C’est l’ADN de Scream. Plus important encore, demander à ce que l’on tienne compte de la façon dont on modifie cette histoire, c’est demander le respect. C’est avoir besoin de temps pour appréhender et traiter les moments les plus difficiles qu’il nous offre, et non pas se contenter d’une physionomie de base. Il ne s’agit pas de l’exiger. Scream n’est pas un mauvais film. C’est, cependant, un cas où la médiocrité est le pire des péchés. Pour une franchise dont le but est de s’adapter à un paysage médiatique qui engendre la désillusion, produire quelque chose comme ça, ça fait particulièrement mal.
⭐⭐
Note : 2 sur 5.Actuellement au cinéma avec Neve Campbell, Courtney Coxx, David Arquette, Jack Quaid, Jenna Ortega, Dylan Minette et bien d’autres…
Scream au cinéma le 12 janvier 2022.