[CRITIQUE] Sans Un Bruit 2 – La Guerre des Silences

Sans un bruit a démontré que même les concepts les plus familiers peuvent être métamorphosés en un film d’horreur efficace. Le scénariste, réalisateur et acteur John Krasinski a dépouillé le film de créatures jusqu’à sa quintessence, évoquant l’esprit de Steven Spielberg en se focalisant sur la détresse intime d’une famille tentant de survivre à une invasion apocalyptique, chargée d’une intense émotion, bien que parfois atténuée par une musique envahissante aux moments inopportuns. Krasinski a déployé des techniques de frayeur raffinées et une utilisation inventive du son pour créer un film d’horreur tendu, captivant le public. Le film, bien conçu, offrait une histoire tendue et autonome, suffisante pour se suffire à elle-même. Pourtant, Krasinski démontre à nouveau son talent pour raconter des histoires dynamiques, et Sans un bruit 2 s’appuie sur le premier film de manière surprenante, intime et sophistiquée.

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Après un prologue palpitant ramenant le spectateur au jour funeste de l’arrivée des extraterrestres, cette suite reprend immédiatement après que la famille Abbott – la matriarche déterminée Evelyn (Emily Blunt), sa fille sourde Regan (Millicent Simmonds), son fils terrifié Marcus (Noah Jupe) et un nouveau-né – a découvert que ces créatures carnivores sont vulnérables aux retours audio à haute fréquence, et a abattu le monstre qui a tué leur père, Lee (Krasinski). N’ayant pas de temps à perdre, la famille cherche un nouvel abri, se dirigeant vers un feu au loin, signe apparent d’autres survivants. Derrière ce signal se trouve Emmett (Cillian Murphy), ancien ami de Lee, devenu amer après la perte de sa famille. D’abord réticent, Emmett accepte de garder les Abbott pour une journée seulement. Cependant, Marcus et Regan découvrent un signal secret sur la radio d’Emmett, jouant en boucle “Beyond the Sea“, provenant d’une île proche. Regan élabore immédiatement un plan pour transmettre le retour haute fréquence de son appareil auditif à travers les radios du pays, permettant ainsi à quiconque de combattre les créatures. Face à l’opposition de Marcus, elle part seule dans cette quête. Evelyn, réalisant l’absence de Regan, supplie Emmett de la retrouver. À contrecœur, il s’exécute, et Regan le convainc de se joindre à elle. En une journée, ils doivent atteindre la tour, tandis qu’Evelyn et Marcus luttent pour leur survie contre de nouvelles créatures rôdant autour de leur refuge.

Bien qu’il ne soit pas aussi “original” que son prédécesseur, il est indéniablement plus intense, nous plongeant instantanément dans une atmosphère angoissante. Krasinski nous donne l’impression que pas un seul jour ne s’est écoulé depuis le premier film. Sa mise en scène subtile prépare chaque scène de manière à captiver complètement l’audience, semblable à la fascination suscitée par La Guerre des Mondes de Spielberg. Krasinski excelle à jouer avec les attentes du public, manipulant les sons quotidiens pour créer une tension palpable. Le travail sonore, notamment dans le prologue, est magistral, chaque bruit quotidien devenant un présage du chaos imminent. Krasinski utilise habilement l’alternance des perspectives sonores entre les entendants et la sourde Regan, un procédé génial pour générer du suspense.

Sur le plan technique, c’est un triomphe. L’intrigue, bien que séparant les Abbott et perdant ainsi la dynamique familiale du premier film, demeure touchante grâce à sa thématique centrée sur les enfants qui héritent d’un monde en ruine et développent leurs capacités à se défendre. La maturité forcée de Regan et Marcus, dans un monde sans leurs parents pour les protéger, est traitée avec une sensibilité émouvante. Cette évolution culmine dans une fin magistralement montée, montrant leur émancipation des peurs qui les ont trop longtemps dominés. La partition émotive de Marco Beltrami sublime cette conclusion, préparant le terrain pour le prochain chapitre du conflit des Abbott avec les extraterrestres.

Sans un bruit 2 se distingue parmi les rares suites d’horreur réussies, fusionnant suspense et sentimentalité avec une alchimie presque magique. Si la troisième partie, dirigée par Jeff Nichols, s’avère aussi propulsive et bien scénarisée que ce deuxième opus, Sans un bruit pourrait devenir l’une des trilogies les plus emblématiques de ces dernières années, établissant un nouveau standard pour les suites de films d’horreur.

Sans un bruit 2 de John Krasinski, 1h37, avec Emily Blunt, John Krasinski, Cillian Murphy – Au cinéma le 16 juin 2021

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