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[CRITIQUE] Prey – Dan, un chasseur qui sait ce qu’il fait

Lorsque Shane Black a fait son retour dans la franchise Predator, cette fois en tant que réalisateur de The Predator en 2018, les espoirs étaient de taille pour que le film soit à la hauteur des promesses de l’original. Malheureusement, ces espoirs ont été rapidement anéantis par un épisode désordonné qui n’a pas réussi à capturer ce qui rendait le film de John McTiernan si mémorable. Relégué à la poubelle des suites défectueuses, il est apparu qu’un autre monstre hollywoodien allait être flagellé à mort dans des sorties médiocres. C’était sans compter sur le cinéaste Dan Trachtenberg. Après son film à succès de 2016, 10 Cloverfield Lane, il nous a fait miroiter l’année dernière la perspective d’un nouveau film Predator se déroulant 300 ans dans le passé, au sein d’une tribu Comanche.

Centré sur Naru (Amber Midthunder), une jeune femme de la tribu qui espère devenir une redoutable chasseuse, nous la suivons alors qu’elle est lancée dans un jeu de mort ou de meurtre avec un ennemi invisible. Non contente d’être envoyée à la recherche de nourriture et de plantes médicinales, Naru pense être prête pour la Khutaamia (la grande chasse) lorsqu’elle voit des lumières dans le ciel, qu’elle décrit comme « l’oiseau tonnerre ». Cependant, les doutes de sa tribu, notamment de son frère Taabe (Dakota Beavers), la laissent frustrée. Il lui dit qu’elle doit chasser quelque chose qui la chasse. Et il ne faut pas longtemps avant que ce soit exactement là qu’elle se trouve. Seulement, ce n’est pas un puma ou un loup qui rôde dans les plaines, c’est une créature d’un autre monde, envoyée sur Terre pour sa propre chasse. En remontant la chaîne alimentaire, nous voyons le Predator rassembler des trophées dans une démonstration sans faille de ses capacités de prédateur ultime. Mais la détermination de Naru à être reconnue pour ses propres compétences donne lieu à un jeu tendu, souvent brutal, du chat et de la souris.

Le réalisateur Trachtenberg, avant tout, comprend ce qui rend un film Predator efficace. Il ne s’agit pas d’action à fond la caisse et de gros bras. Il s’agit de construire un monde tangible avec des personnages auxquels on peut s’attacher. Il donne le ton dès que nous rencontrons Naru, sa famille et sa tribu. C’est une jeune fille qui cherche à se faire une place dans un monde où les hommes se considèrent comme les chasseurs et les femmes comme les cueilleuses. À toutes fins utiles, il s’agit d’un conte sur le passage à l’âge adulte qui prend de grandes mesures pour revigorer une franchise en perte de vitesse. L’interprétation de Naru par Midthunder est le cœur battant du film, car nous voyons son personnage passer d’une adolescente hésitante à une chasseuse, grâce à un merveilleux moment de prise de conscience qui fera bondir les spectateurs de joie. Elle nous donne une héroïne qui n’accepte pas de réponse négative et qui est aussi badass que Ripley ou Sarah Connor, mais au lieu de mitrailleuses et de fusils à impulsion, elle a un tomahawk au bout d’une corde et un arc et des flèches.

Le film est imprégné d’une atmosphère, et plus particulièrement de certains éléments de décor magnifiquement conçus. Une poursuite dans les hautes herbes est tendue, tandis qu’une bataille dans une forêt couverte de cendres est à la fois palpitante et brutale, les colons européens étant déchiquetés d’une main de maître. Ce Predator a une allure qui lui donne une personnalité bien à lui. Il se débarrasse de tous ceux qui se mettent en travers de son chemin avec flair et panache et il reste imposant sans être la bête maladroite et lourde de The Predator, heureusement. Et tout cela culmine dans un climax fascinant qui oppose le chasseur et le chassé. Une mention spéciale doit également être accordée à la compositrice Sarah Schachner. Connue pour son travail sur des jeux tels que Call of Duty : Modern Warfare et Assassin’s Creed Origin et AC Valhalla, ses compositions et ses notes font planer le danger sur le film de Trachtenberg, capturant parfaitement le plaisir de la chasse. Il s’agit d’une partition entraînante dont les notes ajoutent de la texture au monde. On ne peut pas sous-estimer ce que Trachtenberg a fait. Il a pris un monstre hollywoodien bien-aimé qui avait perdu ce qui le rendait menaçant et lui a insufflé une nouvelle vie.

Prey donne au film original toute sa valeur. Il est court (un peu plus de 90 minutes) et épuré. C’est tout ce qu’un fan de Predator peut attendre d’une suite (ou d’une préquelle, en l’occurrence) et bien plus encore.

Note : 4 sur 5.

Prey sur Disney+ le 5 août 2022